Le nouveau train Toronto-Timmins : entre critiques et anticipation
TIMMINS – De nouveaux détails émergent au sujet du retour du train Northlander qui fera la liaison entre Toronto et Timmins. Bien que la nouvelle station ne sera opérationnelle qu’en 2026, le Northlander fait déjà réagir à Timmins, entre critiques et anticipation.
Vendredi dernier, des employés de North Bay de la compagnie en charge du train, Northland Ontario, s’étaient déplacés à Timmins pour présenter les plans de la future station Timmins-Porcupine, dans le cadre d’une consultation publique.
« Nous espérons commencer la construction l’année prochaine, durant l’été », a fait savoir Alan Spacek, président d’Ontario Northland. Michelle Boileau, mairesse de Timmins, se dit agréablement surprise du nombre de personnes qui se sont présentées à la séance, plus nombreuses que lors de la première séance tenue l’année précédente.
Parmi les nouvelles informations, on apprend qu’il y aura un voyage aller-retour par jour, avec un départ de Timmins vers minuit et une arrivée à la gare Union de Toronto, peu avant 11 h. Pour le retour, le train quittera la gare Union à 18 h pour arriver à Timmins à 5 h du matin. Il y aura 16 arrêts de deux minutes dans les deux directions.
Le train de nuit critiqué
La question du bruit a été soulevée par des citoyens qui s’inquiètent du bruit qui produira le train de nuit. M. Spacek, qui a aussi été maire de Kapuskasing de 2006 à 2018, se veut néanmoins rassurant.
Il explique que le train est conçu en monobloc, soit en une seule unité, avec quatre wagons qui sont construits et attachés ensemble. Bien qu’ils puissent l’être, « ces wagons ne nécessitent pas de démontage, ce qui est généralement ce qui génère du bruit », précise-t-il.
« C’est la dernière technologie en matière de capacité technique, en matière de contrôle des émissions, mais aussi du bruit et c’est une combinaison de diesel électrique. »
Pour d’autres, ce qui dérange, c’est le fait qu’il n’y ait qu’un seul trajet par jour, d’une part, et qu’il s’agisse d’un train de nuit, d’autre part. Joan Charlebois a publié un message sur les réseaux sociaux à ce propos qui a enflammé la toile et généré des centaines de commentaires, à tel point qu’il n’est plus possible d’en ajouter.
« Lorsqu’ils ont parlé pour la première fois de ramener le train, il n’a jamais été question de la nuit. C’était toujours un train de jour, alors c’est ce que nous avons tous été amenés à croire », déplore-t-elle, en ajoutant que l’Ontario Northland lui aurait répondu avoir reçu une demande de la part du public pour un train nocturne ce qu’elle a peine à croire.
« Nous recevons les mêmes trains que VIA qui sont utilisés exclusivement pour les voyages de jour, pourquoi le Nord devraient-il être différent? » D’autres déplorent également le fait qu’un trajet de nuit ne permette pas de profiter du voyage pour observer les paysages, ou encore que le train de nuit n’offre pas de lits.
Pas de voiture-restaurant
« Beaucoup de gens ne peuvent tout simplement pas avoir une bonne nuit de sommeil assis sans moyen de se coucher. Pensez aux nombreuses personnes âgées qui auront de la difficulté à faire un long voyage comme celui-là sans même pouvoir obtenir un repas décent, puis qui arriveront à Toronto sans sommeil. Pour ceux qui prévoient revenir le jour même, ce sera encore plus taxant », écrit Mme Charlebois.
Elle dit se souvenir d’avoir pris l’ancien train de nuit pour Toronto, qui contenait alors des voitures-lits avec des couchettes supérieures et inférieures, ainsi que des chambres et une voiture-restaurant. « Même le Polar Bear Express de Cochrane à Moosonee a une voiture-restaurant, et ce voyage ne dure que cinq heures, quel est le problème, Ontario Northland? », ajoute-t-elle.
Elle a également confié à ONFR que son mari, qui travaille dans les transports, avait l’intention de postuler comme conducteur de train, mais qu’il compte se rétracter si les trajets ne sont que de nuit.
Jacques Ouellette, qui dit avoir longtemps appuyé les services ferroviaires, considère que « le wagon-restaurant est un must ». « Nous pourrions obtenir des restaurants de notre région pour fournir le train avec ce service et dans le même temps, promouvoir les affaires et fournir un service alimentaire dont on a grandement besoin. Le seul coût pour le chemin de fer serait le coût de la voiture-restaurant et de l’entretien », juge-t-il.
Il ajoute aussi que le train devrait aussi remonter jusqu’à Hearst, en utilisant les rails du train de voyageurs Old Algoma Central jusqu’à Sault-Ste-Marie : « La piste est là, utilisons-la. »
Alan Spacek explique qu’il y aura tout de même la possibilité de commander un menu qui sera livré directement au siège, à la manière des repas en avion. Bien qu’il reconnaît que le wagon-restaurant traditionnel comportait certainement un bon aspect social, il défend le concept proposé dans le futur train.
« On pense aux personnes qui peuvent avoir des problèmes de mobilité ou si vous êtes avec votre famille et que vous ne voulez pas laisser une partie de votre famille derrière, que ce soit un jeune enfant ou non, ou simplement protéger vos objets de valeur », explique-t-il.
Beaucoup d’anticipation
Néanmoins, l’arrivée très attendue du train fait beaucoup d’heureux comme Patricia Lamarche-Giguère qui juge que ces critiques sont trop hâtives et injustifiées.
« Ce n’est que dans deux ans, beaucoup de choses peuvent changer d’ici là, pense-t-elle, certainement, je suis contente, il y a tellement peu de manière de se rendre ailleurs pour les gens qui n’ont pas de voiture ou ne veulent pas conduire. »
Habitant à deux blocs de la future station, laquelle sera située à six minutes du centre-ville de Timmins sur la rue Falcon à Porcupine, celle-ci dit ne pas craindre d’éventuelles nuisances sonores. « Nous sommes dans une petite ville minière, les bruits c’est commun. »
La mairesse de Timmins dit avoir recueilli des commentaires, majoritairement positifs, de la part des citoyens qui se réjouissent d’avoir une option de nuit permettant d’arriver en début de journée pour des rendez-vous médicaux.
Elle ajoute vouloir elle-même en profiter : « L’option de pouvoir travailler, le réseau sans fil à bord, d’avoir cette option-là plutôt que d’être derrière le volant à conduire, ça va me permettre selon ce qui convient mieux à mon horaire, puis ça a plus de sens pour le budget aussi. »
Du potentiel pour toute la région
Dan Ayotte, ex-président et membre actuel du conseil d’administration de la chambre de commerce de Timmins, estime que le potentiel économique du retour du Northlander sera positif pour la ville.
Avec un seul commerce avoisinant la station actuellement, celui-ci considère que les trajets quotidiens du train pourraient dynamiser la zone : « J’espère qu’il y en a qui vont même bâtir ou créer des entreprises juste à cause de ça; ça pourrait être quelque chose qu’on anticipe. »
« Il n’y a personne qui n’est pas excité d’avoir le Northlander dans le Nord, tout le monde a hâte qu’il revienne », ajoute-t-il, en précisant avoir eu beaucoup de discussions avec des personnes de la région qui se réjouissent d’avoir une option de transports sécuritaire en hiver.
Alan Spacek, qui habite Kapuskasing, dit de son côté, qu’il s’agit effectivement d’un « élément constant de la rétroaction que nous avons reçue du grand public depuis Cochrane jusqu’aux collectivités sur la route que le Northlander empruntera ».
Le prix des billets n’a pas encore été arrêté, mais M. Spacek a fait savoir qu’offrir un tarif raisonnable était constamment abordé et était un « facteur important dont la commission et le gouvernement tiendront compte lorsqu’ils seront établis ». Quant à la langue de service à bord : « Ce sera certainement bilingue », assure l’ex-dirigeant municipal.
Une autre session publique aura lieu en juin durant laquelle davantage de détails seront révélés.