La Ville de Toronto continue d'envoyer des sondages sans possibilité de répondre en français. Source : Canva

TORONTO – Un questionnaire en anglais, en mandarin, en cantonais, en tagalog, en tamoul ou encore en espagnol… Mais pas de français. C’est le formulaire « multilingue » reçu par plusieurs résidents de la Ville Reine. Cette exclusion de la langue officielle canadienne fait vivement réagir l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO).

Ce sondage général à l’attention des résidents, daté de février 2024, a notamment pour vocation de récolter l’avis des Torontois sur le transport, l’accès aux programmes communautaires, la sécurité, le logement, etc.

Il est présenté comme un « engagement à améliorer la compréhension du bien-être et de l’expérience des voisinages dans leur diversité ». Pourtant, les seules langues dans lesquelles il est possible d’y répondre s’avèrent être l’anglais, le mandarin, le cantonais, le tagalog, le tamoul et l’espagnol.

« Alors que la diversité culturelle et linguistique de Toronto est célébrée, il est regrettable de constater que le français, l’une des langues officielles du Canada, a été négligé dans cette initiative de consultation », déplore l’ACFO dans un communiqué de presse, questionnant l’inclusivité de cette omission.

Une copie de l’invitation à répondre au sondage en ligne. Gracieuseté ACFO-Toronto

« Les résidents francophones de Toronto méritent d’avoir la possibilité de participer pleinement au processus démocratique, en comprenant et en répondant au sondage dans leur langue maternelle. »

Alertée par une Franco-Torontoise dans l’incapacité d’accéder aux questions en français via le formulaire en ligne, la présidente de l’ACFO-Toronto Zahra Diallo estime qu’il s’agit d’un problème récurrent vieux de plusieurs années.

« Nous avons maintenant une nouvelle mairie et, avec ça, l’espoir qu’ils feront un effort dans ce sens »
—  Zahra Diallo, présidente de l’ACFO Toronto

« Parmi les arguments avancés par le passé par la mairie, le nombre plus important d’autres communautés et minorités ethnoculturelles au sein de la ville », explique celle-ci pour qui cela ne soustrait pas le droit du français en tant que langue officielle.

« Nous avons maintenant une nouvelle mairie et, avec ça, l’espoir qu’ils feront un effort dans ce sens. On a également porté cette problématique à l’attention du comité francophone. On espère pouvoir travailler ensemble pour régler cette question une fois pour toutes », conclut-elle.

L’organisme entend ainsi convaincre la Ville de prendre des mesures pour inclure le français dans ses prochains sondages « garantissant ainsi que tous les résidents, indépendamment de leur langue maternelle, aient une voix égale dans le processus de prise de décision ».

La Ville défend son choix, indiquant avoir plutôt tenu compte des langues les plus parlées plutôt que des langues officielles : « La méthodologie d’enquête par échantillon aléatoire a été conçue pour maximiser les réponses dans des zones localisées spécifiques », argumente Russell Baker, gestionnaire des relations avec les médias à la Ville de Toronto.

Dans un échange de courriel avec ONFR, il indique que « l’enquête a été proposée dans les langues les plus fréquemment parlées (…). Bien que le français soit généralement inclus dans les enquêtes menées par la Ville avec des échantillons beaucoup plus vastes et ciblés, il n’a pas été inclus aux fins de cette enquête pour l’approche relativement restreinte et aléatoire ».