Actualité

Air Canada s’attire la colère des Acadiens

Air Canada. Source : Canva

Le transporteur aérien Air Canada s’attire les foudres de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) qui a déposé une plainte au Commissariat aux langues officielles contre ce dernier l’accusant de violer la Loi sur les langues officielles au fédéral.

Air Canada a annoncé le 19 septembre qu’il suspendait son service à Bathurst dans le Nord de la province à partir du 30 janvier 2026, laissant ainsi l’aéroport régional sans transporteur aérien. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) considère que cette décision viole les obligations linguistiques de la compagnie aérienne.

L’organisme de défense des droits des Acadiens s’appuie sur un article de la Loi sur les langues officielles qui oblige les institutions fédérales à « prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés francophones et à éviter que leurs décisions structurantes n’aient des impacts négatifs », étale la SANB.

« On estime à plus de 170 000 personnes et près de 5 500 entreprises, dans un rayon d’à peu près une heure, soit 76 % de la population qui est francophone. Ça a donc un gros impact sur l’économie de cette région-là de fermer le service aérien », explique la présidente de la SANB, Nicole Arseneau-Sluyter.

Air Canada cite « des raisons de viabilité commerciale » pour expliquer la fin du service dans la région en bordure de la baie des Chaleurs.

« Air Canada est assujettie à la Loi sur les langues officielles et pas les autres transporteurs. Air Canada a des responsabilités envers la minorité et cette région, notamment au niveau de l’économie », poursuit la présidente de l’organisation acadienne.

Cette dernière encourage les entreprises et municipalités « à faire la même chose », en portant plainte contre Air Canada au chien de garde des langues officielles au fédéral. L’article de la Loi sur les langues officielles, que cite la SANB dans sa plainte, a été fortement modifié lors de la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023. 

« Nous on questionne cet article-là (…) Je pense qu’on est d’ailleurs les premiers à faire une plainte sur cet article », avance Nicole Arseneau-Sluyter.

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB

En plus de Bathurst, Air Canada mettra fin à son service à l’aéroport de North Bay. Le transporteur aérien avait aussi annoncé dans la foulée qu’il allait augmenter de 50 % le nombre de places et faire passer de deux à trois les vols quotidiens de Sudbury à Toronto dès le 1er février 2026.

De nombreuses plaintes dans les dernières années

Ce n’est pas la première fois qu’une plainte concernant Air Canada se retrouve devant le Commissariat aux langues officielles dans les dernières années. Toujours au sujet d’Air Canada, lors du dépôt de son rapport annuel en juin dernier, le commissaire Raymond Théberge, avait indiqué que le respect des langues officielles chez Air Canada « est un problème qui va perdurer » et que l’entreprise se retrouvait année après année avec un « nombre important de plaintes ».

En 2021-2022, c’est un raz de marée de plaintes qui avait touché l’entreprise fédérale après que son PDG Michael Rousseau s’était félicité de ne pas avoir besoin de parler français malgré plusieurs années à vivre à Montréal.

En 2022-2023, 276 plaintes concernaient directement Air Canada, un nombre trois fois supérieur à sa moyenne sur une décennie, avait étalé Raymond Théberge dans son rapport annuel.

Il y a près d’une décennie, l’ancien commissaire Graham Fraser avait consacré un rapport spécial au transport aérien déclarant que « force est de constater qu’après 45 ans, les mêmes problèmes se répètent ».