L'équipe de Réseau Ontario lors du gala de clôture de Contact ontarois 2024. Crédit image: Stéphane Bédard

OTTAWA – La 43e édition de Contact ontarois s’est terminée samedi soir dans un gala de clôture animé par DJ UNPIER et Yao. En quatre jours, ce sont 41 spectacles qui ont été proposés aux diffuseurs de partout au Canada et à la délégation internationale. À l’issue d’une édition particulièrement relevée, c’est le Sudburois Alex Tétreault qui est sorti grand gagnant de la soirée, en remportant deux prix.

La pièce Nickel City Fifs, une épopée queer sudburoise sur fond de trous d’Alex Tétreault, appuyé par le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), a remporté le nouveau prix Audace Réseau Ontario, décerné à « l’artiste franco-ontarien.ne qui enrichira notre réseau de diffusion d’une proposition audacieuse ou nouvelle, s’adressera à de nouveaux publics, fera découvrir de nouvelles formes ou de nouvelles approches artistiques. » Le prix est accompagné d’une bourse de la Caisse Desjardins afin d’appuyer la promotion de la tournée.

De gauche à droite : Marie-Pierre Proulx du TNO, Alex Tétreault, Marie-Claude Sabourin (présidente du conseil d’administration de Réseau Ontario) et Marie-Ève Chassé (directrice générale de Réseau Ontario). Crédit image : Stéphane Bédard

Créée in situ au Zigs, le bar gai de Sudbury, Nickel City Fifs voyagera au moins jusqu’au Nouveau-Brunswick, puisqu’Alex Tétreault et le TNO ont aussi remporté le prix Alliance Acadie, décerné par le réseau RADARTS. Un extrait de la pièce sera donc présenté à la Francofête en Acadie en novembre. Appelé à commenter sur l’aspect très « culture locale » de la ville du Nickel, le principal intéressé a le mot juste : « Il n’y a personne qui se pose cette question-là pour des spectacles qui viennent de Montréal. »

En plus de la proposition qui sort des sentiers battus, c’est la personnalité d’Alex Tétreault qui a séduit les diffuseurs lors de sa présentation éclair, un concept où les artistes n’ont qu’une dizaine de minutes pour convaincre les gens dans la salle d’acheter le spectacle.

Alex Tétreault pendant les présentations éclair de Contact ontarois 2024. Crédit image : Rachel Crustin

« Je suis juste tellement content et reconnaissant du fait que mon projet ait pu parler à autant de gens. J’ai tellement hâte d’aller à la rencontre de plus de public », s’est exclamé Alex Tétreault au micro d’ONFR, quelques minutes après la fin du gala.

Réseau Ontario a remanié la façon de récompenser les artistes en vitrine cette année. En plus du prix Audace, le prix Distinction Réseau Ontario a aussi fait son apparition. Ce prix récompense un artiste franco-ontarien pour « l’excellence et la qualité artistique de sa proposition lors de Contact ontarois. » C’est Stéphane Guertin et les productions Effet Papillon qui ont reçu le titre, aussi accompagné d’une bourse de la Caisse Desjardins pour la promotion de la tournée du spectacle Sortir la tempête du verre.

De gauche à droite : Marie-Claude Sabourin, Stéphane Guertin et Marie-Ève Chassé. Crédit image : Stéphane Bédard

Au micro d’ONFR, Stéphane Guertin s’est dit agréablement surpris. « Sortir la tempête du verre est un spectacle un peu plus introspectif. (…) Ce n’est pas un spectacle où tout le monde va rire et se taper sur les cuisses. Et, quand même, d’avoir cet accueil de la part des diffuseurs, tu fais comme : wow, je ne m’attendais pas pantoute à ça. »

Le conteur a pu profiter de la première bulle d’art de la parole de Contact ontarois. Les bulles permettent de réunir les vitrines d’une même discipline dans la même séquence afin d’installer une ambiance favorable à leur découvrabilité.

Des Franco-Ontariens qui voyagent

Les prix Alliance de Contact ontarois sont remis par différents réseaux de diffusion sous la forme d’une invitation à participer à leurs propres événements. C’est ainsi que le duo country d’Ottawa Sugar Crush pourra donner un spectacle rémunéré lors du prochain Festival international de la chanson de Granby (FICG). Les représentants du FICG ont indiqué leur intention de choisir une formation exploitant un style moins familier à leur événement.

C’est en formule groupe que s’est présenté le duo Sugar Crush lors des vitrines de mercredi soir. Crédit image : Rachel Crustin

Un autre duo de la capitale s’envolera pour sa part vers la Saskatchewan grâce au prix Alliance Ouest du Réseau des grands espaces (RGE). Il s’agit de Moonfruits pour le spectacle Réveil, dans lequel on retrouve les habitants du fictif village de Ste-Quequepart, créé pour l’album du même nom en 2017.

Alex Millaire et Kaitlin Milroy n’étaient pas présents au gala, puisqu’ils étaient en Irlande afin de proposer une vitrine lors de l’événement Your Roots Are Showing.

Le duo bilingue Moonfruits a opté pour la formule trio, avec contrebasse, pour sa vitrine à Contact ontarois. Crédit image : Rachel Crustin

La Franco-Ontarienne Marie-Clo et son acolyte fransaskoise éemi, du duo Beau Nectar, se retrouveront pour leur part à Rimouski lors des Rencontres d’automne du Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est du Québec (ROSEQ).

Le prix Alliance internationale, présenté en collaboration avec le Festival Changez d’air de Lyon, en France, a été décerné à Mimi O’Bonsawin. L’artiste franco-ontarienne et abénaquise a été repérée lors du Studio Pitch, une activité offerte par l’Association des professionnel.le.s de la chanson et de la musique (APCM) à la délégation internationale. Celle qui s’est justement produite en France pour la première fois cet automne peut donc s’attendre à retourner faire quelques dates en Europe.

Des collaborations à venir

Questionnée par ONFR, la directrice générale de Réseau Ontario, Marie-Ève Chassé, s’est dite « totalement satisfaite » de ce 43e Contact ontarois. « Ça a été au-delà de mes attentes. Les artistes ont tellement bien performé, la réception des diffuseurs, des membres, de tout le monde présent était vraiment positive. »

Les discussions allaient effectivement bon train entre les diffuseurs, avant même le gala de clôture. De retour de la salle contact, événement de réseautage du samedi avant-midi, certains semblaient particulièrement stimulés, la tête déjà dans les calculs pour tenter de voir ce qui pourrait être intégré à leur prochaine saison artistique. D’autres préféraient prendre le temps de laisser les idées retomber afin de faire des choix à tête reposée.

Les animateurs de la soirée, Yao (à gauche) et DJ UNPIER (à droite). Crédit image : Stéphane Bédard

Plusieurs profitaient de la présence de leurs homologues pour tenter de coordonner des tournées pour les artistes s’étant illustrés lors des vitrines. Marie-Ève Chassé a constaté le phénomène : « Aujourd’hui, on discutait avec les membres et on voit qu’il y a plein de belles collaborations qui se dessinent entre les diffuseurs pluridisciplinaires et les diffuseurs scolaires. On sent une volonté de décloisonnement de nos façons de faire. »

L’enthousiasme gagnait aussi les agents présents sur place. À micro fermé, certains nous ont indiqué voir de belles tournées se dessiner pour leurs poulains, incluant des invitations outre-Atlantique.

DJ UNPIER a invité quelques amis, dont Makhena Rankin-Guérin, pour un numéro d’ouverture du gala de Contact ontarois. Le concept misait sur les cinq sens, d’où le décor lumineux visant à en mettre plein la vue. Crédit image : Stéphane Bédard

Contact ontarois, le marché du spectacle de l’Ontario français, a misé sur la simplicité et l’accessibilité pour 2024. Certains événements ont entre autres bénéficié de la présence d’interprètes en langage des signes du Québec.

L’événement donne le ton à la prochaine saison artistique, permettant de développer ou d’anticiper les programmations des différents diffuseurs. L’exercice des vitrines est particulièrement intense. Pourtant, il règne un esprit de camaraderie lors de ce premier événement de l’année à réunir la communauté artistique francophone. Reste à savoir qui a réussi à créer la plus grosse vague sur laquelle surfer.