Le Québec rabroue la nouvelle cible fédérale en immigration francophone
L’ensemble des partis à l’Assemblée nationale du Québec ont adopté une motion visant à qualifier de « nettement insuffisante » la nouvelle cible en immigration francophone hors Québec du gouvernement Trudeau.
Le leader en chambre du Parti libéral du Québec, Monsef Derraji, a été appuyé par le gouvernement caquiste et les autres formations de l’opposition dans cette motion qui déclare que cet objectif est « nettement insuffisant pour favoriser l’essor du français au Canada ».
« Qu’enfin, en solidarité avec l’ensemble des communautés francophones au Canada ainsi qu’avec la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), elle demande au gouvernement fédéral que cette cible soit portée à 12 %, et ce dès 2024 », peut-on lire.
La semaine dernière, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a annoncé que son gouvernement irait de l’avant avec des cibles de 6 % en 2024, 7 % en 2025 et 8 %, l’année d’après. Actuellement, la cible est de 4,4 % et elle n’a été atteinte que l’an dernier, la seule fois depuis son implantation en 2001.
Le nouvel objectif du gouvernement fédéral a vivement été critiqué par la francophonie canadienne qui considère qu’il contribue au déclin du français hors Québec.
« Une cible de 6 %, ça nous maintient dans le déclin. À 8 %, on est à peu près dans la stabilité », dénonçait la présidente de la FCFA, Liane Roy, en entrevue.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario s’était de son côté dite « profondément déçue » de la cible choisie par Ottawa.
« La vitalité de notre francophonie passe par l’immigration et cette annonce est très loin d’être le coup de pouce dont nous avions besoin », avait critiqué son président, Fabien Hébert.
Marc Miller signalait, la semaine dernière, qu’il n’avait d’autre option que celle de choisir un objectif plus bas, car il se doit, avant tout, de « donner un coup de barre » ainsi que de changer la façon de penser de son ministère, avant d’aller plus haut. Selon ce dernier, il aurait été « cynique », en tant que politicien, d’annoncer un objectif inatteignable.
« Ce n’est pas une question simplement de mettre un chiffre pour faire plaisir à tout le monde, mais un chiffre qui est réalisable », a-t-il plaidé à maintes reprises au cours des dernières semaines.
Ces objectifs, au cours des trois prochaines années, signifieraient que le Canada viserait à accueillir 104 100 nouveaux arrivants francophones hors du Québec, sur un total de près de 1,5 million à travers le pays.