Santé en français à Etobicoke : « Il y a maintenant des services! »

Le directeur de l'organisme Reflet Salvéo, Gilles Marchildon, et le commissaire aux services en français de l'Ontario, Me François Boileau. Gracieuseté

ETOBICOKE – Les milliers de francophones d’Etobicoke n’avaient jusqu’à maintenant accès à aucun soin de santé dans leur langue. Les acteurs de la santé du secteur se sont mobilisés et annoncent une petite révolution en matière de services en français.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

#ONfr rapportait il y a un an les déboires d’une famille immigrante francophone habitant à Etobicoke. « Un service de proximité, il y en a pas. Sur le plan de distance, il y en a pas. Et sur le plan linguistique, c’est encore plus compliqué. Le service en français n’est pas assuré », confiait alors avec désespoir, Degaulle Makayabu, un nouveau canadien.

L’organisme Reflet Salvéo, qui conseille le réseau de la santé du grand Toronto au sujet des services en français, s’était aussi mis de la partie en menant une étude fouillée sur la question et les besoins de la communauté.

Degaulle Makayabu, résident d’Etobicoke, dénonçait vigoureusement le manque de services de santé en français dans son secteur, l’an dernier

Un an plus tard, une pléiade d’acteurs de la santé annoncent de nouveaux services.

« Il y a maintenant une médecin qui parle français, également une chargée de cas pour accueillir et les inscrire les patients, puis un promoteur de la santé qui organise des ateliers pour prévenir et gérer ses problèmes de santé », a confié avec fierté Gilles Marchildon, directeur de l’organisme Reflet Salvéo, en marge d’un conférence de presse pour annoncer la nouvelle.

Cette nouvelle offre voit le jour grâce au bon vouloir du Centre de santé communautaire de Rexdale. « On a débuté des discussions avec eux et ils se sont montrés ouverts et enthousiastes. Ils voulaient mieux répondre aux besoins de la communauté. Le centre se cherchait un médecin et ses dirigeants ont fait l’effort de plus pour qu’il soit bilingue », a expliqué M. Marchildon.

Si l’embauche d’un médecin bilingue n’était accompagné d’aucun incitatif financier, le réseau de la santé de Toronto a fourni une enveloppe supplémentaire pour l’embauche d’un promoteur de la santé capable de parler français. Ce dernier offrira différents ateliers, notamment sur la prévention des maladies, le traitement du diabète ou encore la santé mentale, notamment.

Cet offre inédite pour les francophones d’Etobicoke viendra transformer la vie de milliers de francophones, selon les organismes impliqués.

« Il y a au moins 4 200 francophones. C’est une population composée principalement de nouveaux arrivants qui font face à de nombreux nouveaux défis, notamment financier et culturel », a soutenu M. Marchildon.

L’étude menée par l’organisme indiquait que le pourcentage de francophones ayant un médecin de famille dans ce secteur était beaucoup plus bas que pour les autres citoyens de Toronto.

La directrice du Centre de santé communautaire de Rexdale, Safia Ahmed, n’a pas été difficile à convaincre. Elle a constaté un véritable besoin. « Nous constations une grand nombre de francophones qui s’installaient dans notre quartier. Nous avons un organisme communautaire et nous voulons représenter notre communauté », a-t-elle confié à #ONfr.

Recruter un médecin bilingue n’a cependant pas été une tâche simple. « Ça n’a pas été facile à trouver. On a travaillé très fort. Nous avons fait circuler notre poste dans différents cercles bilingues et francophones. Il nous aura fallu plusieurs mois pour atteindre notre objectif », explique-t-elle.