Le bac en éducation devient réalité à l’Université de l’Ontario français

Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – L’Université de l’Ontario français (UOF) a obtenu le précieux agrément de l’Ordre des enseignants de l’Ontario pour offrir un bac en éducation. La première cohorte à temps plein ouvrira en septembre prochain. Les inscriptions à temps partiel sont possibles dès cet hiver.

L’institution franco-torontoise ajoute ainsi un cinquième parcours à ses programmes de formation initiaux que sont Études des cultures numériques, Études de la pluralité humaine, Études de l’économie et de l’innovation sociale et études des environnements urbains.

Une quarantaine d’étudiants pourront s’inscrire à temps plein, en septembre 2023, à ce nouveau bac pour lequel l’UOF a obtenu une autorisation ministérielle d’une durée de sept ans. Et dès janvier prochain, il sera possible de s’inscrire à temps partiel. Près d’une vingtaine d’étudiants auraient manifesté cette intention, tandis que d’autres suivent déjà des cours en éducation par le biais de micro-certificats.

« Les étudiants à temps plein suivront des cours en continu jusqu’à dix sessions consécutives et, 16 mois plus tard, ils seront certifiés, tandis qu’à temps partiel, ils suivront des cours du soir, les fins de semaine, quand ils sont libres », précise Luc Blanchette, directeur des services académiques.

Paulin Mulatris, vice-recteur aux études et à la recherche de l’Université de l’Ontario français. Source : UOF

Alors que la province fait face à une importante pénurie de personnel scolaire, cette formation doit permettre aux étudiants de développer les connaissances et compétences requises à une carrière d’enseignant en contexte minoritaire francophone.

« Ça va non seulement élargir la gamme de nos programmes mais aussi et surtout répondre à un besoin de la communauté dans un secteur en forte demande », estime Paulin Mulatris, vice-recteur aux études et à la recherche à l’UOF, à issue d’un an et demi de démarche auprès du ministère des Collèges et Universités, de l’ordre des enseignants et de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire.

Bien mais pas assez dit l’AEFO, sur fond de pénurie de personnel

Si l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) réagit favorablement à l’ajout de ce programme, elle estime que la province est loin du compte si elle veut endiguer la pénurie de personnel. « Les 40 places qui seront ajoutées avec ce programme sont certes une bonne chose, mais elles sont nettement insuffisantes pour répondre aux besoins de personnel qualifié dans nos écoles de langue française », nuance sa présidente Anne Vinet-Roy.

« L’AEFO s’attend à plus d’actions concrètes et immédiates du gouvernement provincial pour contrer la pénurie chronique du personnel enseignant qui menace le continuum d’éducation de langue française de la petite enfance aux études postsecondaires », poursuit-elle incitant le gouvernement à faire des investissements significatifs dans les programmes de formation, dans l’insertion professionnelle et dans la rétention du personnel enseignant.

Dans un rapport publié en 2021 et faisant état d’un manque de plus de 500 professionnels par an en Ontario, le Groupe de travail sur la pénurie de personnel enseignant dans le système d’éducation en langue française urgeait et les fournisseurs de programme à soumettre des formations à l’enseignement, et au ministère à les financer.

« Si aucune action n’est prise, la situation s’aggravera pour atteindre un nombre exorbitant d’environ 3 000 en 2025-2026 », avaient alors prévenu les rapporteurs.

« C’est une décision politique du gouvernement d’investir plus dans la formation d’enseignants pour assurer la pérennité de l’éducation en français » – Yves Lévesque

« Quarante, c’est mieux que zéro », tempère Yves Lévesque, directeur général de l’’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC). « C’est un début vers les 500 dont on a besoin, surtout dans la région de Toronto. Ça signifie des enseignants qui ont des chances de rester travailler dans cette région. Ce sont des conditions intéressantes à leur embauche. »

Et d’évoquer les minces progrès réalisés depuis la publication du rapport sur la pénurie d’enseignants : « Ce sont des projets pilotes, des essais, des pistes potentiellement intéressantes mais qui n’apportent pas la masse dont on a besoin. Ça doit passer par une capacité accrue dans les autres universités qui proposent déjà ce programme. On doit aussi régler le problème de l’Université Laurentienne. Ou ils recommencent à offrir des bacs complets ou ils sortent de là, car, au cours des dernières années, on a découragé des gens à enseigner. »

L’UOF est la quatrième université à offrir un tel programme en français, après l’Université d’Ottawa, La Laurentienne – affectée par des coupes en 2021 – et l’Université York via son campus bilingue de Glendon.

M. Lévesque attend des investissements substantiels de la part du ministère des Collèges et Universités dans le prochain budget provincial pour ouvrir plus de postes et trouver des solutions. « C’est une décision politique du gouvernement d’investir plus dans la formation d’enseignants pour assurer la pérennité de l’éducation en français. »