Candidats à la mairie de Toronto : de surprenantes promesses pour la francophonie
TORONTO – Si la communauté francophone reste une minorité linguistique dans la Ville reine, il n’en reste pas moins que le français et l’anglais constituent les deux langues officielles du Canada, tout comme dans la capitale économique du pays. Maison de la francophonie, commissariat municipal aux services en français ou encore communications de la ville en français… À 11 jours du scrutin partiel, les principaux candidats à la mairie de Toronto évoquent leurs projets pour la francophonie, absents de leurs programmes officiels.
Un million de dollars, c’est le nouveau fonds annuel que la candidate Mitzie Hunter propose de mobiliser en travaillant avec des partenaires provinciaux et fédéraux pour améliorer la disponibilité des services et des communications en français dans la ville de Toronto, visant à rétablir la communication dans les deux langues officielles.
Si elle est élue le soir du 26 juin, l’ancienne députée libérale de Scarborough-Guilwood assure qu’elle négociera avec le gouvernement fédéral pour débloquer les fonds pour la Maison de la francophonie, dont le projet est en berne depuis plusieurs années : « La Maison de la francophonie sera un ajout essentiel à la Ville et je m’emploierai à œuvrer avec d’autres paliers de gouvernement pour ce projet. »
Elle souhaite utiliser le Comité consultatif des affaires francophones de Toronto comme un véhicule pour identifier les opportunités d’action pour répondre aux besoins.
Une idée que partage sa rivale Olivia Chow, ancienne conseillère municipale et ex-députée fédérale néo-démocrate, partage la même idée : « Nous pouvons travailler avec le comité pour déterminer la meilleure façon d’engager les communautés torontoises de langue française et pour comprendre comment les servir dans la langue officielle de leur choix. »
Cela passe par « la compréhension de la meilleure façon de communiquer les annonces et les services de la Ville à cette communauté », déclare-t-elle, ajoutant vouloir instaurer un commissariat municipal aux services en français pour contrôler les progrès réalisés.
Côté culture, Mme Chow exprime sa volonté de défendre le financement d’institutions culturelles françaises comme la Maison de la francophonie auprès des gouvernements et de travailler avec les communautés francophones pour célébrer des journées de reconnaissance telles que la Saint-Jean-Baptiste, la Journée nationale des Acadiens ou encore le Jour du drapeau haïtien : « En tant que maire, je soutiendrai la célébration du patrimoine culturel diversifié de Toronto. »
L’Éducation en français
Olivia Chow soutient également vouloir développer davantage l’éducation en français dans les écoles et communautés publiques avec plus d’établissements d’enseignement francophone.
Josh Matlow, conseiller municipal de Toronto – St. Paul, qui est le seul candidat à déplorer le fait que « les contributions actuelles que nous recevons par le biais des accords bilatéraux n’ont pas été suffisantes », soulève la question de l’égalité réelle de connaissance et d’expression du français à Toronto et la nécessité d’équité sur laquelle il souhaite mettre l’emphase.
« Le gouvernement fédéral doit impliquer les gouvernements locaux et provinciaux en tant que partenaires et intervenants égaux dans la prestation et l’adaptation des langues officielles par le biais d’un cadre stratégique », prône-t-il.
« La plus grande priorité devrait être de renforcer la capacité de parler français des Torontois, ce que j’ai entendu des organismes francophones de la ville » – Josh Matlow
Faisant la part belle à l’éducation en français, celui-ci déclare : « En tant que maire, je plaiderai pour le développement des écoles et des centres scolaires et communautaires, car ils ont été la principale avancée des communautés francophones en situation minoritaire au Canada. »
Son programme : plaider pour des investissements de tous les niveaux de gouvernement afin d’élargir les opportunités d’apprendre et de parler le français, nécessitant des financements adéquats. « La plus grande priorité devrait être de renforcer la capacité de parler français des Torontois, ce que j’ai entendu des organismes francophones de la ville. »
Il envisage lui aussi des consultations avec la communauté francophone de Toronto pour approfondir l’idée de nommer un commissaire municipal aux services français.
« Je soutiens le renforcement de la francophonie, de sa langue et de ses cultures en soutenant des projets qui favorisent la prospérité économique, l’éducation et le développement des compétences », conclut M. Matlow.
Priorité à la majorité anglophone?
Contrairement à l’approche de certains candidats qui présentent des mesures chiffrées et concrètes, d’autres semblent n’avoir qu’une vague idée de leurs projets pour la francophonie à Toronto. Cela pourrait être le cas de l’ancienne conseillère municipale de Davenport Ana Bailão dont les intentions consistent uniquement à soutenir le « rétablissement » du Comité francophone de Toronto, comité déjà en place depuis quatre mois et dont la nouvelle équipe est en cours de constitution.
« Les centres culturels jouent un rôle important dans de nombreuses communautés et, en tant que maire, Ana se réjouirait de travailler avec la communauté francophone de Toronto pour faire avancer leurs priorités pour l’avenir de notre ville », répond une porte-parole de son équipe de campagne.
Brad Bradford a, pour sa part, affirmé qu’en tant que conseiller municipal pour le quartier Beaches-East York il a soutenu le travail du précédent Comité consultatif des affaires francophones durant quatre ans et qu’il continuera à l’encourager à l’avenir.
« En tant que maire, je m’engage à intégrer les perspectives et les idées francophones dans nos plans de développement économique et culturel afin de nous assurer que nous pouvons créer une ville qui représente la diversité culturelle et linguistique qui y vit. Avoir la contribution de divers groupes est la meilleure façon de nous assurer que nous répondons à leurs besoins et que nous intégrons leurs idées dans le tissu de notre ville. »
Mark Saunders, l’ancien chef de la police de Toronto, n’a quant à lui pas répondu à nos demandes d’entrevue pour évoquer ses vues sur la francophonie.