COVID-19 : l’Ontario entre officiellement dans sa sixième vague

L'Ontario entre officiellement dans la sixième vague
Le Dr Kieran Moore, médecin hygiéniste en chef de l'Ontario. Archives ONFR+

Critiqué par l’opposition pour son mutisme et, après plus d’un mois sans donner de nouvelles, le Dr Kieran Moore, médecin-hygiéniste en chef de l’Ontario, est sorti de son silence ce lundi afin d’annoncer l’entrée de la province dans sa sixième vague de COVID-19 et l’élargissement de l’admissibilité des traitements antiviraux et des tests PCR à un plus grand nombre d’Ontariens.

« Il est clair qu’on est entré en Ontario dans la sixième vague à cause du nouveau variant BA.2 et que la tendance haussière va se poursuivre dans les prochains jours », a déclaré le médecin-hygiéniste en chef de la province, exhortant les Ontariens à continuer de porter le masque et de se faire vacciner.

« Il a fallu pousser durant des semaines pour que le Dr Moore daigne enfin sortir de son silence et éclairer les Ontariens quant aux vraies données sur la COVID-19, a réagi la députée de Glengarry-Prescott-Russell, Amanda Simard, au micro d’ONFR+. « Les citoyens ont le droit de savoir. »

France Gélinas, députée néo-démocrate de Nickel Belt. Crédit image : Rudy Chabannes

Même constat de la députée d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard : « On a des sonnettes d’alarme qui viennent de certaines régions et de certains experts de santé qui disent que la situation des hôpitaux et des écoles est inquiétante présentement. »

La députée néo-démocrate France Gélinas s’inquiète d’une même voix du manque d’action du gouvernement, particulièrement envers les écoles. « De plus en plus de directeurs de santé publique nous disent qu’il serait plus sécuritaire d’y porter le masque » car « les enfants sont vecteurs de transmission et que leurs parents, une fois infectés, ne peuvent plus se rendre au travail. »

0,8 % des Ontariens seraient contaminés chaque jour

Si les données officielles sont, jusque-là, loin de refléter la réalité sur le terrain concernant le nombre de cas quotidien à cause d’un accès restreint au test PCR, les analyses des eaux usées effectuées par le Groupe consultatif scientifique ontarien démontrent qu’entre 100 000 et 120 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque jour dans la province, soit 0,8 % des Ontariens qui seraient contaminés quotidiennement. À ce rythme, il suffit de cinq mois pour que la population entière soit infectée.  

« Si on fait comprendre aux Ontariens que le nombre de cas est faible, leur comportement en sera influencé et ils baisseront la garde. Alors que si on leur dit qu’il y a 100 000 cas par jour et qu’ils vont être exposés à la COVID-19 au moins une fois dans la journée, ils vont prendre leurs précautions et mettre leur masque. On demande aux gens d’évaluer eux-mêmes les risques, mais comment est-ce possible si on ne leur fournit pas des données correctes », s’indigne Mme. Simard.

La députée libérale Lucille Collard
La députée libérale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard. Archives ONFR+

La situation des USI pas si inquiétante que cela

Cependant, le gouvernement a annoncé aujourd’hui que la province compte, à partir du 12 avril, faciliter l’accès aux antiviraux et au test PCR jugé beaucoup plus fiable que les tests rapides pour les personnes admissibles possédant une ordonnance dans ce sens.

Ceci dit, si le nombre des cas quotidiens explose et que celui des hospitalisations a doublé entre le 21 mars, date à laquelle l’Ontario a fait tomber le masque, le nombre des cas admis en Unité de soins intensifs (USI) est, quant à lui, demeuré stable avec 181 cas le 21 mars contre 184 aujourd’hui.

L’autre point sur lequel le Dr. Moore a été clair également est relatif à la reprise de l’obligation du port du masque. « Nous n’allons pas réimposer le masque obligatoire, mais il se peut que cela soit le cas dans certains lieux publics intérieurs si la situation se dégrade, surtout pendant l’hiver », a-t-il déclaré.

Pas de retour obligatoire des masques pour le moment

En revanche, concernant le plan du gouvernement consistant à abandonner le port du masque dans les centres de soins de longue durée, les hôpitaux et les transports en commun d’ici le 27 avril prochain malgré cette sixième vague, le Dr Moore est resté vague sur le sujet, se limitant à dire qu’il est favorable à une prolongation de l’obligation du port du masque dans ces lieux, mais que c’était, in fine, au gouvernement de décider.

Le Dr Kieran Moore dans les couloirs de l’Assemblée législative de l’Ontario. Crédit image : Rudy Chabannes

Des propos qui contrastent avec ceux de la ministre de la santé de l’Ontario, Christine Elliott tenus le matin même en chambre : « Nos décisions ont toujours été fondées sur la science et les recommandations du Dr Moore. Nous avons toujours agi ainsi et nous continuerons de le faire. À ce stade, nous devons apprendre à vivre avec la COVID-19. »

Cela n’a pas manqué de susciter la crainte de Mme Collard. « Ce qui m’inquiète le plus dans cette histoire c’est le fait qu’on va bientôt enlever les masques dans les centres de soins de longue durée, les hôpitaux et les transports en commun », a-t-elle fait savoir.