Le fédéral appelé à créer des quotas de financement pour la recherche en français
OTTAWA – Le gouvernement canadien devrait réserver une partie des fonds qu’il investit dans la recherche pour les francophones en plus de mettre sur pied un bureau dédié à celle-ci, recommande un rapport d’élus.
Le Comité permanent de la science et de la recherche a rendu public son rapport sur la Recherche et publication scientifique en français après une étude de plusieurs semaines avec plus d’une vingtaine de témoins.
Les élus de diverses formations politiques notent que les dernières années démontrent une tendance fortement à la hausse pour les publications en anglais, même de la part de chercheurs francophones. Par exemple, les trois conseils de subventionnaires du Canada disent recevoir entre 5 à 15 % de demandes en français alors que 21 % des professeurs universitaires parlent la langue de Molière.
« Ces tendances conduisent à une marginalisation du français dans le domaine scientifique », peut-on lire dans le rapport.
Pour remédier à la situation, le ministère de l’Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) devrait financer sur le long terme la recherche portant sur la francophonie canadienne et développer un programme de financement dédié aux établissements d’éducation postsecondaire en situation linguistique minoritaire, écrit-on.
Le Conseil de recherches en sciences humaines, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, et les Instituts de recherche en santé du Canada – les trois principaux groupes de subventions fédéraux – devraient se voir imposer un quota pour qu’il « constitue un plancher minimal de financement destiné à la recherche réalisée ou publiée en français ».
« La domination de l’anglais menace la diffusion des connaissances scientifiques en français. D’autre part, la domination de l’anglais peut conduire à délaisser certains sujets de recherche plus locaux, notamment ceux qui portent sur les communautés francophones canadiennes elles-mêmes », soulignent les rapporteurs.
Pour contrer cette dominance, les parlementaires suggèrent la création d’un bureau pour la science en français, rattaché au Bureau du Conseiller scientifique en chef. Ce nouvel outil administratif aurait pour but de « proposer des actions concrètes » aux organismes fédéraux qui financent la recherche et « assurer un suivi et une coordination » concernant les investissements fédéraux dans le domaine en français.
On recommande aussi aux conseils subventionnaires de soumettre une évaluation du profil linguistique de ceux siégeant aux comités d’évaluation. Une plus grande place devrait d’ailleurs être accordée aux chercheurs qui consacrent leurs travaux en français, propose-t-on.
Les témoignages rassemblés par le comité avaient notamment critiqué le peu d’oreille qu’offrent les trois conseils subventionnaires pour les travaux de recherche en français.