Laeticia Amehere en action face au Mercury de Phoenix dans la WNBA. Crédit image: Atlanta Dream

Entre sa première saison en WNBA, le championnat américain de basket féminin, et une qualification olympique obtenue après un scénario rocambolesque avec la sélection canadienne, la jeune basketteuse franco-ontarienne a connu une première expérience professionnelle riche en enseignements et chargée en émotions.

Repêchée par le Dream d’Atlanta en 2023 en huitième position, la native de Mississauga a connu une première saison d’apprentissage du monde professionnel avec 21 matchs disputés et seulement sept minutes et 2,7 points de moyenne par match. À seulement 22 ans et dans un championnat d’élite, les objectifs allaient au-delà des chiffres. 

« Ma première année, c’était un temps pour apprendre. Entrer dans la ligue et apprendre de mes équipières, de mes entraîneurs, explique l’ailière internationale canadienne. Faire partie d’une ligue qui compte seulement 144 athlètes, ça ne garantit pas que tu aies l’opportunité de toujours jouer beaucoup, mais c’était vraiment un moment où j’ai beaucoup appris. » 

Le temps de jeu réduit a en effet été la partie de la saison la plus difficile à vivre, même si elle s’y attendait. L’ailière a joué plus de 10 minutes seulement six fois sur ses 21 apparitions. Elle a signé son record en carrière avec 17 minutes le 28 juin contre Washington et son record de points avec neuf quelques jours plus tard le 2 juillet face à Los Angeles.

« Quand tu rentres sur le terrain et que tu as des attentes sur combien de minutes tu vas avoir et qu’au final tu n’as pas trop le temps de faire ce que tu veux faire, c’est difficile mentalement. Le challenge était vraiment à ce niveau-là, confie-t-elle. Mais après, tu te dis que tu es dans la meilleure ligue au monde et que tu as attendu tant d’années avant d’en faire partie. Cela te donne un peu plus de perspectives. » 

Laeticia Amihere lors de la réception des Wings de Dallas. Crédit image : Atlanta Dream

Le plein d’expérience

Même si elle n’a presque pas touché le terrain, Laeticia Amihere a tout de même été retenue dans l’effectif final pour les séries éliminatoires. Atlanta n’a malheureusement pas passé le premier tour avec une élimination 2-0 contre Dallas, mais c’est une expérience qui lui sera profitable à l’avenir. 

« Ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’aller aux séries dès sa première année! C’est un grand point positif. Et puis, c’est un rêve car tout le monde n’a pas l’opportunité de jouer en WNBA. J’ai été choisie par une équipe dans laquelle je suis restée toute l’année. Ce sont ces petits succès qu’on veut célébrer. » 

Le regard est déjà tourné vers la saison prochaine avec forcément des objectifs personnels et collectifs qui seront plus élevés. La Franco-Ontarienne a commencé à se préparer et à s’entraîner pour travailler sur les choses sur lesquelles elle veut progresser. 

« L’objectif est d’avoir plus d’opportunités. Je viens avec plus d’expérience en rentrant dans ma deuxième année, donc je pense que cela va beaucoup m’aider. » 

De l’expérience, Laeticia Amihere devrait en engranger davantage cet été avec la sélection canadienne qui disputera les Jeux olympiques à Paris. Dans le groupe depuis 2017, alors qu’elle n’était âgée que de 17 ans lors de son premier match avec les Rouges, elle a fait par la suite partie de l’équipe qui s’est qualifiée pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020 et était présente au Japon, où les Canadiennes avaient obtenu la neuvième place. 

Une qualification olympique presque inespérée

Toujours de l’aventure en 2024, Laeticia Amihere et ses coéquipières ont connu un tournoi de qualification au scénario rocambolesque en février dernier, à Sopron en Hongrie. Battues par les Japonaises sur le score de 86-82, les Canadiennes devaient compter sur une victoire de l’Espagne face à la Hongrie pour obtenir leur qualification.

Favorites, les Espagnoles ont pourtant compté jusqu’à 22 points de retard. La suite? C’est la Canadienne elle-même qui vous la fait vivre de l’intérieur. 

« Je suis restée pour regarder le match mais, à la mi-temps, je suis rentrée à l’hôtel parce que je me suis dit qu’il n’y avait plus trop d’espoir. On a mangé ensemble et je savais que mes coéquipières étaient en train de regarder le match sur leur téléphone. Je ne voulais pas regarder, mais j’ai commencé à les entendre crier, se bousculer. J’ai alors compris qu’il y avait un peu d’espoir. Du coup, j’ai suivi un peu. »

Pour les deux dernières minutes du match, elle est finalement partie dans sa chambre. « J’ai tout éteint. Je ne pouvais pas supporter ce moment d’attente : être aux Jeux ou attendre quatre ans. Au final, je me rappelle avoir entendu un bruit, tout le monde était en train de hurler dans le couloir. Là, j’ai compris que quelque chose de bon venait de se passer. Je suis sortie sans savoir, mais avec tous ces hurlements, j’ai compris qu’on venait de se qualifier! »

L’Espagne a finalement renversé la vapeur pour s’imposer 73-72 et envoyer les Canadiennes à Paris. 

« Je suis très excitée. J’ai beaucoup de famille en France et je sais qu’ils vont venir me soutenir. Ma famille n’avait pas pu venir à Tokyo, donc cette fois, c’est une super occasion pour qu’ils viennent me voir jouer et représenter mon pays. Il me semble que ce sera la première fois seulement qu’ils auront la chance de venir me voir jouer pour le Canada. C’est un moment que j’attends beaucoup. »

Laeticia Amihere sous les couleurs du Canada face à la France. Gracieuseté Klutch Sports Group

Objectif médaille olympique

Le tirage au sort de la phase de groupe du tournoi de basket-ball féminin a eu lieu le 19 mars dernier. Les Canadiennes retrouveront la France et l’Australie deux équipes que Laeticia Amihere a déjà affrontées à plusieurs reprises. Le Nigeria complète ce groupe B. « Ce sera ma première fois contre le Nigéria », précise-t-elle.

Malgré la petite frayeur du tournoi de qualification, que la Franco-Ontarienne attribue notamment à l’absence de dernière minute de la vedette de l’équipe Kia Nurse, les Canadiennes, riches d’un effectif expérimenté, comptent jouer les premiers rôles lors de cet événement. Objectif médaille et rien d’autre? 

« Absolument! Avec tout ce qu’on a appris cette année et l’expérience qu’on a toutes ensemble – ce sont déjà mes deuxièmes Jeux, mes coéquipières en ont quatre pour certaines – je pense que c’est quelque chose qui va beaucoup nous aider. J’ai beaucoup de confiance dans mon équipe. »

Rendez-vous le 29 juillet à Lille pour le match d’ouverture du groupe face à l’équipe de France, hôte de la compétition.