L’Ontario pourrait enregistrer près de 1 000 nouveaux cas par jour en octobre
TORONTO – Les autorités de santé publique ontariennes ont dévoilé, ce mercredi, de nouvelles projections sur la pandémie de COVID-19. Selon le scénario le moins optimiste, la province pourrait enregistrer environ 1 000 nouveaux cas par jour dans la première moitié d’octobre.
Actuellement, le nombre de cas double environ tous les 10 à 12 jours, explique Santé publique Ontario. Les cas de COVID-19 sont repartis à la hausse ces derniers jours. Lundi, la province a atteint son plus grand nombre de cas en 24 heures, avec 700 cas. Et ils pourraient atteindre environ 1 000 cas quotidiens dans les quinze premiers jours d’octobre, selon les projections présentées aujourd’hui. Ce mercredi, la province a enregistré 625 nouveaux cas.
« Nous attendons une augmentation très sérieuse (des cas) », explique le doyen de la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto, Adalsteinn Brown. « De certaines manières, la deuxième vague n’est pas très différente de la première, mais ce qui nous inquiète, c’est cette recrudescence plus importante. C’est là où le bât blesse. »
La deuxième vague a d’abord principalement touché les 20-39 ans, remarquent les autorités de santé publique. Ils constituent désormais la majorité des cas, avec 17 582 personnes infectées sur 51 085 cas dans la province, même si leur taux de mortalité y reste inférieur, avec 0,1%.
« Heureusement, le taux de mortalité chez les jeunes est moindre, mais les jeunes peuvent propager la maladie », rappelle M. Brown.
Et dans les cas les moins optimistes, les unités de soins intensifs pourraient rapidement en payer les conséquences, ajoute le président-directeur général de Santé Ontario, Matthew Anderson.
« Si nous restons sous les 150 cas [en soins intensifs], ils pourront fonctionner, mais si nous sommes entre les 150 et les 350, ce sera plus compliqué », précise-t-il. « Nous cherchons à maintenir la capacité de notre système de santé. »
D’autant que Santé publique Ontario ajoute également que désormais « les cas augmentent dans toutes les tranches d’âge ». D’un point de vue plus général, l’actuel pourcentage de positivité est « très inquiétant ».
Le médecin hygiéniste en chef, David Williams met en garde : « Nous ne connaissons pas les conséquences à très long terme de la maladie ».
Le plus récent bilan de la COVID-19 :
▶️ 625 nouveaux cas en Ontario
▶️ 51 710 cas au total (156 961 au Canada), dont 4 955 actifs (13 933 au Canada)
▶️ 2 848 décès (9 291 au Canada), 43 907 guérisons (133 737 au Canada)
▶️ 150 hospitalisations et 35 personnes en soins intensifs
▶️ 3 923 465 tests réalisés (7 295 024 personnes testées au Canada), 67 126 en attente de résultats
Pas de nouvelles restrictions, pour l’instant
Ces derniers jours, le gouvernement a renforcé les restrictions en matière de rassemblements, comme les mariages, les réunions privées, les baptêmes ou les funérailles, par exemple. Les rassemblements sont désormais limités à dix personnes en intérieur et 25 personnes à l’extérieur.
Il oblige également les entreprises et les organismes à se conformer aux avis du Bureau du médecin hygiéniste en chef sur le dépistage de la COVID-19. Les bars et les restaurants se sont également vus imposer de ne plus vendre d’alcool après 23h, alors que les clubs de striptease ont été fermés jusqu’à nouvel ordre.
« Les comportements à risque étaient en croissance dans la province », a justifié le Dr Williams qui demande aux « gens de continuer d’observer ces mesures ».
« Le message est clair : nous devons encore aplanir la courbe » – Dr David Williams, médecin hygiéniste en chef
Santé publique Ontario précise que ses nouvelles projections ne tiennent pas compte de l’impact des récentes mesures annoncées. Le Dr Williams ne plaide pas encore pour davantage de restrictions, comme annoncé récemment au Québec dans certaines régions.
« Nous cherchons à éviter des mesures plus sévères, car les relations sociales sont un besoin primordial », a-t-il expliqué. « C’est un équilibre très fragile pour permettre aux Ontariens de continuer ce qu’ils ont besoin de faire. (…) On doit continuer d’observer la situation avant d’imposer de nouvelles restrictions. Si on ferme tous les établissements tout d’un coup, on peut voir des effets très négatifs. »
Toutefois, d’autres mesures ciblées pourraient s’ajouter, prévient M. Brown.
« Nous mettrons en place des mesures là où il y aura des éclosions. »
Les autorités de santé publique rappellent l’importance de respecter les mesures sanitaires, comme de se laver les mains, respecter la distanciation physique, rester à la maison en cas de symptômes et aller se faire tester.
Un test en 15 minutes approuvé
En conférence de presse, le premier ministre Doug Ford a appelé tous les Ontariens à respecter les mesures sanitaires pour permettre d’éviter de voir se réaliser le pire scénario évoqué plus tôt en matinée.
« Le niveau qu’atteindra la seconde vague dépend de nous », a-t-il lancé, écorchant les anti-masques qualifiés d’« abrutis ».
Le premier ministre s’en est également pris à Santé Canada qu’il a prié d’accélérer l’approbation des tests ID NOW des Laboratoires Abbott qui permettent d’obtenir un résultat en moins de 15 minutes et qui sont déjà utilisés aux États-Unis.
« Dépêchez-vous! Vite, vite, vite, comme ils disent », a-t-il insisté, utilisant l’adverbe « vite » en français.
Une manière de mettre la pression sur le fédéral alors que la liste des tests en attente de résultats s’allonge en Ontario, avec 67 126 ce mercredi.
M. Ford ignorait alors sans doute que l’institution fédérale venait d’approuver, quelques minutes plus tôt, le fameux test. Ottawa a annoncé, hier, en avoir commandé près de 8 millions à la firme américaine.
Quelques minutes après sa conférence de presse, le bureau du premier ministre a envoyé une déclaration écrite aux médias se réjouissant de cette « première étape ».
« Maintenant, ce que nous avons besoin de savoir, c’est quand le fédéral mettra ces tests à notre disposition, spécialement dans les endroits où nous en avons le plus besoin, notamment dans les communautés autochtones et éloignées, dans les foyers de soins de longue durée et autres lieux de soins de santé, qui présentent le plus de risque d’éclosion. »
Cet article a été mis à jour à 14h28