Réouverture des salles : le milieu culturel réagit

Les salles de spectacle pourront remplir la moitié de leurs sièges dès demain. Source: Canva

Le secteur culturel accueille avec optimisme les assouplissements des restrictions sanitaires annoncés par le gouvernement ontarien. À partir de ce jeudi, tous les théâtres de la province pourront accepter des spectateurs jusqu’à 50% de leur capacité, puis à pleine capacité à compter du 1er mars.

« C’est fantastique de pouvoir retrouver les gens et de les réinviter dans les salles de spectacle. C’est quelque chose que l’on attendait depuis longtemps! », lance le directeur de l’organisme culturel Les compagnons des francs loisirs, à North Bay, Arnaud Claude, en entrevue avec ONFR+, assurant dans le même temps que toutes les mesures sanitaires encore en place seront respectées à la lettre.

Bien qu’heureux des annonces, le milieu artistique se garde tout de même une certaine réserve face aux assouplissements. Alors que les restrictions sanitaires se sont assouplies et endurcies plusieurs fois auparavant, certains craignent que le scénario se reproduise. « On se croise les doigts en espérant qu’il n’y ait pas un variant encore plus contagieux qui fera son apparition », espère Marie-Noël St-Cyr, directrice du Centre Frontenac, à Kingston.

« Le gouvernement a des règles très spécifiques pour les restaurants, les gymnases, les cinémas, mais quand vient le temps des arts vivants, c’est nous qui avons dû quémander des réponses », critique de son côté la directrice artistique du Théâtre français de Toronto, Karine Ricard.

« Nos spectacles génèrent de bons revenus pour la Ville de Toronto par le tourisme et de voir qu’on est si souvent oublié dans les annonces gouvernementales, c’est assez frustrant. »

Les défis particuliers des arts vivants

Bien que le mouvement de va-et-vient réglementaire ait frappé l’ensemble du secteur culturel, les organismes présentant des pièces de théâtre ont été particulièrement affectés dans leur programmation. Au théâtre Catapulte, à Ottawa, de nombreuses pièces ont été repoussées à 2023, suite au resserrement des mesures en décembre dernier.

« Les fermetures durent un mois, un mois et demi, ce qui nous oblige à prendre des décisions puis après on se dit que dans le fond on aurait pu le faire ce show-là », se désole la directrice artistique, Danielle Le Saux-Farmer.

Du côté du Théâtre français de Toronto, la possibilité de repousser des spectacles est exclus. « Nous faisons notre programmation en amont alors notre année 2023 est déjà pleine. Si l’on repousse un spectacle d’un an, la saison sera trop grosse », explique Karine Ricard.

Karine Ricard, directrice artistique du Théâtre français de Toronto. Gracieuseté

Selon Danielle Le Saux-Farmer, un spectacle théâtral demande un temps de préparation plus important que pour d’autres représentations comme les concerts où les artistes peuvent se voir et répéter quelques heures avant de monter sur scène.

« Pour un show de théâtre, il faut mobiliser toute une équipe pour monter le décor, le jeu de lumière et parfois des vidéos. De plus, les acteurs doivent passer par une intense période de répétitions et de peaufinage avant de présenter la pièce au public. On ne peut pas avoir annulé un spectacle puis dire que finalement on va le faire dans deux semaines », raconte la directrice artistique du Théâtre Catapulte.

Sauver la saison

Alors que tous espèrent un retour à la normale, les organismes culturels ont dû se réinventer durant la pandémie afin de conserver leurs saisons de spectacles. « Nous avons travaillé à des plans B et C pour notre programmation en communiquant avec les artistes et leurs gérants. On a réussi à garder la saison. Nous sommes aussi devenus des experts en présentations virtuelles avec les écoles françaises de la région ainsi qu’avec notre grand public », se souvient Marie-Noël St-Cyr du Centre Frontenac.

Le théâtre l’Octave du Centre Frontenac, à Kingston, va pouvoir à nouveau accueillir du public en plus grande capacité. Gracieuseté

Même son de cloche du côté des Compagnons des francs loisirs : « Les ouvertures et fermetures impliquent énormément de travail. Émotionnellement, c’est très fatigant aussi. On a dû danser entre les différentes annonces depuis deux ans. On était arrivé à un point où l’on prévoyait jusqu’au plan C pour les activités communautaires et culturelles », explique Arnaud Claude dont l’organisme s’est également tourné vers le numérique.

L’annonce du gouvernement de l’Ontario est ainsi porteuse d’un nouvel espoir pour le secteur culturel qui souhaite voir un dénouement à ces deux années de défis. « Si l’on écoute le vocabulaire utilisé par les autorités gouvernementales et médicales, elles disent que nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus. C’est encourageant », conclut Marie-Noël St-Cyr.