Deux Franco-Ontariennes à l’assaut de la Coupe du Monde de soccer

L'Ottavienne Vanessa Gilles (Olympique lyonnais) et la Sudburoise Cloé Lacasse (Arsenal FC) s'apprêtent à jouer leur premier match ce jeudi. Montage ONFR+. Crédit image: Soccer Canada

MELBOURNE (Australie) – Les championnes olympiques en titre vont tenter d’aller chercher leur premier titre mondial du côté de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie. Dans leurs rangs, Vanessa Gilles et Cloé Lacasse auront chacune un rôle important à jouer pour atteindre cet objectif. 

Après avoir remporté le premier titre olympique de son histoire en 2021, la sélection féminine de soccer canadienne veut poursuivre sur sa lancée avec la Coupe du monde qui débute ce jeudi 20 juillet face au Nigeria. 

Le Canada se trouve au sein de la très relevée poule B en compagnie de l’Irlande du Nord et de l’hôte de la compétition l’Australie. Un groupe que la sélectionneuse Bev Priestman a même décrit comme celui de la « mort ».

La Franco-Ontarienne originaire de Sudbury Cloé Lacasse qui n’était pas de l’équipe championne olympique en 2021 va disputer sa première grande compétition internationale. L’attaquante sort d’une saison fantastique avec Benfica au Portugal où elle a été élue joueuse de l’année et a remporté le titre de championne du Portugal avec un impressionnant bilan collectif (20 victoires, une défaite, seulement six buts encaissés) et surtout individuel (21 buts et 13 passes décisives en 42 matchs).

Des performances qui lui ont valu un transfert cet été dans l’un des plus grands clubs du monde, Arsenal, et une sélection pour la Coupe du monde, où elle aura un rôle important à jouer en sortie de banc. 

L’attaquante franco-sudburoise d’Arsenal FC, Cloé Lacasse. Crédit image : Gualter Fatia / Intermittent via Getty Images.

« Être capable de représenter mon pays, c’est assez nouveau », a-t-elle expliqué lors d’une entrevue d’introduction dans son nouveau club. « Ça a été une expérience incroyable jusque-là. Avoir l’opportunité de représenter mon pays à la Coupe du monde, avec ma famille qui me suivra, ça signifie énormément pour moi, plus que tout au monde. »

« C’est quelque chose que je n’ai pas encore réalisé et qui va certainement me frapper quand la compétition va commencer J’ai hâte que ça commence et qu’on ramène la Coupe du monde à la maison. » 

Pour Vanessa Gilles, le contexte est différent. Cadre de l’équipe championne olympique, titulaire indiscutable en sélection et avec l’Olympique lyonnais, la défenseuse qui a commencé le soccer à l’âge de 15 ans du côté d’Ottawa est attendue comme une joueuse majeure de la sélection qui compte pas moins de 14 championnes olympiques à Tokyo reconduites par Bev Priestman. Seules Janine Becky et Nichelle Prince manquent à l’appel tandis que la vétérante Desiree Scott n’a pas été retenue. 

Ramener la coupe à la maison

Les objectifs sont clairs pour les joueuses de Bev Priesman, elles veulent aller au bout. Même si, selon Vanessa Gilles, elles ne sont peut-être pas estimées à leur juste valeur. 

« J’ai l’impression qu’il y a toujours ce sentiment qu’aux Jeux on considère que nous avons eu de la chance. Nous avons toujours cette identité d’équipe qui a à prouver et nous devons encore démontrer notre force, malheureusement… Nous devons nous prouver à nous-mêmes avec cette envie de fermer des bouches. Nous connaissons notre valeur, la qualité de notre équipe et nous y allons avec ces certitudes », a-t-elle confié à CBC Sports.

La défenseuse de l’Olympique lyonnais Vanessa Gilles. Crédit image : Catherine Ivill/Getty Images

Les joueuses de Priestman sont concentrées sur la préparation de cet événement depuis plus d’un an. Elles avaient fait un premier repérage en septembre 2022 avec deux matchs face à l’Australie, la co-organisatrice de l’événement, couronné de succès. Les Canadiennes s’étaient imposées à Brisbane sur le score de 1 à 0 puis 2-1 à Sydney dans un stade flambant neuf plein à craquer qui leur avait offert un réel avant-goût de la compétition à venir. 

Les Rouges avaient ensuite enchaîné deux victoires en amical contre l’Argentine et le Maroc en octobre avant de passer un gros test contre le Brésil en novembre. Une double confrontation face à l’une de leurs rivales pour le titre mondial qui s’était soldée par une victoire 2-1 et une défaite sur le même score mettant mis fin à une série de cinq victoires de suite sur la fin d’année – six de suite aurait été une performance égalée vieille de 20 ans.

Un contexte particulier 

La suite de la préparation avec le retour à la compétition en février 2023 a été plus compliquée du fait d’événements extrasportifs aussi déroutants que nécessaires pour le soccer féminin au Canada. À l’ouverture de la Coupe SheBelieves, les joueuses ont manqué les premiers jours du camp d’entrainement pour protester contre les différences de financements entre l’équipe de soccer féminine et masculine. 

Avec une préparation tronquée en raison de ce combat important à mener, les Canadiennes sont passées à côté du premier match de la compétition face à leurs grandes rivales, numéro 1 mondiale, les États-Unis. Malgré une nouvelle victoire face au Brésil (2-0) et un but de Vanessa Gilles, elles ont terminé dernières de la compétition avec une défaite 0-3 contre le Japon.

Malgré tout, ce « sacrifice » de la Coupe SheBelieves n’a pas été fait en vain puisque deux mois plus tard, quatre joueuses de la sélection dont la légendaire Christine Sainclair ont été reçues à la Chambre des communes pour partager leur combat pour l’égalité avec le Comité permanent du patrimoine canadien. 

Suite à cela, il y a eu du changement au sein de la fédération avec Charmaine Crooks qui a été élue présidente par intérim et Jason DeVos qui a été élu secrétaire par interim de Canada Soccer, suite à de nombreuses démissions résultant notamment des protestations de l’équipe féminine. 

« Je les sens concentrées à 1000 % sur l’événement » – Bev Priestman

Il y a trois semaines de cela, DeVos a fait une sortie médiatique remarquée indiquant que Canada Soccer pourrait faire faillite. Des problèmes financiers qui pourraient avoir un impact sur l’équipe lors de cette Coupe du monde. L’une des clés du succès de la sélection sera d’ailleurs de rester concentré sur ses objectifs sportifs comme l’a confié Bev Priestman à Andy Petrillo de One Soccer. 

« Je les sens concentrées à 1000 % sur l’événement. Cette dernière semaine de préparation a vraiment fait ressentir un vent nouveau. Les joueuses sont concentrées, elles sont enthousiastes. On s’est fixé sur les trois semaines de préparation de s’entraîner du mieux qu’on peut car on sait que c’est déterminant pour la compétition. Nos entraînements sont très compétitifs, on s’entraîne pour être en finale. […] Il y a une très bonne ambiance au sein de l’équipe. »

Le coup d’envoi de la rencontre face au Nigéria ce jeudi est prévu pour 22h30, heure de l’est. Une belle occasion de confirmer cet état d’esprit conquérant et de frapper fort d’entrée pour les Rouges.