Rentrée à Queen’s Park : UOF, LSF et TFO au menu francophone
TORONTO – 34 jours après l’élection de Doug Ford à la tête de l’Ontario, les députés sont de retour en chambre, ce mercredi. Côté francophonie, plusieurs dossiers risquent de s’inviter sur la table des parlementaires.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Certes, les relations entre Doug Ford et les Franco-Ontariens n’ont pas mal commencé. Mais la nomination de Caroline Mulroney au poste de ministre déléguée aux Affaires francophones s’est accompagnée de la fin de l’indépendance dudit ministère. Une note amère pour beaucoup.
La semaine dernière, le Nouveau Parti démocratique (NPD), dorénavant premier parti d’opposition à Queen’s Park, a tiré en premier contre le gouvernement Ford, par voie de communiqué.
« Les libéraux de Mme Wynne utilisaient les intérêts des Franco-Ontariens à des fins partisanes, en ayant créé un ministère qui n’avait de ministère que le nom, en ceci qu’il ne disposait pas des ressources nécessaires pour accomplir les tâches qu’imposaient les besoins réels de la communauté francophone. (…) Et maintenant, sous un gouvernement Ford, la communauté francophone continuera d’être ignorée », avait fait part la porte-parole aux Affaires francophones – au moins jusqu’à l’automne – France Gélinas.
En entrevue pour #ONfr, la députée de Nickel Belt s’engage à rencontrer au plus vite Mme Mulroney. « Je ne la connais pas du tout. Je ne lui ai jamais parlé, mais on va devoir travailler ensemble. »
Trois dossiers seraient d’ores et déjà sur la table des néo-démocrates pour l’été.
« Il y a d’abord la mise à jour de l’Université de l’Ontario français (UOF), voir où cela en est, la refonte de la Loi sur les services en français (LSF), mais aussi TFO. Sur ce dossier, je veux avoir une discussion au plus vite avec elle. »
Les compressions à TFO annoncées le 14 juin dernier ont déclenché une vague de mobilisation dans la communauté franco-ontarienne. Interrogée sur les priorités francophones de son parti, la députée libérale Nathalie Des Rosiers cite même, en premier, l’avenir de la chaîne publique francophone de l’Ontario.
« On veut parler aux membres du conseil d’administration de TFO, comprendre leur perspective. Est-ce que ça aurait pu être évité? »
Unanimité pour la modernisation de la LSF, mais éternelle attente
L’édification de l’UOF et la revitalisation de la Loi sur les services en français restent les dossiers habituels des dernières années. Sauf que le premier avance maintenant beaucoup plus vite. L’ouverture du campus dans la région de Toronto est prévu pour 2020, et on connait depuis quelques jours le recteur par intérim du futur établissement.
Sur l’UOF, Mme Des Rosiers souhaite d’ailleurs que le gouvernement ne « minimise pas le projet ».
De son côté, la refonte de la LSF n’a toujours pas connu le coup d’accélérateur attendu. Au pouvoir jusqu’en juin, les libéraux disent ne pas avoir eu le temps de tenir leur engagement de revoir la loi emblématique de 1986 pour les francophones.
Dans le sondage de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), publié pendant les élections provinciales, les trois partis principaux s’entendaient sur une modernisation de la LSF. Mais la méthode différait.
Le NPD privilégierait une « large consultation » pour engager la refonte, tandis que les libéraux ne donnaient aucune garantie que cette modernisation passerait par une désignation de toutes les régions de l’Ontario. Les progressistes-conservateurs, quant à eux, ne précisaient pas leur méthode.
« Nous surveillerons aussi le renouvellement de l’enveloppe du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO) et s’assurer que les conseils scolaires francophones aient de l’argent au besoin », précise Mme Des Rosiers.
Précisons que Marie-France Lalonde n’avait pas encore été nommée officiellement porte-parole aux Affaires francophones pour son parti au moment de l’entrevue avec Mme Des Rosiers.
« Rester aux aguets »
Cette session d’été est en tout cas particulière. La journée de mercredi sera consacrée à l’élection du président de l’Assemblée législative, tandis que la lieutenante-gouverneure, Elizabeth Dowdeswell prononcera le discours du Trône demain, à 14h. Les débats à l’Assemblée législative reprendront un aspect plus formel le lundi 16 juillet, et ce pour une durée de deux à trois semaines.
« On sent que Doug Ford veut laisser sa marque dès le départ », analyse la politologue du Collège militaire royal du Canada, Stéphanie Chouinard. « D’un point de vue de ses promesses faites aux francophones, il faut rester aux aguets et se méfier des volte-faces. »
Pour l’universitaire, deux domaines doivent être placés sous le radar : l’immigration et la santé.
« Il pourrait y avoir des coupures en santé qui auraient un impact sur les francophones du fait que M. Ford cherche des « efficacités ». Le dossier de l’immigration francophone m’inquiète aussi. Ça me sidère qu’il n’y ait plus de ministre responsable de l’immigration au sein de son cabinet. »
Interrogée par #ONfr dès sa nomination aux Affaires francophones, le 29 juin, Mme Murloney était restée évasive sur ses priorités.
« On a besoin des accès à des soins de santé, et de pouvoir vivre notre vie dans notre province, et dans la langue que nous parlons. » Et de conclure : « C’est une grande responsabilité, j’ai besoin de me renseigner un peu plus. »