Université de Sudbury, Nord, francophonie… Pierre Poilievre répond à nos questions

Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre termine sa tournée ce samedi à North Bay. Crédit image: Stéphane Bédard

SUDBURY – En marge de sa tournée nord-ontarienne, et à l’issue d’un rassemblement à Sudbury, le chef de l’opposition officielle a accordé une entrevue à ONFR+. Il se focalise sur les élections de 2025, promettant de lutter pour les francophones et contre la vie chère dans le Nord.

« Le nouveau ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, a-t-il les épaules pour défendre les francophones et mener à bien la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles?

Selon moi, le gouvernement libéral n’a pas fait assez pour protéger la langue française. Notre porte-parole Joël Godin va tenir responsable M. Boissonnault. Au Parti conservateur, on veut conserver la langue française et on va s’assurer que le nouveau ministre fasse son travail, sinon on va le rendre responsable et imputable.

Pensez-vous que la décision du gouvernement Ford de ne pas financer l’Université de Sudbury était justifiée?

Je ne peux pas parler au nom du gouvernement Ford. Le Parti conservateur du Canada est un parti différent. Il faudrait leur parler pour avoir une réponse à ça.

Le gouvernement fédéral devrait-il compenser financièrement là où le palier provincial ne veut pas investir quand il s’agit de postsecondaire et d’éducation de langue française?

Je suis pour une éducation francophone, y compris au niveau de l’université mais, comme premier ministre, je serai prêt à travailler avec les communautés francophones pour nous assurer qu’il y ait du support pour toute sorte d’éducation. Je suis né d’un père qui a des origines canadiennes-françaises, d’un village fransaskois, donc la francophonie me tient à cœur. Mes enfants sont dans une garderie francophone à Ottawa. Je vais travailler avec toutes les provinces et toutes les communautés francophones pour nous assurer de la présence d’une forte éducation en français.

Tout au long de la soirée, Pierre Poilievre s’est proclamé comme le futur premier ministre. Crédit image : Inès Rebei

Que ferait un gouvernement conservateur au pouvoir pour améliorer la situation du français en milieu minoritaire, notamment en Ontario?

Premièrement, il faut travailler avec les provinces pour nous assurer de la présence d’une éducation en français. Deuxièmement, on a voté pour la Loi C-13 (sur la modernisation des langues officielles). Si vous regardez le bilan au comité des langues officielles, c’est notre député Joël Godin qui a avancé toute sorte d’amendements pour renforcer le français à travers le pays. Nous allons protéger les services en français et je vais m’assurer que les francophones aient une très grande voix au sein de mon gouvernement.

Votre message semble avoir beaucoup résonné parmi les personnes présentes au rassemblement de Sudbury. Qu’avez-vous à offrir aux citoyens du Nord?

La vie coûte trop cher. Trudeau met une taxe carbone mais les gens ici doivent utiliser leur camion pour aller au travail, chauffer leur maison, acheter de la nourriture transportée de loin. Si on met une taxe sur le fermier qui produit la nourriture et sur le camionneur qui la transporte, on met une taxe sur tous ceux qui achètent de la nourriture. Je vais abolir la taxe carbone et rendre la vie plus abordable pour les gens dans le Nord, équilibrer le budget pour réduire l’inflation et les taux d’intérêt, et avoir des maisons abordables.

Plusieurs centaines de personnes ont fait le déplacement pour l’événement, la file était longue pour rencontrer le député de Carleton. Crédit image : Inès Rebei

Vous parlez de maisons abordables, mais il manque aussi cruellement d’appartements dans le Nord. Que feriez-vous pour y remédier?

Il faut inciter des municipalités à libérer les terrains et accélérer les permis de construction. On a le moins de logements per capita parmi les pays du G7 alors qu’on a le plus grand terrain sur lequel bâtir. C’est la raison pour laquelle le prix des logements est presque le double ici au Canada, comparativement aux États-Unis. Le gouvernement Poilievre va revendiquer que les municipalités permettent 15 % de plus de construction, sinon je leur retirerai les fonds de l’infrastructure fédérale et ceux qui respectent ce seuil d’augmentation auront un plus grand bonus. Je vendrai 6 000 édifices du gouvernement fédéral pour les convertir en logements, et des dizaines de milliers d’acres pour la même raison.

Finalement, je vais soutenir les métiers spécialisés. Oui, c’est bon de financer les universités, mais il faut financer les apprentis pour que nos jeunes puissent devenir charpentiers, électriciens pour bâtir ces logements-là. Aussi, en équilibrant le budget fédéral, ça permettra à la Banque du Canada de réduire les taux d’intérêt et d’avoir une réduction des paiements hypothécaires et des loyers. C’est le gros bon sens!

Étiez-vous sérieux au rassemblement de Sudbury, ce jeudi, en disant que vous feriez construire des maisons sur le terrain de la CBC?

C’était une blague, mais honnêtement, ça prend beaucoup d’espace, voyons-donc! Leur bureau, à Toronto, c’est massif, c’est comme un château! En général, les édifices du gouvernement fédéral sont sous-utilisés et souvent vides surtout avec le télétravail. On n’a pas besoin de gaspiller de l’espace comme ça, donc c’est pour ça que je veux vendre ces édifices et permettre d’y construire des logements.  

Nombreux sont ceux qui brandissaient une pancarte demandant à protéger les chasseurs dans la salle. Crédit image : Inès Rebei

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de cette tournée dans le Nord ontarien?

La criminalité. J’ai entendu partout que la criminalité y est pire que jamais. Ça va mal dans le Nord. La souffrance que je vois à travers le Nord de l’Ontario, je n’aurais jamais imaginé ça. J’ai rencontré des gens à Timmins qui veulent déménager parce qu’il y a trop de criminalité. Je vais mettre en place des peines de prison plus sévères pour les criminels récidivistes. On a vu une augmentation de 100 % dans les meurtres. À Sudbury la criminalité est encore pire.

C’est souvent une minorité d’une quarantaine de personnes qui commettent tous les actes, donc il faut mettre ces gens-là en prison au lieu de bannir les armes de chasse dont l’utilité est importante dans le Nord. J’ai rencontré un charpentier de 42 ans à Sault Ste. Marie qui est sans abri. Comment cela se fait-il au Canada? Honnêtement, ce n’était pas comme ça avant Justin Trudeau et ça ne va pas être comme ça après lui.

Quelles seront vos priorités pour la prochaine campagne électorale?

Ma priorité est de réduire le coût de la vie et la criminalité. Nos aînés aussi, qui ont travaillé fort toute leur vie, devraient avoir le droit de bien vivre, de bien manger, d’avoir un appartement et une maison respectable et de vivre en sécurité en ville. C’est ce dont je m’assurerai quand je serai premier ministre. »