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Manitoba bilingue : Wab Kinew tourné vers les prochaines étapes

Wab Kinew, premier ministre du Manitoba, en conférence de presse à Toronto, le 14 mai 2025. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

TORONTO – En déplacement à Queen’s Park ce mercredi, le premier ministre manitobain Wab Kinew a sollicité l’aide des autres provinces canadiennes pour appuyer sa candidature à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en tant que membre observateur.

En marge de la signature d’un protocole d’entente visant à abolir les barrières commerciales entre l’Ontario et le Manitoba, le premier ministre Wab Kinew est revenu sur son intention d’aller de l’avant sur la candidature de sa province à l’OIF.

« C’est un des projets sur lesquels on peut travailler ensemble avec le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, le Québec en leur demandant de (nous aider à) avancer notre statut pour rentrer dans l’OIF (…). La prochaine étape sera d’avoir cet appui de ces provinces et juridictions comme le Québec », a estimé M. Kinew, en conférence de presse, en réponse à une question d’ONFR.

L’arrivée au pouvoir de Wab Kinew en octobre 2023 a soulevé un vent d’espoir dans la communauté franco-manitobaine. Au lendemain de son élection, ce premier ministre multilingue a mandaté son ministre responsable des affaires francophones, Glen Simard, de faire du Manitoba une province « véritablement bilingue », un statut que seul le Nouveau-Brunswick détient au pays.

Il y a un mois, le ministre Simard a avancé ses pions sur plusieurs dossiers, notamment pour améliorer l’accès aux services en français, renforcer l’accès à la justice en français ou encore appuyer l’immigration et le tourisme. Une vaste consultation de la communauté a alors été annoncée pour connaître ses attentes.

« Il y a beaucoup de francophones chez nous, a rappelé mercredi M. Kinew, aux côtés de son homologue Doug Ford. La francophonie est très forte. Le Manitoba a rejoint le reste du Canada en tant que province à cause des métis qui parlaient la langue française. Alors, pour nous, c’est toujours un but d’être une province véritablement bilingue. »

Des efforts salués par la communauté

Une candidature à l’OIF doit franchir de nombreuses étapes et remplir plusieurs critères avant d’arriver au bureau du Comité sur les demandes d’adhésion. Un avis favorable lors du Conseil permanent de la Francophonie ouvrirait alors la porte à un vote des chefs d’États membres lors du prochain sommet de la Francophonie, en 2026, au Cambodge.

Le Manitoba deviendrait le sixième membre canadien après le Canada, le Québec, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse.

« Devenir membre de l’OIF fait partie de ces étapes qui vont nous amener à être une province bilingue, croit Derrek Bentley, président de la Société de la francophonie manitobaine (SFM). Avec tous les changements qu’on voit dans le monde, surtout aux États-Unis, c’est un excellent positionnement du Manitoba. »

« C’est excitant de voir que ce gouvernement a une vision pour la province qui inclut la francophonie »
— Derrek Bentley, président de la SFM

M. Bentley est persuadé que cette adhésion permettrait de mieux faire connaître la francophonie manitobaine à l’échelle internationale.

« On ne deviendra pas bilingue demain, convient-il, mais si on commence à ouvrir plus d’écoles, à devenir membre de l’OIF, et à investir plus dans le modèle de municipalités bilingues, on va finir par y arriver. C’est excitant de voir que ce gouvernement a une vision pour la province qui inclut la francophonie. »

Selon les données du dernier recensement (2021), plus de 112 000 Manitobains sont capables de soutenir une conversation en français. 2,8 % de la population parle le français régulièrement à la maison, et 2,6 % au travail. Environ trois Manitobains sur quatre ayant le français comme première langue officielle parlée sont nés dans cette province.