Accents : plainte d’une députée au commissaire aux services en français
TORONTO – La députée provinciale de Nickel Belt France Gélinas a adressé une plainte formelle au Bureau du commissaire aux services en français faisant suite à 17 ans de requête auprès de l’Ontario. En cause, la non utilisation des accents de la langue française sur des documents officiels délivrés par plusieurs ministères du gouvernement ontarien. Elle demande l’ouverture d’une enquête.
Dans une lettre ouverte adressée à l’Unité des services en français de l’Ombudsman, la députée francophone explique solliciter le gouvernement ontarien depuis 2007 concernant l’absence d’accents français dans ses documents officiels, soit 17 ans.
« Cela concerne tous les ministères qui délivrent des documents officiels, dont les papiers d’identification, explique-t-elle à ONFR. Outre la carte Santé et le permis de conduire, il existe beaucoup d’autres cartes d’identification qui sont reconnues et qu’on peut utiliser pour prendre l’avion ou voter. Or, aucune d’entre elles ne porte d’accent aigu, grave, de tiret, de ç ou de tréma. »
« Les gens n’en peuvent plus, témoigne-t-elle, et beaucoup de personnes dans ma circonscription ont eu des problèmes pour prouver leur identité à cause d’orthographes différentes. »
« Le ministère des Ressources naturelles délivre aussi par exemple des permis de chasse ou de pêche; mais ça peut aussi concerner des papiers de propriété, permis d’immatriculation de véhicules, etc. »
Des requêtes récurrentes aux réponses décevantes selon celle-ci, le ministère des Transports indiquant notamment dans une lettre « que les systèmes informatiques actuels ne permettent pas l’impression des accents de la langue française sur des produits autres que les cartes de santé, les permis de conduire (ou carte-photo de l’Ontario) ».
« Bien que le ministère soit en train de mettre à jour ses systèmes pour inclure ces accents, la date à laquelle ce problème sera résolu n’a pas été communiquée », ajoute Mme Gélinas, déplorant que cette question soit encore en suspens et ne soit pas une priorité.
« Pour les Franco-Ontariens, cette omission persistante est symptomatique d’un manque de reconnaissance de notre identité linguistique. L’absence d’accents compromet la promesse d’une égalité de services pour tous ».
Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Fabien Hébert, dit vouloir s’intéresser à cette plainte de plus près avec ses équipes : « Pour la communauté francophone de l’Ontario, respecter les accents est essentiel à la bonne compréhension et interprétation des documents officiels. »
« Nous nous réjouissons bien sûr des accents ajoutés aux permis de conduire et aux cartes de santé, le fruit d’une décennie de réclamation, mais il faut aller plus loin pour rendre la prise de position du gouvernement plus sérieuse vis-à-vis du bilinguisme », note-t-il.
L’élue néo-démocrate demande au commissaire aux services en français d’ouvrir une enquête sur les causes du retard dans la mise à jour des systèmes gouvernementaux pour inclure les accents français, mais aussi la supervision de la mise en ouvre des modifications nécessaires, ainsi qu’un échéancier sur la résolution du problème.
Nous avons sollicité le ministère des Transports pour savoir si des démarches de rectification concrètes ont été entreprises et quand celles-ci seront mises en place, sans succès.