Un magazine qui fait connaître la culture franco-ontarienne au Québec va disparaître
Voué en grande partie à faire connaître l’art et la culture franco-ontariens au grand public québécois, le magazine en ligne Boréal annonce qu’il mettra la clé sous la porte à partir du 10 octobre prochain faute de moyens, et ce après quatre ans de publication.
Qu’on ne s’y méprenne pas, il ne s’agit pas là du collège éponyme ou d’un quelconque support médiatique appartenant à ce dernier, mais bel et bien d’un magazine culturel indépendant répondant au nom de Boréal.
Ce média en ligne basé au Québec a (ou plutôt avait) pour ligne éditoriale de faire connaître au grand public québécois la culture et les artistes francophones hors Québec et particulièrement ceux de l’Ontario.
« Avait » parce que, selon la fondatrice du magazine, Mona Rochon, les 7 151 lecteurs de Boréal, dont plus des deux tiers sont franco-ontariens issus des quatre coins de la province, cesseront de recevoir des nouvelles à partir du 10 octobre prochain.
« J’ai des origines franco-ontariennes. J’ai vécu toute mon enfance dans le nord de l’Ontario, donc je connais bien cette scène culturelle et j’avais envie de la faire découvrir au public québécois qui représente le tiers de mon lectorat », relate Mme Rochon.
Et d’ajouter : « Malheureusement, lorsque les artistes d’ailleurs arrivent au Québec pour faire carrière, ils deviennent des artistes québécois aux yeux du public, comme Damien Robitaille qui vient de Lafontaine en Ontario pour ne citer que ce cas. C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de parler de ces artistes et de leur origine. »
Toutefois, si l’idée paraissait de bonne intention et bien campée sur le papier, dans la pratique, c’est une tout autre histoire. En effet, malgré un lectorat au rendez-vous (comparativement à la taille du support) et une richesse dans les sujets traités, la fondatrice n’a pas pu tenir la barre plus de quatre ans.
Manque de temps et surtout d’argent
Et pour cause, Mona Rochon manque d’abord de temps, puisqu’elle travaille actuellement en tant qu’enseignante de français à l’alliance française d’Ottawa tout en résidant au Québec, et c’est bien là où le bât blesse!
« Mon magazine et moi sommes basés au Québec et c’est bien là où réside toute ma difficulté, car je ne peux pas être qualifiée aux subventions pour les médias en milieu minoritaire. Pendant quatre ans, Boréal a fonctionné sans aucun fond ou subvention à part un montant versé au début par une mécène de mon entourage. L’année dernière, j’ai fini par puiser dans mes propres fonds pour maintenir Boréal en vie, mais là ce n’est plus tenable », explique Mme Rochon.
Allez voir ailleurs!
Quant aux annonceurs, l’ancienne journaliste raconte que les entreprises québécoises n’étaient pas du tout intéressées par diffuser leur publicité dans le magazine sous prétexte que celui-ci ne parlait pas des artistes québécois, alors même qu’à l’époque, 50 % des lecteurs étaient aux Québec, d’après la fondatrice du média.
« Les annonceurs et les entreprises québécoises que j’ai démarchés ne voulaient rien savoir. Ils me disaient d’aller voir les entreprises en Ontario, et en Ontario, ils me disaient d’aller voir les firmes du Québec même si, là aussi, il s’agit principalement dans mes publications d’artistes franco-ontariens », se rappelle cette dernière.
Petite consolation, l’ancienne journaliste nourrit toujours l’espoir de trouver les fonds nécessaires afin de faire renaître Boréal de ses cendres, car elle pense toujours, et à juste titre, qu’il existe un vide concernant la médiatisation au Québec des artistes francophones hors Québec en général et ceux appartenant à la francophonie ontarienne en particulier.