Le drapeau franco-ontarien devant Queen’s Park dès cette année
TORONTO – Le drapeau franco-ontarien sera installé en permanence devant Queen’s Park. Le leader parlementaire du gouvernement, Paul Calandra, étudie, avec le bureau du président Arnott, quel endroit visible et disponible sera choisi devant l’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario, avant une annonce officielle qui doit intervenir en mars.
Alors que les travaux législatifs ne reprendront pas avant le 16 février, un discret enjeu fait l’objet de discussions dans les rangs progressistes-conservateurs : où positionner le drapeau franco-ontarien devant la législature ontarienne? Le projet révélé dès septembre dernier par ONFR+ est sur le point de se concrétiser au cours des prochaines semaines. Une annonce en ce sens doit intervenir au printemps, au moment de la Semaine nationale de la francophonie.
Le drapeau vert et blanc sera également déployé dans toutes les agences gouvernementales Service Ontario, à côté du drapeau de l’Ontario. Natalia Kusendova, adjointe parlementaire de la ministre des Affaires francophones, confirme que ces dispositions seront effectives dès cette année.
Depuis l’adoption à l’unanimité du projet de loi privé de la députée de Mississauga-Centre faisant de ce drapeau un emblème officiel de la province, les couleurs franco-ontariennes ont déjà investi plusieurs endroits dans l’enceinte de Queen’s Park.
Si le drapeau a logiquement été ajouté aux pièces de l’exposition Symboles de l’Ontario, il trône aussi maintenant dans plusieurs « endroits stratégiques » de l’édifice, fait remarquer le président de l’Assemblée législative, Ted Arnott.
Les salles de comité et la salle de conférence du président – où des réunions ont lieu avec des Ontariens et des dignitaires du monde entier – lui accordent une place aux côtés des drapeaux de l’Ontario, du Canada et de l’Assemblée. Le drapeau est aussi installé devant le bureau du premier ministre lorsque celui-ci y tient une conférence de presse. Cependant, lors de ses dernières annonces depuis Queen’s Park, à l’écart de son bureau, seul le drapeau ontarien était déployé derrière Doug Ford.
Dès septembre dernier, la députée Kusendova avait plaidé la cause auprès du président Ted Arnott, garant des règles protocolaires à Queen’s Park, et de la ministre des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs, Lisa Thompson, afin qu’ils sanctuarisent la place du drapeau franco-ontarien devant l’assemblée et dans les agences provinciales.
« On veut un endroit très visible, une place prestigieuse près des autres drapeaux » – Natalia Kusendova, députée
« Dans les chambres de comité, il y a maintenant quatre drapeaux derrière le président ou la présidente », se satisfait Mme Kusendova. « Le drapeau franco-ontarien sera en permanence devant le bureau du premier ministre, comme on l’a vu avant Noël et sera hissé sur un mât devant l’Assemblée. On veut un endroit très visible, une place prestigieuse près des autres drapeaux (ontarien et canadien) pour que tout le monde puisse le voir en venant à Queen’s Park. »
Ses intentions avaient été accueillies avec une certaine incrédulité au sein de la communauté, il y a quelques mois. Par ce geste hautement symbolique, la nouvelle ajointe parlementaire de la ministre des Affaires francophones bouscule les conservatismes protocolaires ontariens. Jamais dans l’histoire de la province le drapeau franco-ontarien n’avait occupé un tel espace.
Une première au Canada
Une fois installé, l’Ontario sera la première province du Canada à, à la fois, reconnaître comme symbole provincial un drapeau de sa francophonie minoritaire et l’afficher devant son parlement, tout au long de l’année.
Le drapeau acadien flotte devant l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, mais n’est pas reconnu comme emblème officiel de cette province, ni d’ailleurs de l’Île-du-Prince-Édouard ou de la Nouvelle-Écosse. À l’inverse, en Saskatchewan et en Alberta, les drapeaux fransaskois et franco-albertain, bien que des emblèmes officiels depuis respectivement 2005 et 2017, n’occupent pas le terrain devant leurs législatures respectives, excepté lors de leur journée de lever officiel du drapeau, respectivement en septembre et mars de chaque année.
Revirement sur la création de l’Université de l’Ontario français, sauvetage des organisations sans but lucratif, soutien à la francophonie économique… Le gouvernement a marqué plusieurs bons points pour faire oublier le début de mandat polémique de Doug Ford, marqué entre autres par l’abolition du Commissariat aux services en français indépendant.
Mais il n’efface pas une promesse de longue date de Caroline Mulroney : celle de moderniser la Loi sur les services en français. L’opposition et une partie de la communauté appellent à des actions concrètes qui impactent le quotidien des francophones, plutôt que des gestes symboliques. Jusqu’alors aucun signe tangible n’indique que cette réforme ira de l’avant en 2021.