Le Festival du loup célèbre fièrement sa vingtième édition

LAFONTAINE – Le Festival du loup aura lieu ce samedi. Créé en 2002, ce petit événement communautaire francophone du canton de Tiny a su grandir au fil des ans jusqu’à devenir un événement incontournable de la région de la Baie Georgienne.
Joëlle Roy, directrice générale du festival, est fière du chemin parcouru depuis la première édition en 2002.
« Une vingtième édition, plus de 20 ans que le festival existe, cela signifie vraiment qu’on est là pour durer, se réjouit-elle dans un entretien accordé à ONFR. C’est un vrai accomplissement, surtout que ça n’a pas toujours été évident, car c’est un mouvement communautaire. On a eu des hauts et des bas. Ça a été porté à bout de bras par des bénévoles. Et pour être honnête, on ne pensait pas que ça allait marcher à ce point. »
Un projet de musée au départ
Madame Roy explique même que le projet de festival n’aurait jamais pu avoir lieu. « C’était au départ un musée que la communauté voulait, mais faute d’une acceptation du dossier de financement, l’idée d’un festival reprenant la légende du loup de Lafontaine est née. »
Conservant l’idée de musée qui accompagnera le festival durant les 13-14 premières éditions, ce dernier est ensuite devenu un événement à part entière placé à une autre date du calendrier, jusqu’à ce que la pandémie de la COVID-19 vienne y mettre fin.
« Le musée a disparu parce que le comité – ceux qui s’en occupaient- avait pas mal vieilli. On a poursuivi leur œuvre en faisant le musée à un autre temps de l’année, parce que c’était trop pour nous de devoir gérer le festival et le musée en même temps. On l’a fait pendant quelques années à l’automne, puis la pandémie est venue briser cette organisation. »

Plus de 20 ans d’existence
Le Festival du loup a perduré malgré les obstacles. S’il n’y a pas eu d’édition en 2020, il s’est fait de manière virtuelle sur Facebook et YouTube dès l’année suivante. Il est de retour en personne depuis 2022 avec des changements dans la population qui le fréquente.
« On est encore à s’ajuster post-pandémie, confie Joëlle Roy. On a perdu pas mal de personnes âgées qui avaient l’habitude de venir, mais qui ne fréquentent plus trop les lieux publics. C’est comme si la population avait vieilli de 10 ans en deux ans. »
« On avait aussi beaucoup de groupes qui venaient ensemble, des familles ou des clans. On ne les voit plus, c’est comme si cette habitude-là avait disparu, ce n’est pas revenu. On est en train de développer une autre clientèle qui remplace ceux qui n’y sont plus. Le changement est assez marquant », constate-t-elle.
« Cette année, on devrait avoir assez de réponses pour se réajuster complètement, mais on en est encore à douter de ce qu’on fait », ajoute-t-elle.
Malgré ces défis de taille, le Festival du loup a su s’implanter dans la région grâce à son caractère unique et une perception des francophones de la région qui ont évolué dans le bon sens au sein de la population.
« Il y a un stigma face à la francophonie qui a disparu. Dans les années 80, il y a eu une crise scolaire très virulente. Dès lors, la francophonie a été associée à la revendication, à chialer, à ne pas être content. Maintenant (avec le festival) l’image a changé, c’est plus ‘venez, on a du fun, vous ne parlez pas français? Ce n’est pas grave!’ C’est le caractère unique et j’ose le dire la qualité de ce qu’on fait qui en font la réussite. »
Une qualité qui a toujours été souhaitée et mise en avant par l’organisation, qui doit faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour sans cesse se renouveler, du fait de la petite taille du festival.
« Après la pandémie, nous avons eu un débordement, nous étions 2000 », se souvient sourire aux lèvres la directrice générale.
Cette année encore, la qualité sera au rendez-vous pour les petits comme les grands, avec la présence du groupe Bon Débarras qui viendra non seulement offrir un spectacle en clôture de l’événement, mais qui proposera, aussi, des ateliers de danse pour les enfants en début d’après-midi.
Des activités variées pour les enfants
Après la désormais incontournable parade des tracteurs, mise en place depuis sept ans sur une demande de la communauté, les enfants pourront profiter d’un spectacle théâtral avec la pièce Amandine et Rosalie issue de l’émission de TFO.
L’après-midi laissera place aux activités physiques avec des courses d’obstacles et des jeux d’antan, suivi d’un retour au calme avec un conte en quatre temps lu et interprété par Nadine Lalonde.
Viendra, enfin, pour conclure les activités réservées aux enfants, le moment tant attendu par tous. Celui du hurlement du loup, où les enfants monteront sur la grande scène pour démontrer leur meilleur hurlement.
« Le conte est la motivation du festival. C’est un conte qui a à peu près 120 ans. C’est une légende et, comme toute légende, la base est vraie. On a une photo du loup. C’est vrai qu’il y a eu un loup qui terrorisait le village. C’est vrai qu’il a été abattu par un dénommé Théophile Brunel. Après ça, on en a ajouté pour en faire un conte », précise Mme Roy.
« Cela remonte aux années 50, raconte-t-elle. Un curé qui était très influent dans la région a écrit le conte et l’a monté avec des élèves pour le 100e anniversaire de la paroisse en 1955. La vraie histoire s’était déroulée 50 ans plus tôt, au début du siècle. Le curé était enfant quand c’est arrivé. »

L’accent mis sur la qualité des spectacles
Au-delà du volet pour les enfants, c’est bel et bien celui pour les adultes qui fait la renommée du Festival du loup. En plus de Bon Débarras en fin de journée, des artistes émergents se succéderont sous la grande tente durant toute l’après-midi.
Le soir, lors d’un souper métis, « du bon doré de la Baie Georgienne offert par les Lepage », une famille de poissonniers de la région, un collectif local qui porte bien son nom Le collectif du loup présentera son spectacle pour égayer le repas.
L’un des facteurs de réussite du festival a toujours été le fait de choisir des prestations de grande qualité.
« On a toujours cherché à élargir les choix d’artistes. Il y a une place pour les artistes émergents, il y a toujours eu cette place et elle y sera toujours. Au niveau des spectacles, on a toujours eu des professionnels qui sont à la fois franco-ontariens, mais aussi plus largement franco-canadiens. »
Cela rend le festival unique en son genre dans la région et assure sa pérennité. « Du fait que c’est francophone, il y a une énergie qu’on ne retrouve pas dans tous les autres festivals anglophones. »
Le Festival du loup 2024 se déroulera ce samedi 20 juillet au parc de Lafontaine. Les billets sont en vente sur le site du Festival du loup.