Jean-Paul Brosseau a décidé d'offrir des repas pour célébrer la mémoire de sa fille et de son oncle récemment décédés. Gracieuseté

SUDBURY – Des centaines de familles ont droit à un bon souper de Noël grâce à celui que certains surnomment le Père Noël de Sudbury. Alors qu’il souhaitait offrir une vingtaine de repas, celui-ci a finalement largement dépassé son objectif.

Tout a commencé il y a trois semaines, quand Jean-Philippe Brosseau, de la communauté Chelmsford à Sudbury, a décidé d’offrir 25 repas de Noël à des familles dans le besoin à une période où l’inflation n’épargne plus personne.

À l’origine de cet altruisme, il y a ce double coup dur du destin. Le décès, au mois d’août, de sa fille unique et peu de temps après de son oncle, dont il était très proche et qu’il considérait comme un frère.

« Ça m’a donné l’impulsion de vouloir faire ça, pour eux », confie-t-il en retenant difficilement ses larmes.

Difficile de ne pas remarquer le chariot de courses de Jean-Paul Brosseau dans les épiceries de Sudbury. Gracieuseté

Il a donc publié un message sur Facebook disant qu’il souhaitait donner un repas pour 25 familles, composé d’une dinde congelée, un sac de pommes de terre, une boîte de farce, un sac de carottes, un navet et une boîte de sauce aux canneberges.

En plus de ces dons de nourriture, M. Brosseau fait aussi la navette pour apporter les paquets aux personnes non motorisées. La réponse ne s’est pas fait attendre.

« Mon téléphone a juste explosé », relate-t-il.

Celui qui a investi, de sa propre poche, quelques milliers de dollars pour le projet explique que des personnes l’ont contacté par la suite, qui ont été inspirées par son geste.

Un don en inspire un autre

« Beaucoup de gens sont venus vers moi en me proposant des dons et de l’argent », s’est-il réjoui en précisant avoir reçu près de 8000 $ en argent en plus de dons en nourriture.

La ferme de patates Don Poulin de la communauté d’Azilda a elle aussi tenu à participer au projet en donnant 40 sacs de 10 livres de pommes de terre Russet d’une valeur de plus de 300 $ et, plus tard, 50 autres sacs à moitié prix.

Il a fallu faire de la place pour entreposer les dons déposés quotidiennement par quelques samaritains. Gracieuseté

« Ici à Don Poulin on est une famille alors si on peut aider les gens de notre communauté dans le besoin avec des patates, on est plus qu’heureux de pouvoir le faire », déclare Louise Mullally, cheffe de bureau pour l’entreprise appartenant à une famille franco-ontarienne depuis cinq générations.

La gestionnaire ajoute que c’est la première fois qu’elle a reçu une demande de dons de la part d’un individu se lançant seul et par lui-même dans un tel projet.

Maryse Pelland fait partie des nombreuses familles ayant bénéficié de la générosité de M. Brosseau. Cette mère de famille célibataire dit avoir eu beaucoup de mal à joindre les deux bouts cette année et avoir contacté le Sudburois dès qu’elle a eu connaissance de l’initiative.

« Je lui ai envoyé un message sur Facebook en disant que s’il y avait de la nourriture d’extra j’aimerais en prendre, et j’ai aussi offert mon aide pour faire des achats ou pour déposer la nourriture », fait part la mère de trois enfants.

« Je n’ai pas beaucoup à donner à part mon temps et en voyant comment il aide la communauté ça m’a encouragé à vouloir faire pareil à mon échelle », révèle la Franco-Ontarienne qui espère voir la jeune génération inspirée par cette histoire.

Maryse Pelland a accompagné M. Brosseau pour récupérer les sacs de pommes de terre à la ferme Poulin. Gracieuseté

Des larmes de joie

M. Brosseau a aussi réussi à obtenir un rabais en gros sur les dindes dans les épiceries de la ville.

Malgré des difficultés financières récurrentes durant ces dernières semaines et des effets néfastes sur sa santé, celui qui travaille comme mineur dans la ville du Nickel dit ne pas avoir voulu arrêter les donations jusqu’à la veille de Noël.

Au départ, il ne pouvait conserver plus de 30 dindes à la fois, car il n’avait qu’une petite section de congélation, mais a pu en conserver bien plus après avoir reçu un don de congélateur lui ayant permis de diminuer les allers-retours à l’épicerie.

Des familles ont pu obtenir leur premier arbre de Noël cette année grâce à la générosité de Sudburois. Gracieuseté

De plus en plus de personnes ont commencé à proposer de déposer d’autres dons comme des vêtements et des décorations de Noël et même des cadeaux pour enfants. À l’avant-veille de Noël, le Sudburois a distribué près de 330 dindes et repas.

« Beaucoup de gens qui sont venus récupérer de la nourriture à mon domicile se sont mis à exploser en larmes en disant à quel point ils en avaient besoin », précise celui qui dit avoir également reçu des centaines de messages simplement pour le féliciter.

Jean-Philippe Brosseau espère pouvoir continuer à aider d’autres personnes dans le besoin tant l’expérience lui a apporté du réconfort durant des temps qu’il qualifie de difficiles dans d’autres régions du monde.