L’arrivée d’un premier ministre francophone réjouit les Franco-Manitobains
L’élection de Wab Kinew à la tête de la province du Manitoba est bien vue par la francophonie manitobaine, qui estime qu’il sera un interlocuteur clé pour faire avancer l’accès aux services en français notamment dans le domaine de la santé.
Wab Kinew est aussi devenu le premier autochtone issu d’une Première Nation à gouverner une province. Au niveau francophone, il s’agit d’une première à ce poste alors qu’entre 2009 et 2016, le chef néo-démocrate Greg Selinger conversait dans la langue de Molière, étant le représentant de la circonscription la plus francophone de la province, Saint-Boniface avec près de 11 % de francophones. Ce n’était pas le cas pour les deux successeurs de M. Selinger, deux chefs progressistes-conservateurs, Brian Pallister et Heather Stephenson, qui a annoncé hier qu’elle démissionnerait de son poste de cheffe.
M. Kinew marque aussi l’arrivée d’un premier ministre francophone hors Québec, ce qui n’était pas le cas depuis le départ de Jason Kenney en octobre 2022 en Alberta. Le chef néo-démocrate reste le seul premier ministre provincial, hormis François Legault, à pouvoir s’exprimer en français.
« Notre province est une province bilingue et pour moi c’est très important de toujours regarder notre patrimoine comme Manitobain, mais aussi de marcher vers l’avenir. Pendant toute la campagne, j’ai dit que je voudrais être un premier ministre qui voudrait engager avec la francophonie dans votre langue maternelle », a commenté M. Kinew en conférence de presse dans un excellent français au lendemain de sa victoire.
Ce dernier a affirmé que lui et son député néo-démocrate dans Saint-Boniface, un Franco-manitobain, Robert Loiselle travailleraient main dans la main à livrer des services dans la langue française en santé et en éducation, a-t-il énuméré.
« On veut inclure la francophonie dans notre gouvernement », a affirmé celui qui parle ojibwé en plus des deux langues officielles du pays.
La Société de la francophonie manitobaine (SFM) note au lendemain de cette victoire qu’il y aura plus de visages francophones au sein du gouvernement, se réjouit son directeur général, Daniel Boucher.
« Avoir un premier ministre qui parle français, c’est évidemment un atout. C’est quelque chose qui est important pour nous. Ce n’est pas le seul facteur, mais ça va aider », reconnaît-il.
La santé, la priorité de tous
Ce dernier cite l’accès aux soins de santé en français comme un enjeu clé pour les Franco-Manitobains. En 2017, le gouvernement progressiste-conservateur avait adopté la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine venant renforcer certaines obligations de services gouvernementaux en français. La Loi de façon générale « aide », mais il y a encore beaucoup à faire pour assurer le respect de la mise en œuvre de celle-ci, note la SFM, principalement dans le système de santé.
On doit donner un coup de barre (en santé) pour assurer davantage de services en français », affirme son directeur général Daniel Boucher.
C’est un enjeu qui a aussi résonné à l’échelle provinciale. 54 % des Manitobains identifiaient durant l’élection, la santé comme l’enjeu principal en arrière du coût de la vie. Wab Kinew était aussi vu comme le meilleur candidat par 40 % des Manitobains pour s’attaquer à cet enjeu, selon les données de la firme de sondage Angus Reid. Le premier ministre a d’ailleurs souligné que « guérir le système de santé sera une de nos priorités, la plus grande ».
« Ce que les autochtones veulent, c’est la même chose que le reste de la province, c’est-à-dire une meilleure qualité de santé et une vie plus abordable. Comme membre d’une Première Nation, on a vécu des défis dans le système de santé, c’est l’une des raisons qui m’ont poussé à lancer ma carrière en politique. »
Parmi les demandes au nouveau gouvernement de la part des Franco-Manitobains : le retour d’un service en français auprès de la ligne téléphonique d’info-santé du gouvernement, perdu durant la pandémie et d’une cible en immigration francophone. Des priorités dont les néo-démocrates se sont montrés favorables, indique M. Boucher
« Notre travail, ça va être maintenant de s’asseoir avec eux et de commencer à travailler sur la mise en œuvre et de faire en sorte que ces priorités-là soient respectées. On est quand même optimiste, car on commence quelque part avec des promesses électorales… Maintenant, ils doivent passer à l’action, mais on est optimiste qu’ils vont passer à l’action. »