L’Université de l’Ontario français offrira un programme dès l’automne
TORONTO – Malgré les embûches et la fin de son financement provincial, l’Université de l’Ontario français (UOF) offrira un premier programme, dès l’automne. Il s’agira d’un certificat de deuxième cycle en pédagogie de l’enseignement supérieur, qui permettra de former les futurs professeurs de l’institution.
« Le conseil de planification pour une université de langue française recommandait qu’un programme de cycle supérieur en pédagogie de l’enseignement supérieur soit offert à tous les nouveaux professeurs de l’UOF pour répondre à la nécessité d’initier les professeurs à la vision pédagogique de l’université et de faciliter leur intégration », fait savoir Dyane Adam, présidente du Conseil de gouvernance de l’institution franco-ontarienne.
La décision d’offrir un programme peut surprendre, dans le contexte où le gouvernement de Doug Ford a mis fin au financement de l’institution. Malgré cette décision, annoncée en novembre, l’équipe de l’université a pu demeurer en place grâce au financement obtenu du gouvernement fédéral, en janvier. Le gouvernement Trudeau a injecté 1,9 million de dollars pour le développement du Carrefour francophone du savoir et de l’innovation, qui est lié au projet universitaire.
Le nouveau programme, lancé à l’automne, a été développé pour former les professeurs de la future institution, mais d’autres pourront en profiter, également. Le collège La Cité a montré de l’intérêt pour que ses propres professeurs suivent la formation.
« La Cité procède à une transformation en profondeur de ses programmes d’études en passant d’une pédagogie de transmission de connaissances à une pédagogie axée sur le développement de compétences. La volonté commune de l’UOF et de La Cité de travailler conjointement a mené a l’adoption de ce programme afin de répondre aux besoins de perfectionnement des compétences pédagogiques de nos professeurs », explique Lise Bourgeois, la présidente-directrice générale de La Cité.
La cohorte prévue de la Cité comptera une vingtaine de professeurs qui suivront les cours à la fois en groupe, dans les locaux de la Cité, mais aussi à distance, virtuellement.
Notons que grâce à une entente avec l’Université Laval, les diplômés pourront poursuivre leur cheminement à la maîtrise, au sein de l’institution établie à Québec.
Retombées économiques
Cette annonce intervient alors que mercredi, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) dévoilait les résultats d’une étude exploratoire, commandée à la firme PGF, insistant sur les potentielles retombées économiques et sociales que pourrait générer l’UOF.
Se basant sur des informations provenant de l’institution franco-ontarienne et de trois universités de taille modeste – les universités de Moncton, Nipissing et Brandon – l’UOF pourrait permettre une contribution au PIB de la province de l’ordre de 56 à 79 millions de dollars en 2024-2025 et représenter environ 400 emplois d’ici 2027-2028.
« Dans les conditions actuelles, le rapport rappelle que l’étude Malatest prévoit une pénurie de quelque 170 000 diplômés universitaires pouvant s’exprimer aisément en français dans le Centre-Sud-Ouest d’ici 2030. On constate déjà que deux employeurs sur trois ayant besoin d’une main d’œuvre bilingue et scolarisée ont de la difficulté à combler des postes », commentait l’AFO par voie de communiqué.
Selon les calculs de la firme PGF, les retombées économiques totales potentielles générées par l’UOF pourraient être de l’ordre 198 à 240 millions $ en 2024-2025 en se basant sur les données de l’Université de Brandon.
« La difficulté de pallier à la demande de professionnels pouvant s’exprimer en français représente un manque à gagner non négligeable pour la province de l’Ontario. L’aspect francophone est un avantage et une opportunité pour le gouvernement de l’Ontario de diversifier son économie au niveau local, provincial et international. Mais pour cela, il faut se donner le moyen de nos ambitions », insiste le président de l’organisme, Carol Jolin.
L’AFO insiste également sur l’aide que pourrait fournir l’UOF au gouvernement provincial pour offrir des services offerts en français en Ontario.