Jean-Gabriel Castel en 2016 au Collège Glendon de l'Université York, lors de la Conférence annuelle Jean-Gabriel Castel sur le droit international et les organisations internationales. Gracieuseté

TORONTO – Résistant français, mais aussi juriste et universitaire franco-ontarien de renom aux multiples distinctions, Jean-Gabriel Castel est décédé le 30 décembre dernier à Toronto à l’âge de 95 ans. Professeur de droit international à l’Osgood Hall Law School et au Collège Glendon, ce militant philanthrope est notamment le fondateur du premier cours de droit en français à Toronto.

« Je suis né en France et j’ai vécu à Nice pendant la Deuxième Guerre mondiale. J’ai participé à la résistance lorsque j’étais assez jeune », raconte-t-il dans le documentaire « Le projet mémoire » de Historica Canada.

Il explique que sa famille soutenait le Général de Gaulle à une époque où la France était divisée entre les suiveurs du Maréchal Pétain et les gaullistes.

Portrait de Jean-Gabriel Castel jeune et image de son ordre de mission de 1944 de la résistance française. Source : Historica Canada, Le Projet Mémoire/ Montage ONFR

« En 1942, c’est à ce moment-là que la résistance s’est organisée en France. J’avais alors 16 ans et je travaillais dans les équipes nationales. J’allais rejoindre le poste de commandement et on allait aider les victimes des bombardements », explique celui qui a également combattu et contribué à la libération de la Ville de Nice.

Jean-Gabriel Castel confie que, élevé par une gouvernante allemande dans l’enfance, sa maitrise secrète de la langue a été un atout majeur dans la résistance.  

Reconnu pour ses actes de bravoure, il est, entre autres, Officier de l’ordre du Canada depuis 1985, Membre de l’ordre de l’Ontario depuis 1993, puis devient Chevalier de la Légion d’honneur en 1992, avant de devenir Officier de la Légion d’honneur en 2013. Il est nommé Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1986 puis Officier l’ordre national du Mérite en 1999.

Celui-ci occupera d’ailleurs la présidence de l’Association des anciens combattants français résidant en Ontario et au Manitoba (AACFROM) pendant 25 ans.

Jean-Gabriel Castel parcourant des documents historiques de la résistance française. Source : Historica Canada, Le Projet Mémoire

Une carrière canadienne et franco-ontarienne colossale

Après un parcours universitaire exemplaire : étudiant le droit à Paris puis à l’Université du Michigan aux États-Unis, avant d’intégrer la prestigieuse université de Harvard, où il obtient son doctorat en Science de la Jurisprudence en 1958, il élit domicile au Canada, vivant entre l’Ontario et le Québec.

Il devient professeur de droit à l’Université McGill de Montréal et à l’Université de droit Osgood Hall Law School à Toronto. Il fait de la Canadian Bar review une revue bilingue (La Revue de Barreau canadien), qu’il dirige pendant 27 ans. Jean-Gabriel Castel est notamment le fondateur du premier cours de droit en français à Toronto.

Il enseigne pendant 15 ans, de 2000 à 2015, au Collège Glendon de l’Université York, qui organise une conférence chaque année en son nom sur le droit international public et les organisations internationales.

Jean-Gabriel Castel a défendu les droits des francophones et a œuvré pour un système de justice dans les deux langues en Ontario. Source : Historica Canada, Le Projet Mémoire

Fervent défenseur des droits des Franco-Ontariens, il œuvre pour la traduction en français des textes législatifs et réglementaires de l’Ontario et pour l’usage du français devant les tribunaux ontariens. Celui-ci s’est d’ailleurs engagé auprès de nombreux organismes francophones dont l’Alliance française.

Auteur prolifique de nombreux ouvrages et articles juridiques en français et en anglais, celui-ci est également arbitre international de 1960 à 2018 à la Chambre de Commerce international à Paris et responsable du règlement des différends entre le Canada et les États-Unis.

Devenu conseiller municipal de Mono en 2006, municipalité Centre-Sud de l’Ontario à l’angle sud-est du comté de Dufferin qu’il habite, il se concentrera sur de nombreuses initiatives caritatives dans la région avec son épouse et l’un de ses fils.

Plus récemment, il a travaillé et écrit plusieurs articles sur l’intelligence artificielle et le droit. En avance sur son temps, il a donné en 2016 à Toronto la conférence « Superintelligence artificielle entièrement autonome. Est-ce une menace pour la race humaine ou une bénédiction? Comment la contrôler », et a été publié dans des revues juridiques et scientifiques comme la Revue canadienne de droit et de technologie.