Premiers résultats encourageants pour le Bureau de l’immigration francophone au Maroc
OTTAWA – Les premiers résultats du programme Connexions Francophones, lancé en mars dernier pour aider les nouveaux arrivants francophones à se préparer avant leur arrivée au Canada, dépassent les espérances. Mais des améliorations sont possibles, disent des utilisateurs.
Le Bureau pour l’immigration francophone au Maroc fonctionne depuis mi-mars 2019 et déjà, la responsable du projet, Dorra Gdoura, directrice adjointe à La Cité des Affaires, parle d’un succès.
« Les chiffres vont au-delà de nos espérances! », dit-elle.
Ce service gratuit vise à donner, en ligne ou en personne, toute une gamme d’informations et de ressources d’orientation aux nouveaux arrivants francophones, dont le dossier a été accepté par le gouvernement fédéral, avant leur arrivée au Canada. Selon les statistiques fournies à ONFR+, 551 futurs nouveaux arrivants avaient bénéficié de ce service en ligne et 403 en personne, au 17 janvier 2020.
« On les reçoit en personne pour une session d’information. On en organise plusieurs fois par semaine, selon la demande. On se déplace également dans des bureaux satellites autour, en Algérie, en Tunisie… On prévoit aussi aller en Côte d’Ivoire et au Sénégal », explique Mme Gdoura.
Sur le terrain, deux personnes travaillent sur ce projet pilote financé à hauteur de 11 millions de dollars par le gouvernement fédéral, pour une durée de quatre ans. Des programmes similaires, offerts en anglais et en français, ainsi que dans d’autres langues locales, existaient déjà aux Philippines, en Chine et en Inde. Mais celui lancé au Maroc est le premier qui cible directement les personnes qui souhaitent s’installer dans une communauté francophone en situation minoritaire.
Des améliorations possibles
Originaire de Tunisie, Achraf Ayadi a bénéficié d’une de ces sessions d’information, avant d’arriver à Ottawa en avril 2019, avec sa femme et leur enfant de trois ans.
« C’était hyper important d’avoir quelqu’un pour répondre à nos questions, partager son expérience… On avait des questions sur le marché de l’emploi, le logement, les lois… Tout est très différent ici! Ça nous a aidés à éviter les mauvaises surprises et nous a permis de lever plusieurs de nos incertitudes », explique celui qui est venu s’établir au Canada pour la sérénité, la sécurité et la paix qui y règnent.
Un peu moins enthousiaste, Boutaina Berrada, venue du Maroc fin octobre, dit avoir apprécié les informations recueillies et le temps passé à répondre à ses questions et celles de son mari. Mais elle identifie certains manques.
« Les informations que nous avons reçues étaient utiles, mais ce que j’aurais aussi aimé avoir, ce sont des informations sur les premières étapes quand on arrive. Des choses concrètes quand tu débarques à l’aéroport, sur les finances, la santé, le numéro d’assurance sociale, l’achat d’une voiture… Tu fais quoi en premier? Comment tu t’y prends concrètement pour louer un appartement? Quand nous sommes arrivés, nous sommes allés au YMCA, mais c’est surtout les gens autour qui nous ont aidés. Heureusement, on avait quelques amis et de la famille ici. »
Un avis que partage M. Ayadi.
« La session d’information répond à 90 % des questions, mais il en reste toujours des défis quand on arrive. Ça aiderait d’avoir un service clairement identifié auquel on pourrait s’adresser dès qu’on est ici, notamment pour nous aider avec les procédures administratives. »
Mme Gdoura le reconnaît, des améliorations sont possibles.
« Le programme vient de commencer. Ce n’est qu’un début et c’est sûr qu’il y a des améliorations possibles. Nous sommes ouverts aux commentaires. »
Un lien avec la communauté francophone
Avec leur famille respective, Mme Berrada et M. Ayadi ont choisi de s’établir dans une communauté francophone en situation minoritaire, à Ottawa.
« J’avais des amis à Montréal, mais Ottawa me semblait être une bonne place, une ville jolie et accueillante pour les familles », explique M. Ayadi.
L’objectif du programme Connexions Francophones est aussi de faire le lien avec la communauté francophone sur place.
« On encourage les nouveaux arrivants à inscrire leurs enfants dans les écoles de langue française. Et jusqu’ici, c’est ce qu’ils font tous! », illustre Mme Gdoura.
Elle précise également qu’une fois la session d’information avec le Bureau du Maroc achevée, les nouveaux arrivants sont mis en contact avec des organismes provinciaux, selon le choix d’établissement, afin de donner des informations plus précises.
La Cité qui coordonne le projet travaille ainsi avec Actions interculturelles de développement et d’éducation inc. en Ontario, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique et la Société de la francophonie manitobaine (SFM).
Directrice générale d’Accueil francophone, l’organisme qui gère le dossier de l’immigration au sein de la SFM depuis 2003, Bintou Sacko, dresse un portrait flatteur de cette première année de collaboration.
« L’aiguillage se fait très bien. Une fois que les futurs nouveaux arrivants ont fait leur première session d’information, on nous réfère ceux qui choisissent le Manitoba et on prend le relais. On peut alors leur donner des informations spécifiques par Skype, à l’aide de vidéos ou en répondant à leurs courriels. On reçoit beaucoup de questions sur la santé, les transports, les banques, l’emploi, les écoles… C’est rassurant pour eux et ça les prépare mieux. Ils ont déjà des repères quand ils arrivent. »