Le Centre espoir Sophie vient en aide aux femmes en situation de prècarité et d'isolement. Crédit photo : Canva.

OTTAWA – Les chiffres de fréquentation de la seule halte francophone pour femmes marginalisées à Ottawa sont en très forte hausse depuis le début de l’année 2023. Une situation qui met une forte pression sur les services du Centre. 

Déjà en hausse de 20 % depuis 2021, le Centre espoir Sophie (CeS) connaît en 2023 un taux de fréquentation qui atteint des sommets avec une augmentation de 50 % de nouvelles arrivantes depuis le début de l’année. La situation devient critique et pousse le Centre dans ses derniers retranchements. 

« La crise du logement révèle des problèmes sociaux et systémiques profonds allant bien au-delà du mandat des programmes de jour comme le Centre espoir Sophie. Or, nous nous retrouvons tous affectés par cette réalité et les fonds sont insuffisants pour réagir adéquatement  », souligne Sophie-Claire Valiquette-Tessier, directrice générale du Centre espoir Sophie.

L’âge moyen en baisse

Au-delà de cette augmentation de la fréquentation, c’est aussi l’âge de la population qui fréquente le centre qui connaît des changements majeurs et inquiétants. La proportion de femmes âgées entre 21 et 30 ans a doublé au cours de la même période.

«  Le visage de notre clientèle s’est particulièrement transformé au cours des deux dernières années. Non seulement, desservons-nous plus de femmes, mais ces dernières sont davantage issues de minorités visibles, plus jeunes, et vivent dans des conditions financières fort précaires  », indique Sophie-Claire Valiquette-Tessier.

L’inflation, la rareté des loyers abordables et la crise des opioïdes qui secoue la capitale fédérale sont les raisons majeures expliquant cette situation. Le Centre espoir Sophie qui existe depuis 1997 œuvre en offrant des services essentiels aux femmes vivant isolées, dans la pauvreté et qui nécessitent un soutien moral et psychologique. Ces services font malheureusement face à des difficultés difficiles à surmonter. 

Une véritable gestion de crise

«  Cela crée définitivement de plus longues files d’attente  », précise Mme Valiquette-Tessier. «  C’est surtout le cas les lundis, lors de nos banques alimentaires. Même si nous commandons les quantités maximales de denrées à la Banque alimentaire, nous en manquons souvent.  »

Au-delà de ces problèmes de logistique, ce sont les employés du Centre qui se retrouvent dans des conditions de travail délicates avec des conflits à gérer de plus en plus fréquents du fait de la surfréquentation du centre. 

«  Nous devons faire beaucoup de gestion de crise. Ces femmes sont en mode survie. Ainsi, les chicanes surviennent souvent et les employés doivent gérer ces situations  », précise la directrice.

Dépendance aux financements publics

Pour répondre à ces besoins croissants, le Centre organise une collecte de fonds le 16 novembre à la Nouvelle Scène. L’événement aura également pour but de donner la parole aux femmes et leur permettre de partager leurs histoires. La totalité des profits provenant de la vente des billets seront réinvestis directement dans la programmation du CeS qui a dû être relocalisé temporairement au Patro d’Ottawa en raison de problèmes d’infrastructure. L’achat de billet et le don se font en ligne sur le site de l’organisme. 

Actuellement, le CeS est majoritairement dépendant de la ville d’Ottawa qui est son principal bailleur de fonds. Le reste des financements provient en grande partie des donateurs.