Coup d’envoi de la rentrée scolaire à Ottawa : un moment attendu et redouté
OTTAWA – Les élèves de la région d’Ottawa ont fait leur rentrée ce matin dans un contexte de quatrième vague de COVID-19 en Ontario, alimentée par la propagation du variant Delta. Confiants dans les conditions de sécurité instaurées dans les écoles, ils souhaiteraient que la vaccination de la population aille plus vite, pour éviter de replonger dans l’enseignement à distance, un apprentissage qui pour beaucoup a été préjudiciable à la socialisation de leurs enfants. Un reportage de Jean-Philippe Bélanger et Rudy Chabannes.
La sonnerie retentit à l’École secondaire catholique Franco-Cité. Pour la première fois depuis longtemps, les élèves convergent vers l’établissement ottavien, une routine réactivée avec distanciation, autodépistage et port du masque obligatoire. À l’extérieur, les parents embrassent leurs enfants, tandis que des membres du personnel agitent une pancarte de bienvenue. À l’intérieur, toute une série de règles attend les élèves sur le lavage des mains et la limitation des interactions entre cohortes.
Mélanie Bilodeau, qui accompagne sa fille en huitième année en sport-études, se dit heureuse de ce retour en présentiel après une si longue attente. « Je crois beaucoup à l’aspect social », dit-elle. « Interagir entre avec les autres jeunes est aussi important que d’apprendre à l’école. Si ma fille est anxieuse aujourd’hui, ce n’est pas à cause de la COVID-19 mais du fait de commencer l’école. »
La remontée de la courbe de cas quotidiens de COVID-19 est dans toutes les têtes ce mardi, devant l’école, mais l’envie de tourner la page de l’apprentissage à la maison est plus forte. Les protections individuelles sont rigoureusement portées. L’établissement scolaire a communiqué au préalable avec les parents afin de veiller au respect des protocoles de santé et sécurité.
Père d’un jeune de 12 ans, Arsène Kouassi avoue avancer dans l’inconnu. « Mon fils était tout le temps à la maison. Cette année, on essaye le présentiel mais on ne sait pas à quoi s’attendre. Le variant me préoccupe car mon fils a moins de 12 ans. Quand on a le vaccin, on risque moins d’être malade, alors on espère que ça ira bien. »
« On est doublement vaccinés et on garde le masque », surenchérit Mme Bilodeau. « Si on doit prendre un 3e vaccin, on le fera pour s’assurer que les écoles puissent rester ouvertes. J’espère qu’on ne sera pas obligé de refermer nos écoles. »
Tous souhaitent que la vaccination en Ontario atteigne de plus hauts niveaux. 76% de la population âgée de 12 ans et plus a reçu ses deux doses de vaccin, à travers l’ensemble de la province. Sur les 525 nouvelles contaminations enregistrées ce mardi, 326 touchent des personnes non vaccinées.
« Je suis content pour mes enfants et soulagé qu’on retourne à la norme », réagit Steve Blais, père de deux enfants scolarisés en 10e et 12e année. « On aimerait que tout le monde soit vaccinés et qu’on encourage plus les gens qui hésitent encore. J’ai des craintes qu’on referme mais ça devrait bien aller », estime-t-il, attendant de la transparence et de la communication de la part de l’école. « On veut des mises à jour régulières. Ils font très bien ça jusqu’à présent. »
Le directeur de l’éducation du CECCE, Marc Bertrand indique que son conseil scolaire doit se préparer à toute éventualité, afin de poursuivre leur mission éducative quel que soit le contexte. La vie n’est encore pas ce qu’elle était avant la pandémie, mais avec le recul, cette dernière épreuve (…) nous aura appris à nous réinventer, à redoubler de créativité et de résilience ».
À l’image de l’École secondaire Franco-Cité, près de 26 000 élèves du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) ont repris le chemin l’école ce mardi. On en compte plus de 17 000 dans les écoles du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) et 10 200 au sein du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO). Les conseils scolaires du reste de l’Ontario, dans le Nord et le Sud-Ouest rouvriront leurs portes le 7 septembre.
La vaccination des élèves en âge de l’être ainsi que des membres du personnel scolaire n’est pas obligatoire en Ontario, malgré l’appel des syndicats d’enseignants à aller en ce sens. Une association de conseils scolaires francophones s’est aussi positionnée en faveur d’une telle démarche.
Pour contrer le virus, la province a opté pour un plan qui oblige le port du masque non médical à l’intérieur des écoles et des autobus scolaires où les places assises sont attribuées. Les masques peuvent être temporairement retirés à l’intérieur en cas d’activité physique et de lunch, en maintenant une distance minimale de deux mètres.
En plus d’un accroissement des investissements dans les systèmes de ventilation et la santé mentale, le plan ontarien laisse le choix aux familles de poursuivre l’apprentissage à distance si elles ne souhaitent pas revenir au mode présentiel.