Un déplacement de Doug Ford à Ottawa, en toute discrétion
OTTAWA – En déplacement ce lundi, Doug Ford n’a pas rassemblé une foule derrière les bureaux du Ottawa Citizen. C’est sur le toit d’un bâtiment en construction que le chef progressiste-conservateur a annoncé, entre autres, son plan d’extension de l’autoroute 417. Il s’est aussi défendu sur son présumé manque d’intérêt pour la capitale et sa région.
Aucune démonstration de force, aucun partisan sur place. La présence du premier ministre sortant à trois jours des élections soulève certaines questions.
La semaine dernière, le chef libéral Steven Del Duca a attaqué Doug Ford sur son absence prolongée dans la région de la capitale nationale. « On dirait que Doug Ford a oublié qu’Ottawa faisait toujours partie de la province », avait-il lancé lors d’un déplacement dans l’Est ontarien.
Ses opposants lui reprochent, notamment, de ne pas avoir suffisamment offert son soutien aux habitants d’Ottawa durant l’occupation illégale des camionneurs en février dernier.
« Il n’était pas du tout présent et a laissé la ville d’Ottawa dans ses retranchements. On sait depuis longtemps que Doug Ford est très Toronto centré, c’est là qu’il pense asseoir sa majorité », indique Stéphanie Chouinard, politologue et professeur au Collège Militaire Royal.
Dans un second temps, Doug Ford est attaqué de toutes parts sur son absence dans cette région durant la campagne, alors qu’il est très agressif pour s’implanter dans des circonscriptions telles que Windsor ou Hamilton, pourtant fief des néo-démocrates.
C’est une semaine après qu’une tempête a particulièrement affecté l’Est ontarien et seulement trois jours avant les élections que le parti se déplace à Ottawa, la deuxième plus grande ville de l’Ontario.
Doug Ford se défend indiquant « tous les jours, j’étais en contact avec Hydro One et Hydro Ottawa. Nous avons mis en place des ressources auprès de ministères, des pompiers et nous avons contacté d’autres provinces qui ont envoyé des techniciens y compris les États-Unis ».
Il évince les critiques, notamment en expliquant quelques jours après la tempête, qu’il ne se déplacerait pas sur les lieux touchés, afin de ne pas déranger les techniciens envoyés en renfort.
« Je veux clarifier une chose, j’aurais toujours les intérêts des Ottaviens », conclut-il.
Pour Stéphanie Chouinard, son absence pourrait s’expliquer, car, « Doug Ford ne voit pas de grands gains dans la région d’Ottawa ».
Un contrôle du narratif
« Ce que le parti progressiste-conservateur fait, c’est un modèle opératoire pour éviter des gaffes », suggère la politologue Stéphanie Chouinard.
Déjà en 2018, la formation politique semblait avoir sa propre stratégie de communication en filtrant les médias traditionnels.
Dans cette campagne, cette stratégie demeure, pourtant « durant le creux de la crise sur la COVID-19, ce n’était pas le cas, la relation était même assez bien », explique Mme Chouinard.
D’ailleurs, la politologue explique que dès le début de la campagne, « nous l’avons remarqué, le parti voulait contrôler le message. Ils font ça de manière très très serrée. C’est vrai pour le chef, il répond très peu aux questions et donne rarement son itinéraire, mais c’est aussi vrai pour les candidats locaux qui ne répondent pas aux demandes d’entrevues ».
Dans le cas de Doug Ford, cette stratégie d’ignorer les médias est une façon de contrôler l’information qui sort, est souvent dénoncée par ces adversaires politiques. Une attitude qui ne serait pas nouvelle, et bien présente dans la campagne de 2022.