« Plein de marde » et « extrémistes » : Drouin dit que « la machine péquiste au Québec » s’est mise en marche contre lui
OTTAWA – Le député franco-ontarien Francis Drouin n’accepte pas qu’on l’accuse depuis près de 48 heures de ne pas vouloir défendre le français, accusant « la machine péquiste au Québec » de faire de l’extrapolation. Pour Justin Trudeau, le Bloc Québécois s’attaque à Francis Drouin, car il est un Franco-Ontarien et pour le premier ministre du Québec, François Legault, c’est « un total manque de jugement ».
« Ça ne devrait pas surprendre personne que le plus récent cheval de bataille du Bloc Québécois est de s’attaquer à un Franco-Ontarien, ils savent très bien qu’ils n’aiment pas les francophones qui parlent français hors du Québec », a lancé Justin Trudeau à la période des questions mercredi à Yves-François Blanchet, s’attirant des huées des banquettes bloquistes.
Le chef du Bloc tout comme le chef conservateur demande au premier ministre de démettre Francis Drouin de sa fonction de président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie pour ses propos.
Lundi, le député de Glengarry-Prescott-Russell a traité deux témoins en comité de « plein de marde » et « extrémistes ». Les deux chercheurs, Frédéric Lacroix et Nicolas Bourdon, ont témoigné au Comité des langues officielles avec des chiffres à l’appui, sur l’anglicisation au Québec et le lien avec les études en anglais. Ils expliquent que fréquenter une université ou un cégep anglophone augmente grandement la probabilité de mener sa vie en anglais.
Selon Francis Drouin, c’est « le prendre pour un con » de prétendre que les études supérieures sont en train de contribuer à l’anglicisation du Québec.
Francis Drouin indique qu’il n’aurait pas de problème à s’excuser si les deux chercheurs en question « se sentent vexés ».
« Je n’ai pas eu de communications officielles des deux personnes donc c’est ça le problème. Tout le monde parle au nom de ces deux personnes-là, mais les deux personnes ne sont pas venues directement à moi », a-t-il dit aux journalistes.
« Franchement, j’insulte quelqu’un et je dis à la personne que j’ai insultée qu’elle a le fardeau de venir me demander des excuses. Est-ce qu’il veut qu’ils lavent son char aussi? Tsé, il y a des limites là », s’est insurgé Yves-François Blanchet.
Français : Drouin à la fois « impoli et incompétent » pour Blanchet
L’élu libéral a par la suite retiré ses propos, mais a refusé de s’excuser dans les jours suivants admettant qu’il aurait pu « mieux poser mes mots » et reconnaissant s’être « laissé emporter par la passion ». Ce dernier estime trouver « honteux » et « insultant » qu’on « extrapole ça en disant que j’insulte les gens qui défendent la langue française » affirmant qu’il a protégé la langue française « toute sa vie ».
« C’est la machine péquiste au Québec qui fonctionne. Ils ne veulent pas parler de la francophonie canadienne. Mathieu Bock-Côté passe son temps à nous insulter. Mais ce n’est pas nouveau, je suis habitué », a lancé le représentant de l’Est ontarien en entrevue après une réunion du caucus libéral.
Ce dernier n’accepte pas les accusations, particulièrement du Bloc québécois qui affirme que la protection du français serait vue comme une position extrémiste par l’élu libéral.
« C’est des gens qui lisent le Journal de Montréal et pensent que j’insulte les gens qui défendent le français et ce n’est pas ça et je trouve ça honteux. Ils savent très bien ces députés-là ce qu’ils font et oui ça m’insulte. J’ai toujours été un ardent défenseur de la francophonie et je vais le demeurer », répète-t-il.
« Si M. Drouin a un intérêt pour la langue française, il est à la fois impoli et incompétent », lui a répondu Yves-François Blanchet en conférence de presse.
Selon Francis Drouin, les événements des derniers jours démontrent que « le Bloc ne veut pas que la francophonie canadienne fonctionne, c’est ça la réalité », juge-t-il. Des arguments repris par son chef libéral à la Chambre des communes pour qui le chef du Bloc ne fait que « chercher la chicane avec Ottawa alors que la responsabilité du fédéral c’est de défendre les langues officielles à travers le pays, le français au Québec et le fait français partout au Canada ».
« Le mot de Cambronne (marde) est connu depuis très longtemps partout à travers le monde. Ce n’est pas notre député qui l’a utilisé pour la première fois. Mais d’ailleurs effectivement, il y a un excès de zèle pour laquelle il s’est excusé et a retiré ses propos », a soutenu M. Trudeau.
« C’est un total manque de jugement », dit François Legault
À Québec, le premier ministre a commenté la situation qualifiant les propos comme « un total manque de jugement ». Son ministre des Relations canadiennes, Jean-François Roberge estime que « le député avait l’occasion de s’excuser, mais il a décidé de s’enliser », a-t-il écrit en commentant les commentaires de Francis Drouin.
À Ottawa, les ministres libéraux ont pris la défense de leur collègue ontarien.
« Je connais Francis Drouin pour être un fier francophone qui s’est battu toute sa vie, par exemple, pour le droit d’éduquer ses enfants en français. Il va toujours défendre le français, toujours, et parfois il s’emporte un peu. Mais ce ne sont pas les meilleurs mots qu’il a choisis », a convenu Pablo Rodriguez, le lieutenant pour le Québec au gouvernement.
Pour le ministre des Langues officielles, le fait de faire des études en anglais au Québec n’anglicise pas la province.
« Quand on a des francophones qui étudient en français en Alberta comme moi au Campus Saint-Jean, ça n’a pas francisé la province. Si on regarde le nombre d’étudiants qu’on a au Québec, ça n’anglicise pas la province non plus », argumente Randy Boissonnault.