La députée conservatrice Rachael Thomas en comité du Patrimoine canadien jeudi matin lors de la comparution de la ministre Pascale St-Onge. Crédit image: Capture d'écran ParlVu.

OTTAWA – La députée conservatrice Rachael Thomas n’a pas apprécié que la ministre du Patrimoine canadien Pascale St-Onge livre des réponses en français à ses questions plutôt qu’en anglais, lors d’un témoignage en comité, ce jeudi matin. La conservatrice de l’Alberta s’est par la suite excusée dans une déclaration écrite.

La ministre libérale était de passage devant le Comité permanent du Patrimoine canadien. Rachael Thomas dénonçait, devant Pascale St-Onge, le fait que « vous répondez à mes questions en français, mais qu’à d’autres questions en anglais, si elles proviennent de votre collègue libéral, vous répondez en anglais ». La représentante conservatrice a poursuivi en réclamant que ses questions trouvent des réponses en anglais, avant qu’elle ne soit interrompue par des députés de l’opposition.

« Je pense que la ministre a tout à fait le choix de répondre dans la langue de son choix. C’est insultant pour les Québécois et les francophones, ce que j’entends présentement », lui a reproché le député bloquiste Martin Champoux.

« Remettre en question le bilinguisme au pays est offensant, a enchaîné, quelques instants plus tard, le néo-démocrate Peter Julian. J’espère bien que cette députée va commencer à respecter les langues officielles et ce comité. »

Rachael Thomas a rétorqué, une minute plus tard, signalant que son observation « était qu’un député libéral s’était vu offrir la possibilité de répondre en anglais et que je n’avais pas eu la même opportunité », a-t-elle dénoncé.

« Je reconnais que nous sommes un pays bilingue et que vous pouvez certainement répondre dans les deux langues. Mais si c’est possible, j’aimerais que ce soit en anglais », a-t-elle sollicité auprès de Pascale St-Onge, avant de s’attirer une nouvelle vague de reproches de la part du Bloc, du NPD et des libéraux.

La ministre du Patrimoine canadien est originaire du Québec et s’exprime principalement en français, notamment lors des mêlées de presse, même si elle répond et donne souvent des entrevues en anglais.

« Je vais répondre dans ma langue maternelle parce que j’ai beaucoup de respect pour les questions de ma collègue et je veux être certaine d’utiliser le bon vocabulaire et de répondre de la bonne façon et d’être claire dans ma réponse », a-t-elle offert comme explication, après avoir été interrogée concernant l’entente entre Google et le gouvernement, conclue hier.

Les députés ont accès en tout temps, lors de comités, à un service de traduction simultanée en anglais et en français, via une oreillette.

Du « Speak White »

Pour la ministre St-Onge, l’épisode vécu en comité était un exemple que le Parti conservateur « ne semble pas comprendre cette importance-là de la dualité linguistique et aussi du fait français ».

« C’était très déplacé et méprisant à l’endroit des francophones et des Québécois », a-t-elle commenté en après-midi, lorsque questionnée par les journalistes au sujet de cette interaction.

Pour le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, « c’est une bonne vieille réminiscence de ce bon vieux west canadian et de ce bon vieux speak white ».

« Je suis au Canada et tu dois me parler en anglais si je veux parler en anglais, avec un mépris suintant. Les Conservateurs se définissent eux-mêmes », a-t-il expliqué.

À la période des questions, les libéraux ont tenu à saluer « le courage » du député conservateur Pierre-Paul Hus d’avoir posé une question en français, car « ce n’est pas facile d’être un francophone dans le caucus conservateur », a affirmé le lieutenant du Québec pour les libéraux Pablo Rodriguez, s’attirant, du même coup, une salve d’applaudissements des banquettes libérales et bloquistes.

Pierre-Paul Hus a alors riposté « que pour répondre en français … je lui dirais que ma collègue a déjà fait ses excuses au comité ». Cette dernière a en effet envoyé une lettre à la présidente du comité Hedy Fry pour s’excuser de son comportement lors du passage de la ministre St-Onge.

« Les conservateurs soutiennent le bilinguisme officiel, la préservation de la langue française au Canada et le droit des Canadiens à communiquer dans la langue de leur choix », a-t-elle soutenu.