Le français malmené au débat à la chefferie conservatrice
LAVAL – Le seul et unique débat en français à la chefferie conservatrice a donné plusieurs difficultés à certains candidats d’exprimer leurs idées, incapables de parler en français. Alors que Patrick Brown et Jean Charest, surtout ce dernier, ont été capables de décocher quelques flèches envers Pierre Poilievre, c’était une tout autre histoire pour les autres candidats.
Leslyn Lewis, Roman Baber et Scott Aitchison ont dû se fier à leurs notes, eux qui ne parlent pas français. À plusieurs reprises, les trois derniers n’ont pu répondre aux questions qui leur étaient posées.
Seuls Jean Charest et Pierre Poilievre pouvaient parler parfaitement en français alors que Patrick Brown, ancien chef du Parti progressiste-conservateur en Ontario, a réussi à tenir son bout dans la langue de Molière. Le tout a donné lieu parfois à un débat quasiment à deux entre Pierre Poilievre et Jean Charest.
Le sujet des deux langues officielles s’est invité au débat. Répondant à une question du modérateur, Jean Charest a semblé s’être exprimé en faveur du bilinguisme des postes de la haute fonction publique comme le gouverneur général, le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick et les juges de la Cour suprême en autres.
« Au Canada, on ne parle pas suffisamment de cette richesse de nos deux langues. Il faut se rappeler que le français d’avoir comme langue officielle donne au Canada un très grand rayonnement dans le monde, c’est ça aussi qu’il faut protéger », a dit l’ancien premier ministre du Québec.
« La protection de la langue française me tient à cœur », a affirmé de son côté M. Poilievre faisant notamment référence à ses racines familiales francophones.
« Je veux protéger la langue française partout au pays, y compris au Québec, mais ailleurs aussi, car les Canadiens ont le droit de recevoir tous les services du fédéral dans les deux langues officielles », a ajouté celui qui a été adopté dans sa jeunesse par deux parents franco-saskatchewanais.
Patrick Brown a de son côté fait référence à l’Université de l’Ontario français (UOF).
« Quand j’étais chef du Parti conservateur de l’Ontario, j’ai appuyé le projet pour créer une université de langue française parce que je veux protéger la langue française en Ontario. »
Loi 21
Sur l’enjeu des langues officielles, les autres candidats, notamment Patrick Brown en a plutôt profité pour attaquer les Lois 21 et 96 du Québec, notamment la position de M. Poilievre. Le maire de Brampton accuse le favori dans la course de ne pas vouloir s’opposer à la Loi 21 devant la justice.
« Si une telle loi était présentée devant la Chambre des communes, je voterais contre. Je me suis prononcé contre cette loi partout au pays », avance celui qui a refusé jusqu’à présent d’appuyer un recours contre cette loi.
Jean Charest l’a accusé de ne pas dire la même chose dans les deux langues officielles.
« Le bilinguisme, M. Poilievre, c’est dire la même chose au Canada anglais qu’au Canada français. »
Il s’agissait du second et dernier débat organisé par le parti pour cette course au leadership. Selon les règles du parti, les candidats étaient obligés de participer aux deux débats officiels du parti.
La date limite pour devenir membre est le 3 juin. Le prochain leader de la formation conservatrice sera déterminé le 10 septembre.