L’AFO vante les avantages économiques de la francophonie au gouvernement Ford

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin.
Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin. Archives ONFR+

OTTAWA – Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin a profité des consultations prébudgétaires, ce mercredi à Ottawa, pour insister sur l’avantage du bilinguisme pour stimuler l’économie, tout en demandant au gouvernement de maintenir les services en français en place.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

La date du budget provincial a beau ne pas être encore connue, dans les coulisses, c’est l’inquiétude chez les Franco-Ontariens. Plusieurs redoutent que si d’importantes décisions ont pu toucher la communauté franco-ontarienne dans un simple énoncé économique, des compressions plus drastiques puissent être annoncées dans le premier budget de l’ère Ford.

Le président de l’AFO, Carol Jolin, espère toutefois que les manifestations massives du 1er décembre auront eu un impact.

« On a envoyé un message fort le 1er décembre et on va continuer à l’envoyer parce que le dossier du Commissariat aux services en français n’est pas réglé. Quant à celui de l’Université de l’Ontario français, il y a une ouverture du fédéral. On espère que le gouvernement provincial va formuler une demande auprès d’Ottawa. »

L’AFO demande donc au gouvernement de développer, « dans les plus brefs délais », un cadre financier pour la mise en œuvre de l’Université de l’Ontario français (UOF), « qui pourrait inclure une contribution fédérale pouvant financer entièrement les quatre prochaines années de l’institution, des investissements du secteur privé et toute autre aide financière ».

Lentille francophone

Conscient de la rhétorique gouvernementale, le président de l’AFO a adapté son discours. D’abord, en demandant que l’atteinte de l’équilibre budgétaire, souhaité par les progressistes-conservateurs, se fasse dans le respect de la Loi sur les services en français.

« En adoptant une perspective francophone dans la révision et la création de programmes, nous voyons d’excellentes occasions de rendre les services en français plus performants », a-t-il  argumenté devant les députés.

Et de poursuivre en entrevue avec #ONfr : « On a eu notre « jeudi noir », le 15 novembre, et on veut s’assurer que toutes les décisions qui seront prises maintenant tiendront compte de la perspective francophone et de leur impact sur les Franco-Ontariens. C’est important pour nous de s’assurer que les services en français sont maintenus et se développent et que nos institutions prospèrent. »

Et face à la volonté gouvernementale de réformer le système de santé, l’organisme milite pour le maintien de l’objectif d’améliorer l’accès aux services de santé en français « en préservant la gouvernance communautaire des entités de planification de services de santé en français, tout en leur octroyant un mandat clair et des ressources additionnelles ».

« Ce n’est pas une question identitaire, c’est une question de sécurité, de donner le bon diagnostic, car si ce n’est pas le cas, ça coûte cher humainement aux patients et financièrement à la province », dit M. Jolin.

Discours à saveur économique

Signe des temps, le président a multiplié les arguments économiques pour valoriser la communauté franco-ontarienne devant le Comité permanent des finances et des affaires économiques. Une manière de parler le langage qui prédomine désormais à Queen’s Park.

« Le prochain budget provincial représente une bonne opportunité d’établir un partenariat productif avec la population franco-ontarienne afin de construire l’Ontario de demain, un Ontario pour les gens. L’avenir économique de notre province dépend en partie de sa capacité à saisir son avantage francophone et bilingue », a plaidé M. Jolin.

Citant le Conference Board du Canada, le président de l’AFO a rappelé que, selon une étude parue en 2013, intitulée Le Canada, le bilinguisme et le commerce, le bilinguisme aurait rapporté 12 milliards $ au Québec et au Nouveau-Brunswick en activités économiques en 2011, dont 9 milliards $ directement reliés à la connaissance du français.

« C’est un gouvernement axé sur l’économie et les francophones ont un rôle important à jouer. Il y a 1,5 million de personnes pouvant s’exprimer en français en Ontario. Le Conference Board du Canada nous a confirmé qu’il y a un potentiel important dans notre province, mais pour l’instant, il n’est pas exploité. »

Raison pour laquelle l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens préconise d’affecter deux ressources à temps plein pour travailler sur les dossiers de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en vue de renforcer les liens économiques avec les pays francophones et de créer des partenariats afin de hausser le nombre d’immigrants francophones en Ontario. L’AFO recommande également que le ministère du Développement économique, de la Création d’emploi et du Commerce propose des initiatives stimulant les entreprises sociales, privées et coopératives et l’entrepreneuriat franco-ontarien, tant au niveau local, régional, provincial qu’international.

Des recommandations en art et culture

L’AFO formulera d’autres recommandations en justice et en arts et culture dans un mémoire qui sera remis au comité prochainement. Celles-ci devraient rejoindre celles de l’Alliance culturelle de l’Ontario (ACO), qui était également devant le comité, ce mercredi en matinée. Face aux députés, l’organisme franco-ontarien a insisté sur les retombées économiques des arts, de la culture et des loisirs.

« Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, le secteur des arts et de la culture représente 27,5 milliards $, soit 3,7 % du PIB [Produit intérieur brut] de la province et près de 287 000 emplois », ont expliqué la secrétaire-trésorière de l’ACO, Marie Ève Chassé, et le coordonnateur général, Denis Bertrand.

Après les annonces de coupures des dernières semaines, l’ACO demande que les subventions accordées au Conseil des arts de l’Ontario et à Ontario créatif soient maintenues au niveau de 2018 et que le budget de la Fondation Trillium demeure au niveau du début de 2019.


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