Pas de construction d’école francophone à Parry Sound
PARRY SOUND – La demande de financement du Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario (CSPNE) pour la construction d’une école à Parry Sound a été rejetée par le ministère de l’Éducation. C’est un coup dur pour les enseignants et les élèves qui emménagent à la rentrée dans un centre commercial.
Née dans la difficulté il y a un an, la première école élémentaire francophone de la ville, s’était temporairement installée dans un collège. Opposée à cette cohabitation, une partie de la population avait fait pencher la balance municipale du côté d’un refus de changer le zonage des lieux, avant qu’une injonction de la Cour supérieure de l’Ontario n’autorise in extremis l’ouverture.
À la rentrée prochaine, l’école, désormais nommée École publique aux Quatre-Vents, emménagera cette fois dans un centre commercial. Là aussi, une situation provisoire en entendant de trouver mieux.
Les plans du CSPNE reposaient à moyen terme sur la construction d’un édifice propre, dans l’intervalle, pour offrir aux élèves des locaux adaptés dès 2023. Mais les espoirs se sont effondrés cette semaine avec l’annonce du ministère de l’Éducation.
Une trentaine de projets de construction d’écoles ont retenu, cette année, l’attention du gouvernement, dans son programme d’immobilisations prioritaires. Ses arbitrages laissent peu de place à l’éducation de langue française : seuls cinq projets – situés à Blind River, Ottawa, Brampton et London – bénéficieront d’une partie du financement provincial.
L’ensemble de ces projets, auxquels il faut ajouter 15 agrandissements d’école existante, se partageront une enveloppe globale de 500 millions de dollars. Insuffisant de l’aveu même du ministère, compte tenu des besoins des conseils scolaires.
Le directeur de l’Éducation, Simon Fecteau, a confirmé aujourd’hui à ONFR+ que le dossier de Parry Sound, une des priorités du CSPNE, n’avait pas été retenu et précisé vouloir refaire une demande lors de la prochaine ronde, espérant que celle-ci intervienne tôt dans la nouvelle année scolaire 2020-2021.
Un peu plus tôt au printemps, il confiait une certaine assurance de voir le dossier aboutir : « Je ne peux pas voir un gouvernement dire qu’on laisse cette situation perdurer dans le contexte de la francophonie en Ontario. »
Rentrée scolaire dans un centre commercial
Le CSPNE n’a cependant pas attendu cette décision pour anticiper la rentrée prochaine puisqu’une telle école n’aurait vu le jour qu’en 2023.
En coulisses, les équipes du conseil scolaire ont obtenu la modification du zonage d’une partie du centre commercial tout proche, afin de pouvoir y emménager. Un lieu, somme toute, atypique pour une école. Mais M. Fecteau affirme que toutes les conditions sont réunies pour garantir aux élèves des conditions d’apprentissage optimales.
« Les réfections au centre d’achat vont bon train et le tout sera près pour septembre. Personne venant de l’intérieur du centre d’achat n’aura accès à l’école. C’est une section à l’arrière du centre avec une porte d’entrée située à l’extérieur avec tous les éléments qui assurent la sécurité seront présents, comme dans toutes les autres écoles. »
Alors que les demandes d’inscription se sont amplifiées depuis un an, la petite communauté scolaire prendra possession d’un lieu plus grand et plus fonctionnel avec cinq salles de classe, des salles de rencontre individuelle, une cour extérieure et, surtout, un petit gymnase.
« Un espace où tous les élèves et enseignants puissent se réunir, c’est quelque chose qui nous manquait », ajoute le directeur de l’Éducation.
Entre 60 et 65 élèves sont attendus pour la rentrée.
Des préparatifs au cœur de la crise sanitaire
« Ça va être une rentrée particulière partout en province », appréhende M. Fecteau, compte tenu de la pandémie de COVID-19.
Mais il ne craint pas que cela complexifie la donne outre mesure : « On va s’assurer d’avoir un endroit qui va être à la hauteur pour accueillir les élèves comme dans toutes nos autres écoles. S’il y a des règlements ou des consignes du gouvernement, on aura à réagir pour adapter le milieu scolaire pour bien répondre aux besoins des élèves tout en s’alignant aux mesures de santé publiques. »
Le directeur de l’Éducation salue un processus de rezonage du centre commercial beaucoup moins contesté que celui du collège Canadore, hôte de l’école durant sa première année scolaire.
« Personne n’a parlé contre la demande de rezonage lors d’une la réunion publique et notre partenariat avec la municipalité est beaucoup plus positif qu’au début. »
Mais il reste lucide sur la suite des événements : « Ça reste temporaire. On a signé pour être là au moins les deux prochaines années. »