Projet de loi 60 réformant la santé : de nouveaux vices cachés?
TORONTO – La Coalition ontarienne de la santé (Ontario Health Coalition – OHC) a dévoilé aujourd’hui une analyse du projet de loi 60 de 2023 dénonçant l’existence de vices cachés avec l’extension du recours aux cliniques privées dans le système de santé, notamment une dérèglementation des professionnels de la santé, permettant l’embauche de personnel non qualifié.
Natalie Mehra, directrice exécutive de l’OHC, et France Gélinas, députée de Nickel Belt, porte-parole en santé du Nouveau Parti démocratique, ont tenu ce jeudi une conférence de presse à Queen’s Park sur le projet de loi 60 de 2023 : « Concernant votre santé ».
Parmi les principales ruptures mises en avant, par rapport à la précédente législation, une section permettrait au gouvernement de nommer comme directeur (ou directeurs) une personne (ou une société) qui n’est pas un employé du ministère de la Santé et ayant la main mise sur l’extension de la privatisation.
Le rapport met également en avant la dérèglementation du personnel de soins de santé, dont les médecins et le personnel infirmier, dans les cliniques privées et dans le système de santé en général, permettant l’embauche de travailleurs moins ou pas qualifiés ainsi qu’une non transparence sur les informations des candidats des nouvelles cliniques privées.
« On a déjà vu un certain nombre d’erreurs médicales en Ontario, et c’est ce qui va arriver encore plus en allégeant la législation. Aucune des régulations de protection du service public ne s’appliquent aux cliniques privées », craint Mme Mehra.
Selon France Gélinas, la seule motivation du relâchement de la législation serait le profit, alors que le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario a estimé la pénurie à laquelle fait face l’Ontario à plus de 30 000 infirmières.
« Il y a beaucoup d’infirmières en Ontario. Nombre d’entre elles ont démissionné à cause de l’épuisement professionnel et de mauvaises conditions de travail. L’une des seules solutions et de les attirer à nouveau en améliorant ces conditions », a également ajouté la directrice exécutive de l’OHC.
Questionnée à ce sujet durant une conférence de presse aujourd’hui, la ministre de la Santé Sylvia Jones contourne la question en faisant référence au programme De plein droit inclus dans le projet de loi, qui permet aux travailleurs de la santé déjà inscrits ou titulaires d’un permis d’exercer immédiatement en Ontario sans devoir attendre leur inscription officielle auprès des ordres de réglementation des professionnels de la santé de l’Ontario.
Cela clôt une nouvelle semaine sous tension à Queen’s Park sur la santé entre le Parti progressiste-conservateur et l’opposition officielle, véhémente à l’égard d’un désinvestissement du gouvernement en santé publique. Ont notamment à nouveau été mentionnés : les salles d’opération en hôpital fermées pour cause de manque de personnel et le projet de Loi 124 qui plafonne les salaires des travailleurs de la santé.
Article mis à jour le 10 mars à 13h05.