Une semaine d’annonces pour Doug Ford
TORONTO – Le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario entend « mettre fin à la médecine de couloir » en ajoutant 30 000 nouveaux lits dans les foyers de soins de longue durée d’ici 10 ans, s’il est porté au pouvoir en juin. Cette annonce survient alors que le chef, Doug Ford, a multiplié les promesses électorales au cours de la semaine.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
Cette promesse n’a cependant pas été chiffrée par le Parti PC. Au lieu de cela, le chef, Doug Ford, a plutôt critiqué la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, pour sa gestion du système de santé.
« Le système de santé de l’Ontario doit être changé pour qu’il y ait plus de respect pour les patients et les professionnels de la santé », a-t-il avancé
Dans son plus récent budget, le gouvernement ontarien de Kathleen Wynne s’est aussi engagé à créer 30 000 nouveaux lits de soins de longue durée au cours des 10 prochaines années, dont 5 000 nouveaux lits, d’ici 2022. Le gouvernement estime à 661 millions de dollars cet engagement.
Dans sa plateforme dévoilée le 16 avril, le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario s’est lui aussi positionné dans le dossier. Les néo-démocrates souhaitent créer 40 000 nouvelles places, dont 15 000 lits d’ici les cinq prochaines années. Ils chiffrent à 2,1 milliards de dollars cette promesse.
Pour sa part, Doug Ford est plutôt resté vague sur les mesures qu’il mettrait en place afin de réaliser son engagement. En point de presse dans la région de Sarnia, il a plutôt insisté sur le fait que le Parti PC allait être présent pour les patients et qu’il était moins coûteux pour un gouvernement de créer des lits dans des foyers de soins de longue durée que dans des hôpitaux.
Semaine chargée pour Ford
Cette dernière annonce fait suite à une série d’autres promesses formulées par le chef de la formation politique, Doug Ford, tout au long de la semaine.
Lundi, il s’était engagé à éliminer les impôts pour les personnes au salaire minimum. Il a ensuite promis qu’il embaucherait un vérificateur externe afin de faire un audit des finances publiques et de réduire de 1 % les impôts pour les entreprises.
Finalement, M. Ford a appelé à la démission du conseil d’administration d’Hydro One après qu’il ait été révélé par le Globe and Mail que la compensation de départ en cas de mise à pied pour le président, Mayo Schmidt, a récemment été revue à la hausse. L’an dernier, M. Schmidt a empoché près de 6 millions de dollars en rémunération.
Selon la politologue au Collège militaire royal de Kingston, Stéphanie Chouinard, la stratégie de M. Ford de dévoiler sa plateforme au compte-goutte n’est pas nécessairement mauvaise, puisqu’il garde ainsi l’électorat en alerte.
« Le NPD a dévoilé sa plateforme lundi et on en a parlé seulement une journée », note-t-elle.
Une campagne acerbe
Lors d’un point de presse un peu plus tôt cette semaine, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a ouvertement comparé le style de M. Ford à celui du président américain, Donald Trump. Mme Chouinard croit que dans ce contexte, les prochaines semaines risquent d’être assez « acerbes ».
« C’est assez unique de voir que les gants sont tombés si rapidement alors que techniquement, nous ne sommes pas encore en période électorale », a-t-elle expliqué.
À savoir si cette stratégie va payer pour l’un ou l’autre des partis politiques, Mme Chouinard rappelle qu’en 2015, le Parti conservateur du Canada (PCC) avait utilisé la même méthode et que les électeurs ne l’avaient pas vraiment « appréciée ». La politologue estime qu’autant Doug Ford que Kathleen Wynne font un « pari » en adoptant cette stratégie. Elle note par ailleurs que, dans ce contexte, le plus grand défi pour les néo-démocrates sera de se faire entendre.
Selon le plus récent sondage de la firme The Forum Poll, le Parti PC récolterait 46 % des voix si une élection avait lieu aujourd’hui. La formation politique dirigée par Andrea Horwath obtiendrait 27 % des votes et deviendrait l’opposition officielle, alors que le Parti libéral de l’Ontario (PLO) ne compterait seulement que 21 % des votes.