La vexillophilie de Guy Harrold, la passion des drapeaux
[UN FRANCO, UNE PASSION]
IROQUOIS FALLS – Chaque semaine durant l’été, ONFR+ vous présente Un Franco, une passion. Au travers de rencontres singulières, vous pouvez lire, ici, l’histoire d’un Franco-Ontarien ou d’une Franco-Ontarienne qui partagent une passion hors du commun. Une collection ou un véritable engouement, découvrez la passion qui habite nos Franco-Ontariens, du nord au sud et d’est en ouest.
C’est à Iroquois Falls à une heure de route de Timmins que vit notre passionné, Guy Harrold.
Guy est un vexillophile. Sa passion, ce sont les drapeaux. D’ailleurs, l’étude des drapeaux, fanions et étendards s’appelle la vexillologie. Pas facile à prononcer, n’est-ce pas?
Guy Harrold possède une collection assez importante de drapeaux — une quarantaine environ — qu’il amasse depuis un très jeune âge.
Très tôt, il s’intéresse aux petits fanions récupérés lors d’évènements, de fêtes ou de sorties sportives. C’est à partir de 14 ans que le jeune Guy façonnera ce qui, plus tard, deviendra une véritable passion.
« J’aime beaucoup les symboles, l’historique derrière un drapeau, c’est ce qui m’intéresse . »
Nous sommes dans les années 1970/1980. « J’ai commencé avec ça, mais c’est lorsque ma grand-mère m’a donné un grand drapeau de l’Union Jack que cette passion a vraiment démarré. J’ai eu ce beau drapeau en cadeau pour ma fête, je crois. »
Un objet fièrement exposé à l’époque dans le magasin général de sa grand-mère à Val gagné, là où Guy a fait jeunesse.
« Ce drapeau datait d’avant 1965, je crois qu’elle le possédait avant que le drapeau du Canada ne change pour celui que nous avons présentement, l’Unifolié. »
Une collection, petit à petit
« J’ai commencé à acheter mes premiers drapeaux par moi-même. J’ai acheté celui du Japon en même temps que celui des États-Unis et de l’Union soviétique. »
Lorsque Guy s’est procuré ses premiers drapeaux, le contexte historique des années 1980 opposait toujours et encore les États-Unis et l’URSS. « J’avais même mis les deux drapeaux côte à côte, dans ma chambre, en ce temps-là », nous dit-il. Une façon d’aller à l’encontre de cette période particulièrement tangible. Voilà une représentation intéressante. Opposer l’histoire et la comparer via le spectre de drapeaux, le tout, dans la chambre d’un adolescent.
En 1983, il paiera une fortune pour avoir celui des Franco-Ontariens, mais pour lui, c’est une fierté. Il admet le prix, « il m’a coûté 40 $, à l‘époque », nous rions ensemble.
En écoutant Guy nous parler de sa passion et de ses rares découvertes, on se rend compte très vite qu’un drapeau, ça se choisit. La qualité du tissu est importante, si on veut une grande intensité lumineuse. C’est un fait avéré, « un drapeau, ça coûte cher », songeons-nous.
Entre 1984 et 2002, la grand-mère de Guy partira vivre à Ottawa. Ainsi, lors de ses voyages à la capitale, c’est au Marché by que Guy découvrira des boutiques propices à ses recherches. Une vexillophilie qui ne tardera pas à prendre encore plus de place.
Il nous raconte qu’en voyage éducatif à Ottawa, il ne manquait pas une occasion pour aller dans sa boutique habituelle et acheter de nouveaux drapeaux.
« J’aime beaucoup les symboles, l’historique derrière un drapeau, c’est ce qui m’intéresse. » — Guy Harrold
« Entre autres, j’y ai acheté les drapeaux des provinces et des territoires. Je me souviens que je voulais qu’ils aient la même taille et la même grandeur », rit-il.
Une passion sans limites
Parmi les bannières bien gardées du collectionneur, le drapeau du Vatican. Une trouvaille toute particulière, que l’admirateur a dégoté dans la ville de Berri. Nous sentons une certaine fierté à l’évocation de ce drapeau.
Il nous parle aussi de ceux qui sont chargés d’histoire, les drapeaux de la RDA et de la RFA. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne était divisée en deux pays. La République fédérale d’Allemagne (RFA), également appelée Allemagne de l’Ouest, et la République démocratique allemande (RDA), appelée Allemagne de l’Est. Guy Harrold a eu ces deux drapeaux alors que le mur de Berlin n’était pas encore détruit, soit avant la réunification allemande.
« Ma collection la plus complète pour l’instant, c’est celle des provinces et territoires du Canada », dévoile-t-il.
Enseignant en études sociales à l’École catholique Saints-Martyrs-Canadiens à Iroquois Falls, Guy affiche ses 13 drapeaux des provinces et territoires dans sa classe. Ce qui a – bien évidemment – attiré l’attention de ses élèves. « Ils sont curieux, alors je leur explique les détails sur les drapeaux, comme pour celui de l’Alberta et du blé qu’il y a dessus », constate-t-il.
« Celui du Nunavut, je leur explique que c’est un territoire récent, depuis 1999 seulement. On parle de l’inukshuk, qui est au programme pastoral de notre école », nous dit-il.
« Puis pour les autres pays, c’est pareil, on me posait des questions sur les symboles, et sur la couleur des drapeaux », reprend-il, « alors, c’est aussi une opportunité de leur apprendre un peu sur le pays et sur l’histoire ».
Il se réjouit de l’intérêt des autres : « cette passion, c’est quelque chose qui m’appartient, le but au départ était de les afficher pour moi, puis maintenant, je vois que mes élèves sont très curieux ».
Guy Harrold, nous explique qu’au départ, il cherchait seulement à assouvir sa passion. Mais maintenant, en les exposant à ses élèves, il a trouvé un moyen de partager sa passion. La curiosité des enfants est une belle opportunité de transmettre pour ce féru d’emblèmes et de symboles.
« C’est souvent les élèves les plus distraits qui me posent des questions », nous raconte-t-il, non sans rire, « c’est intéressant pour eux ».
« En plus, l’école, on apprend les drapeaux, mais c’est vrai qu’on n’étudie pas nécessairement les drapeaux d’autres pays », rajoute-t-il.
Les recherches continuent
« Je continue mes recherches, c’est sûr. Juste avant la COVID-19, j’ai acquis celui de l’Écosse, de l’Irlande et de l’Angleterre. C’est assez important parce que ce sont mes racines du côté de mon père. Je suis un Harrold. »
Pour lui, cela va prendre du temps jusqu’à ce qu’il ait une collection encore plus impressionnante. Mais le but ne semble pas, pour Guy Harrold, de détenir tous les drapeaux du monde. « Petit à petit », nous a-t-il dit.
« Mes amis m’en achètent, lorsqu’ils partent en voyage. Des drapeaux qui m’ont été donnés en cadeau, comme ceux de Cuba, de la République dominicaine (tissés à la main) et du Mexique. »
Le drapeau de la Coupe Stanley fait partie des préférés du fan. « Il date de 1993, lors de la dernière Coupe Stanley des Canadiens. Je le garde d’ailleurs précieusement chez moi. »
Il n’empêche que c’est celui de l’Union Jack qui conserve une place précieuse dans son cœur. « Celui du Brésil, j’aime vraiment les couleurs et celui de l’Afrique du Sud c’est un drapeau qui me touche du point de vue de son histoire. »
Une passion qui ne s’achèvera pas d’aussitôt, puisque Guy nous parle des projets de drapeaux qu’il souhaite avoir. « Pour le continent africain, je ne possède pour le moment que celui de l’Afrique du Sud, post-apartheid. »
« J’en ai treize de l’Europe », reprend-il, « et encore une fois, il y en a plein d’autres que je souhaite acquérir. Celui de l’Israël que je trouve très beau, j’aimerais celui de la Nouvelle-Zélande que je pourrais accrocher près de celui de l’Australie ».
« Un autre drapeau que je voudrais avoir, c’est le drapeau canadien qui flotte au-dessus de la tour de la Paix sur la Colline du Parlement. » En effet, chaque jour, un employé remplace ce drapeau qui est ensuite envoyé à un Canadien qui en aura fait la demande. Malheureusement, à ce jour, il y a plus de 100 ans d’attente.
Quand il sera à la retraite, il nous dit vouloir aller en Europe et peut-être acheter ceux qui lui manquent. Mais c’est avec joie que Guy nous explique ce qu’il désire actuellement. Son but est de trouver les drapeaux des francophones au Canada. « Ils prendront leur place dans l’école, comme ça je pourrais montrer aux élèves qu’il n’y a pas juste le drapeau des Franco-Ontariens, mais aussi des Franco-Manitobains, Franco-Colombiens et les autres. »
« Cette passion, c’est quelque chose qui m’appartient, le but au départ était de les afficher pour moi. » — Guy Harrold
On se met subitement à avoir des idées et à chercher nous même les drapeaux sur la toile, « mais vous avez vu celui des Franco-Ténois, qu’est-ce qu’il est beau ».
« Oui, mais c’est celui des Franco-Ontariens le plus beau », nous répond-il. Pari gagné, cette passion est contagieuse.