Élections 2025

Pierre Poilievre à Sudbury, moins de 48h avant le scrutin fédéral

Le chef conservateur est à Sudbury pour la première et dernière fois de la campagne fédérale. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

SUDBURY – Le chef conservateur était de passage à Sudbury samedi soir pour la première et dernière fois de la campagne. À moins de 48h du scrutin fédéral, Pierre Poilievre tente une dernière opération séduction dans cette circonscription qui demeure un château fort libéral.

Cette visite, bien que courte, est la septième qu’il a effectuée depuis qu’il est devenu chef du Parti conservateur depuis septembre 2022 et la toute première depuis le déclenchement de la campagne électorale fédérale le 23 mars.

Cet arrêt intitulé Whistle stop for change (Arrêt pour le changement), intervient deux jours après la dernière conférence de presse du chef conservateur à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et juste après un autre arrêt en Colombie-Britannique.

Le candidat conservateur de Sudbury, Ian Symington, a présenté Pierre Poilievre comme un ami de longue date et le futur premier ministre. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

La foule présente sur le site de l’aéroport de Sudbury a accueilli en grande pompe le leader des conservateurs, qui est arrivé plus d’une heure et demie après l’heure prévue due à un retard de son avion qui décollait de Vancouver.

Enjeux du Nord

Le message qu’il a martelé était très clairement articulé autour du changement, et a généré de nombreuses réactions dans la salle. Utilisant les engagements de sa plateforme, celui-ci a réitéré son intention d’accélérer les projets d’exploration minière ou encore de construction de logements et de routes.

C’est lorsqu’il a abordé la question de la chasse qu’il a recueilli le plus d’applaudissements, sans surprise puisqu’il s’agit d’un des enjeux les plus importants pour la région.

Les partisans étaient réunis en grand nombre dans un entrepôt sur le tarmac de l’aéroport du Grand Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

Lors de son dernier passage à Sudbury, le 19 mars dernier, Pierre Poilievre avait donné une conférence de presse dans laquelle il annonçait que son gouvernement accorderait tous les permis fédéraux nécessaires pour l’exploitation de l’important gisement minier du Cercle de feu, à l’intérieur d’un mois.

Convaincre les indécis

Les dernières projections de l’agrégateur de sondage pour la circonscription de Sudbury, 338 Canada, donnent une avance aux libéraux qui seraient à 53% des intentions de vote tandis que cette donnée se chiffre à 32% pour les conservateurs.

Cet arrêt dans la ville du nickel pourrait être une dernière tentative du leader politique de convaincre les indécis et ceux qui n’ont pas encore voté de pencher vers le vote bleu lors du scrutin de lundi.

Les communications du parti aux membres invitaient d’ailleurs les partisans à amener des membres de leur famille et des amis au rassemblement.

Pierre Poilievre, qui se tenait debout sur une camionnette, a beaucoup interagi avec la foule, ayant même une discussion avec une partisane en plein milieu de son discours. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

En outre, dans son allocution, Pierre Poilievre a lancé une invitation directe à l’assistance de demander à leur entourage de voter pour les candidats locaux, à Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, Sudbury et même Nipissing-Timiskaming.

Ceux-ci étaient d’ailleurs présents dans la salle et ont également offert un discours, eux qui sont tous talonnés par leurs adversaires libéraux dans leur circonscription respective.

Pierre Poilievre est le seul chef à avoir été dans la ville du nickel lors de cette campagne fédérale éclair de 36 jours. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, était quant à lui à Timmins le 13 avril, et Mark Carney, premier ministre et chef du Parti libéral, à Sault Ste. Marie vendredi.

Les partisans optimistes

Parmi ceux qui ont fait le déplacement ce samedi soir, on compte quelques francophones, dont certaines figures publiques.

« Regardez M. Carney, il a éliminé le ministre des aînés, le ministre des femmes et celui des Langues officielles »
— Evelyn Dutrisac

« On a besoin de changement. Les gens ont peur, le déficit est tellement élevé, la classe moyenne n’existe plus, tout est devenu trop cher », confie Evelyn Dutrisac, citoyenne de Chelmsford, dans le Grand Sudbury.

Celle qui a été conseillère du Grand Sudbury et candidate à la mairie de la ville croit que les nombreux déplacements du chef conservateur dans la ville de Sudbury sont un signal positif pour le Nord.

Evelyn Dutrisac a déjà voté par anticipation. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Regardez M. Carney, il a éliminé le ministre des aînés, le ministre des femmes et celui des Langues officielles, alors quel espoir pourrai-je avoir, moi, en tant que femme, francophone et personne âgée? », ajoute-t-elle.

« Ça n’a pas de sens quand on sait qu’on va constituer un quart de la population d’ici 2030. J’ai peur et je veux garder ma culture. »

Chuck Labelle, chanteur franco-ontarien bien reconnu de Sudbury, abonde dans le sens de la retraitée : « Je suis là parce que je veux m’assurer que les libéraux ne reviennent jamais au pouvoir. Je suis tellement écœuré de tout ce qui se passe. »

« Je ne suis pas beaucoup impliqué dans la politique, mais quand je vois un banquier arriver au pouvoir sans être élu, c’est très décevant. Cette histoire avec les États-Unis ça n’a rien à voir avec nous, on fait croire aux gens que c’est une grosse affaire, mais c’est niaiseux », précise celui qu’on surnomme le cowboy franco-ontarien.

Le candidat Jim Belanger est un entrepreneur très connu de Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Notre monsieur »

Patricia Pelto est bénévole pour la campagne du candidat de Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, Jim Belanger, et l’a accompagné lors de plusieurs porte-à-porte.

La citoyenne d’Azilda est convaincue que M. Bélanger est le meilleur représentant pour les francophones : « Jim Belanger est francophone et a à cœur la cause du français ».

Selon la Franco-Ontarienne, le chef conservateur est lui aussi le meilleur défenseur des francophones et sa présence à Sudbury saura faire pencher la balance à la faveur des bleus. Le Parti conservateur n’a pas remporté la circonscription de Sudbury depuis 1924.

Patricia Pelto est venue soutenir le candidat Jim Belanger de Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Pierre Poilievre, c’est notre monsieur, c’est lui qui va nous amener la vague bleue, clame la retraitée. Je suis certaine qu’il va gagner et qu’il va nous écouter. »

M. Labelle est du même avis : « Pierre Poilievre a une bonne énergie, il tient bien le coup. »

Le chef conservateur fera plusieurs arrêts dans le sud de l’Ontario ce dimanche pour le dernier jour de la campagne, notamment à Oakville et Cambridge et dans son propre comté de Carleton, en banlieue d’Ottawa.