Simard réfléchit, l’AFO lui demande de rester au gouvernement
ST-ISIDORE – La députée progressiste-conservatrice Amanda Simard dit avoir encore espoir de faire reculer son gouvernement, même si elle réfléchit toujours à son avenir. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) préférerait la voir continuer à siéger aux côtés de Doug Ford.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Devant ses résidents, ce dimanche, la députée franco-ontarienne de Glengarry-Prescott-Russell, Amanda Simard, a invité les Franco-Ontariens à maintenir la pression.
« Suite à nos pressions, le gouvernement a partiellement fait marche arrière. (…) Personnellement, je crois que c’est un seul pas en avant, pour trois pas de recul. Si nous laissons faire de telles concessions, il ne restera plus grand-chose de nos acquis dans quelques années », a-t-elle lancé dans son mot d’ouverture, sous un tonnerre d’applaudissements.
Dans les locaux de l’aréna de St-Isidore, plus de 300 personnes étaient venues entendre Mme Simard. Beaucoup l’ont félicitée pour son message de mercredi, sur les médias sociaux.
L’ancienne conseillère municipale du Canton de Russell, adjointe parlementaire à la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, y avait vivement dénoncé les décisions d’abolir le Commissariat aux services en français et d’abandonner le projet d’université franco-ontarienne, annoncées dans l’énoncé économique du gouvernement de Doug Ford.
Vendredi, quelques heures seulement après les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement pour les Franco-Ontariens, elle avait également partagé une lettre d’appui de la communauté juridique franco-ontarienne, signée par 111 juristes et avocats à son intention, avec un commentaire aussi laconique que révélateur : « Résistons ».
Simard en réflexion
Dans le public, beaucoup ont toutefois questionné son maintien au sein du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario.
« Comment pouvez-vous encore vous associer à un parti hostile aux francophones? », a lancé un résident, sous les applaudissements, pendant qu’une autre l’invitait à quitter le gouvernement pour siéger comme indépendante.
Les rumeurs vont bon train ces derniers jours sur la volonté de plusieurs députés progressistes-conservateurs, dont Mme Simard, de quitter le navire, rapportait le Toronto Star. En mêlée de presse, la députée franco-ontarienne a dit encore espérer renverser les décisions qui touchent les Franco-Ontariens.
« Je me suis alliée à un parti qui se rapproche le plus de mes convictions, mais quand ça vient le temps de la francophonie, c’est très important pour moi. L’argument économique ne peut pas justifier de fermer des institutions essentielles. (…) Je tiens le coup pour voir si on peut faire renverser les deux décisions », a-t-elle expliqué, ajoutant que son avenir au sein du parti « reste à voir », si celui-ci ne change pas de direction dans le dossier francophone. « Ce n’est pas des décisions qu’on prend à la légère », a-t-elle commenté.
Ses dénonciations en privé et en public ne semblent toutefois pas avoir fait changer d’avis le gouvernement. Pourtant, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Carol Jolin insiste que Mme Simard doit rester en place.
« C’est à Mme Simard de prendre la décision, mais nous l’encourageons à rester avec le parti [progressiste-conservateur]. Elle est une « star » pour les francophones maintenant. Elle s’est battue pour nos droits et est restée fidèle à ses valeurs. Elle est une fière francophone et il est vraiment important d’avoir des personnes comme elle au sein du gouvernement, prêtes à parler à M. Ford et à lui dire quand les décisions sont mauvaises. »
« On a besoin d’elle à l’interne pour défendre nos acquis. En devenant indépendante, elle perdrait son pouvoir » – Jacques Héroux, président sortant ACFO Prescott-Russell
Un avis que partage le président sortant de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) de Prescott-Russell, Jacques Héroux.
« Nous avons une alliée avec Mme Simard. Je ne pense pas que ce serait un geste sage de partir. (…) C’est une députée d’arrière-ban, dans une circonscription très éloignée de Toronto, rurale, francophone… Je pense que ce n’est pas dans les priorités de M. Ford présentement, mais c’est important qu’elle continue à faire valoir les intérêts de sa communauté, de notre communauté! »
Accord du parti?
La députée a toutefois expliqué ne jamais avoir songé à la démission.
« Je veux faire partie d’une équipe qui va me permettre de bien représenter les gens. Je veux être capable de dire clairement ce que mes gens veulent, car c’est la raison d’être d’un député. En ce moment, dans l’équipe, je me sens quand même libre, j’ai dénoncé les deux décisions », a-t-elle rappelé.
Toutefois, le Toronto Star suggérait également récemment que Mme Simard aurait eu l’accord de son parti avant de publier son fameux message de dénonciation sur les médias sociaux.
« Je ne sais pas d’où ça vient », a assuré la députée. « J’ai dit au premier ministre que j’étais en désaccord avec les deux décisions. Je ne pense pas que ça prend une permission pour jouer le rôle de député et d’exprimer la façon dont les gens se sentent. Je lui ai dit que j’allais dénoncer. »
Présente le 1er décembre
Une quarantaine de manifestations sont prévues, le samedi 1er décembre, devant les bureaux de circonscription des députés progressistes-conservateurs à travers la province. Mme Simard a assuré qu’elle sera présente aux côtés des Franco-Ontariens.
« Ça ne vous donne rien de venir à mon bureau, car je prévois venir avec vous, probablement à Ottawa », a-t-elle lancé.
Selon l’AFO, 3 200 personnes sont déjà inscrites pour ces rassemblements et 35 000 dollars de dons ont été enregistrés.
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