
Vanessa Gilles, un nouveau départ avec le Bayern Munich et en sélection canadienne

WINNIPEG – Parfois, une fin de saison douloureuse devient le point de départ d’une renaissance. C’est le cas de Vanessa Gilles. Après une élimination amère en demi-finale de la Ligue des champions avec l’Olympique Lyonnais face à Arsenal et des négociations contractuelles qui se sont éternisées avec son ancien club, la défenseure internationale canadienne a décidé de prendre un virage inattendu : elle portera les couleurs du Bayern Munich la saison prochaine. Une décision mûrie, assumée, et empreinte d’un nouvel élan personnel et professionnel.
« Le Bayern, c’est un des plus grands clubs du monde, dit-elle. Quand tu portes ce maillot, tu fais partie de quelque chose de plus grand que toi. »
Après sept ans en France, Gilles a pourtant envisagé de rester. « J’avais mes repères, ma famille, la langue… rester à Lyon aurait été la solution facile », confie-t-elle. Mais les hésitations du club, malgré sa volonté initiale de prolonger l’aventure lyonnaise, ont ouvert la porte à la réflexion. Le Bayern est rapidement apparu comme une évidence.
« C’est un club qui vise des titres, avec des joueuses parmi les meilleures au monde. Et puis, il y a cette culture humaine : quand j’ai rencontré le staff, les dirigeants, j’ai senti une vraie attention portée à l’individu. On m’a valorisée, pas seulement comme joueuse, mais aussi comme personne. »

Munich, c’est aussi une ville nouvelle, une langue à apprendre — la quatrième pour elle —, un cadre de vie riche, jusqu’à l’Oktoberfest qu’elle évoque avec humour. « C’est dans le changement qu’on continue à grandir », résume-t-elle.
Retour au pays et retrouvailles avec la sélection
Quelques jours après l’officialisation de sa signature en Allemagne, Gilles a retrouvé l’équipe nationale canadienne pour un camp estival et deux matchs amicaux contre Haïti le 31 mai et le 3 juin. Un retour qu’elle accueille avec enthousiasme, dans un contexte aussi exigeant qu’enthousiasmant
« Venir en sélection, c’est toujours un plaisir, insiste-t-elle. Peu importe si c’est en fin ou en début de saison, c’est un privilège. Et ce camp est particulier : on va jouer à Winnipeg pour la première fois pour moi, et surtout célébrer Daisy (Desiree Scott), une joueuse essentielle dans l’histoire de cette équipe. »
Winnipeg, c’est aussi une forme de découverte de son propre pays. « On nous a parlé d’un grand musée, d’une plage magnifique à une heure d’ici… et bien sûr, Daisy n’arrête pas de nous parler de ses slushies de chez 7-Eleven depuis des années, raconte-t-elle en riant. C’est chouette de découvrir des régions que je ne connaissais pas. »
Une exigence renouvelée sous Casey Stoney
Mais si l’ambiance est bonne, les objectifs n’en sont pas moins sérieux. La récente défaite surprise du Canada contre l’Argentine (1-2) a servi d’électrochoc.
« On n’a pas été au niveau. Et ça nous a rappelé qu’on ne peut pas se contenter du minimum. »

Sous la houlette de Casey Stoney, l’approche a changé. « Pendant ces dernières années, on a peut-être toléré un niveau d’exigence insuffisant. Il y avait une certaine aisance, une routine. Casey nous a fait comprendre que c’est tous les jours qu’on construit une Coupe du monde. Aux entraînements, aux réunions, dans nos routines personnelles… La préparation pour 2027 (Coupe du monde) commence maintenant. »
Contre Haïti, Gilles et ses coéquipières veulent montrer un nouveau visage : conquérant, discipliné, collectif.
Montréal, la maison. Ottawa, l’espoir.
Après Winnipeg, la sélection se rendra à Montréal, pour un deuxième match qui tient à cœur à la défenseure.
« Montréal, c’est la maison. Ma famille est là, à Châteauguay, Laval… Le clan Gilles sera dans les tribunes, sourit-elle. Jouer à domicile, sur une pelouse naturelle en plus, c’est rare ici. Il y a une fierté particulière. »
Et si elle parle de Montréal avec affection, Ottawa, sa ville de cœur, n’est jamais bien loin de ses pensées. « Je suis la plus grande défenseure de l’idée de jouer à Ottawa avec l’équipe nationale, martèle-t-elle. Mais à chaque fois, ça finit à Toronto ou Montréal, souvent pour des raisons de pelouse… Pourtant, l’ambiance est incroyable, on l’a vu il y a quatre ans lors de la Celebration Tour (tournée canadienne pour fêter le titre olympique). »
En attendant que ce rêve se concrétise, Vanessa Gilles continue de suivre les équipes sportives de ses deux villes préférées. Elle cite avec fierté Lily, une joueuse d’Ottawa qui vient de marquer son premier but professionnel. « Je suis la SLN (Super Ligue du Nord) de près, c’est excitant de voir le développement du foot féminin ici. En hockey, je suis surtout la LPHF (Ligue professionnelle de hockey féminin), même si je n’ai pas encore pu voir un match en live. J’adore voir des sportives d’élite performer, peu importe le sport. »