Un salon de coiffure qui fait du bien à la communauté noire de Sudbury
SUDBURY – Un entrepreneur franco-ontarien a lancé, trois années plus tôt, un salon de coiffure avec des services capillaires destinés aux personnes noires et afrodescendantes. Depuis, son salon est devenu très populaire auprès de la communauté noire, elle-même de plus en plus présente dans la région.
Arrivé il y a trois ans, Joël Bikalala est déjà bien intégré dans la communauté du Grand Sudbury. Dans le Nord de l’Ontario, et à Sudbury, le besoin de services pour les personnes noires est criant. C’est ce qui a incité le jeune entrepreneur à ouvrir son commerce.
« Il y avait des gens qui me disaient qu’ils roulaient jusqu’à Toronto, jusqu’à Ottawa pour se faire coiffer », soutient le jeune homme d’origine congolaise avant d’ajouter que le problème était que les salons existants n’avaient pas la meilleure expertise pour les cheveux de type afro.
Le salon de coiffure, Bk Salon, a ouvert ses portes peu après le début de la pandémie, et a connu, malgré les défis, une croissance exponentielle.
Selon Joël Bikalala, le bouche-à-oreille entre les membres de la communauté noire en est une grande raison.
Celui-ci raconte que des connaissances à lui ne se rendaient pas en salon avant l’ouverture du sien en invoquant le froid légendaire du Nord. « Ce qui est drôle c’est que ces mêmes personnes sont venues se faire coiffer chez moi, donc en fait ce n’était pas vraiment le froid qui posait problème », ironise-t-il.
Un salon pour tous
Aujourd’hui, le salon est fréquenté par toutes les communautés culturelles de la ville, une fierté pour le propriétaire qui poursuit en parallèle des études en administration des affaires au Collège Boréal.
L’attractivité de son commerce s’explique aussi par ses prix, concurrençant ceux pratiqués par la concurrence et même ceux dans le Sud de la province.
« La majorité des autres salons facturent leur coupe à 30 $, moi je la fais à 20 $ et en plus je te fais la barbe sans extra », observe Joël Bikalala.
Une formule qui séduit, notamment, la clientèle indienne, très présente à Sudbury et dont « les cheveux poussent très vite ».
La localisation du salon, en plein centre-ville, a aussi été pensée pour faciliter les déplacements de la clientèle, notamment les étudiants et les personnes plus vulnérables.
« Maintenant, j’ai même des gens qui viennent me voir de North Bay, Toronto, Ottawa pour se faire coiffer chez moi, car ils savent que je sais ce que je fais », raconte celui qui travaille seul mais compte embaucher des employés permanents au mois de juin.
Plus qu’une coiffure
L’expérience va au-delà du service de coiffure, selon M. Bikalala, qui se réjouit de recevoir ses clients avec un accueil personnalisé.
« Je me sens vraiment comme chez moi ici », confie David Mpakasa, un étudiant d’origine congolaise, fidèle client du salon.
Le jeune homme explique aussi qu’il apprécie venir au salon pour faire des rencontres interculturelles : « En venant ici, je peux voir aussi d’autres cultures, des Ivoiriens, des Gabonais, on parle, on tisse des liens. »
Ce dernier avoue en profiter pour se confier auprès de son coiffeur, qui officie également en tant que pasteur centre évangélique Nouvelle Alliance partageant le même bâtiment.
Une présence de plus en plus forte
La communauté noire est de plus en plus visible dans le Nord et à Sudbury, une donnée confirmée dans le dernier recensement dévoilé par Statistique Canada pour l’année 2021. De près de 1455 personnes en 2016, la population noire est passée à 4030 en 2021 dans la localité du Grand Sudbury, soit plus du double.
Une étude menée par le Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario (RSIFNO) en novembre dernier a démontré l’existence d’une grande discrimination à l’endroit des personnes noires francophones dans la ville du Nickel.
Le Programme d’appui aux entrepreneurs noirs du nord de l’Ontario (PAENNO) est une initiative de développement économique dans le Nord mise en place en juillet 2022. Le nombre d’entreprises montées par des personnes noires est, lui aussi, en constante augmentation, particulièrement depuis la pandémie.
Selon Charles Nana Yaw Kwarteng Bekai, coordonnateur des programmes et des événements pour l’organisme, la population de Sudbury accueille favorablement la création de ces entreprises appartenant à des personnes noires.
« Les gens sont prêts à partager leur expertise, leurs connaissances avec nous et avec nos clients, les gens se sont mis à disposition pour le faire », juge-t-il.
37 entreprises ont pu, jusqu’à présent, bénéficier de l’initiative dans la ville du Nickel.