Dix municipalités à surveiller au cours de la soirée

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Les 444 municipalités de l’Ontario connaîtront toutes, ce soir, leurs nouveaux représentants. À quelques heures des résultats des élections, petit tour d’horizon des dix municipalités à surveiller pour les francophones au cours de la soirée.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Cornwall : le défi de Bernadette Clément

La Franco-Ontarienne Bernadette Clément a peut-être rendez-vous avec l’histoire, ce soir, à Cornwall. Si elle parvient à être élue, elle deviendrait la première mairesse femme à diriger la ville, la première minorité visible aussi. Il faut remonter à plus de 100 ans, avec Angus Lalonde, pour voir un francophone à la tête de Cornwall.

Avocate de formation et diplômée de l’Université d’Ottawa, ancienne conseillère municipale, et actuellement directrice générale de la Clinique juridique de Stormont, Mme Clément possède, bien sûr, un CV qui plaide en sa faveur.

Mais la partie ne sera pas mince pour elle. Elle devra en découdre avec le maire sortant, Leslie O’Shaughnessy, le conseiller municipal, David Murphy, et Nicole Spahich, une ancienne candidate à la mairie.

En cas d’élection, elle devra aussi raviver le sentiment de fierté des quelque 10 000 francophones, dont l’assimilation du fait de la proximité avec les États-Unis est plus rapide qu’ailleurs.

Grand Sudbury : le projet du Kingsway en toile de fond

La construction du district de divertissement du Kingsway continue de susciter beaucoup d’inquiétudes à Sudbury. À tel point que le projet a occupé la majorité des débats de cette campagne municipale.

L’enjeu? La facture de 100 millions de dollars envisagée pour le projet, et assumée par le maire sortant, Brian Bigger, qui sollicite un second mandat. Une folie en revanche pour ses principaux adversaires, Patricia Mills ou encore, Dan Melanson.

Graphique illustrant le futur district de divertissement du Kingsway à Sudbury. Gracieuseté

Côté francophonie, on ne peut pas dire que les quelque 40 000 francophones de Sudbury aient été particulièrement servis. Brian Bigger ou un autre, le prochain maire devra s’atteler à la tâche de la construction de la Place des Arts. Le début des travaux est même imminent.

Cela passera entre autres par un financement annuel de fonctionnement de 260 000 $. Une somme sur laquelle les différents candidats restent pour le moment assez flous.

Kapuskasing : un successeur pour Alan Spacek

Kapuskasing aura quoi qu’il arrive un nouveau maire, ce soir. Après douze ans de règne ininterrompu, Alan Spacek quitte son poste, ouvrant la voie à une course intense à quatre candidats.

Exode des jeunes vers les grandes villes, création urgente d’emplois, entretien des routes : les thèmes de campagne ressemblent beaucoup à ceux des autres ville du Nord de la province. Conseiller municipal depuis trois décennies, David Plourde part avec un cran d’avance sur ses trois autres adversaires, Vic Fournel, Gilbert Peters et Ron St-Aubin.

Source WikiCommons

Point rassurant : les quatre aspirants s’expriment tous en français dans cette municipalité, il est vrai, encore majoritairement francophone. Ce n’était cependant pas le cas d’Alan Spacek.

La Nation : l’ancien, l’actuel ou le nouveau?

Des huit municipalités des Comtés unis de Prescott et Russell, il faudra surveiller à la loupe les résultats de La Nation. Les résidents ont le choix entre trois candidats : François St-Amour, maire depuis 2010, son prédécesseur Denis Pommainville, et Danika Bourgeois-Desnoyers.

La municipalité de La Nation. Archives #ONfr

En 2014, la première passe d’armes entre MM. St-Amour et M. Pommainville avait tourné à l’avantage du premier. Sauf que depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Usure du pouvoir,  manque de développement commercial à Limoges, mais aussi l’épineux dossier de l’église de Fournier : le maire fait face à davantage de contestation.

Dans cette large municipalité avec notamment Limoges, St-Isidore, Fournier et St-Albert, les résidents pourraient aussi être tentés de laisser leur chance à Mme Bourgeois-Desnoyers. L’ancienne conseillère du quartier St-Albert deviendrait, dans ce cas, la première femme à la tête de la municipalité.

Orléans (quartier) : un fauteuil pour 17 candidats

Ils sont au total 17 sur la ligne de départ à Orléans pour succéder au conseiller municipal sortant Bob Monette, parti en retraite. Nul doute que la course dans cette « banlieue » d’Ottawa sera l’une des plus indécises de la soirée.

Il faut souligner qu’avec environ 40 000 francophones, ce quartier intégré à la municipalité d’Ottawa depuis 2001 a connu depuis un développement exponentiel.

Une population en hausse qui explique les besoins toujours grandissants : élargissement de l’autoroute 174, plus de transport en commun, une économie locale plus diversifiée.

Bien malin qui pourrait deviner le vainqueur, même si les dernières rumeurs placent Rick Bédard et Matthew Luloff dans les favoris. Les francophones devront aussi surveiller Mireille Brownhill et Diego Elizondo, auteurs tous deux d’une campagne dynamique.

Ottawa : Jim Watson en grand favori, mais avec quel score?

À moins d’un incroyable rebondissement, Jim Watson sera réélu, ce soir, maire d’Ottawa. Une victoire qui devrait lui permettre en 2020 de franchir la barre des dix années en continu à la barre de la municipalité. Un record.

Le maire d’Ottawa, Jim Watson. Archives #ONfr

Lors des dernières élections en 2014, M. Watson l’avait largement emporté avec 76 % des suffrages exprimés. Le maire sortant a vécu une campagne similaire à celle d’il y a quatre ans : une opposition faible, avec un prétendant qui se démarque (Mike Maguire en 2014, Clive Doucet cette année).

Reste à voir si la popularité de Jim Watson va demeurer intacte en comparaison de 2014. Les retards de l’ouverture du train léger ou encore, la décision récente de faire passer pour la première fois les taxes foncières à 3 % pourraient coûter quelques plumes au maire sortant.

Rideau-Vanier (quartier) : un vrai test pour Mathieu Fleury

Mathieu Fleury, 33 ans, n’est plus tout à fait le symbole de la « jeunesse » qu’il était à ses débuts. Élu à la surprise générale en 2010, puis reconduit quatre ans plus tard malgré une opposition bien organisée, le conseiller du quartier Rideau-Vanier, à Ottawa, doit essuyer de nouveau des critiques cette année.

Le projet de construction d’un refuge de 350 lits dans Vanier par l’Armée du Salut a poursuivi M. Fleury tout au long de cette campagne. Ses deux adversaires, Thierry Harris et Matt Lowe, n’ont eu de cesse à rappeler à l’élu sortant sa soi-disant mollesse dans le dossier.

Une éventuelle défaite de Mathieu Fleury ouvrirait une période d’incertitude pour la francophonie, même si son rival Thierry Harris semble prendre fait et cause pour les Franco-Ontariens. Pendant quatre ans, le conseiller de Rideau-Vanier est demeuré trop longtemps la seule voix à la table des élus à demander publiquement le bilinguisme officiel de la capitale.

Timmins : un deuxième mandat pour Steve Black?

En 2014, Steve Black devenait le plus jeune maire de l’histoire de Timmins (32 ans). Son confortable score de 65 % lui permettait de voir l’avenir avec assurance. Quatre ans plus tard, le maire n’est pas exempt de critiques sur sa gestion.

Le maire sortant de Timmins, Steve Black. Source Facebook

Au cœur du litige : les difficultés financières du festival Stars and Thunder. Les derniers chiffres parlent d’un trou de quasiment 2 millions de dollars. Le maire aimerait voir le festival rester dans les mains du municipal, tandis que ses adversaires souhaiteraient éventuellement le privatiser. Ces derniers n’hésitent pas à faire de ces difficultés le symbole des mauvaises dépenses de l’administration.

Les francophones représentant quelque 36 % de la population de Timmins n’ont pas été gâtés non plus durant la campagne. Les militants franco-ontariens locaux attendent le soutien de la municipalité pour la mise en place du centre de santé communautaire, validé par le gouvernement provincial, et une aide financière pour la reconstruction du centre culturel La Ronde.

Toronto : John Tory évidemment ou presque

John Tory se serait bien passé des projecteurs braqués sur la municipalité de Toronto au cours des dernières semaines. Les chamboulements imposés par la décision express du premier ministre, Doug Ford, de ramener le nombre d’élus de 47 à 25, ont finalement fait plus les gros titres que la campagne en elle-même.

Des circonstances fâcheuses mais qui ont peut-être aidé M. Tory à mettre les autres prétendants sous le boisseau. Jennifer Keesmaat, seule opposante véritable au premier magistrat sortant, est toujours donnée loin derrière dans les sondages.

Entre M. Tory et Mme Keesmaat, les Torontois ont le choix entre deux styles. Affable et gestionnaire, le premier a redoré l’image de la Ville reine ternie après les quatre ans de Rob Ford à la mairie, mais ses détracteurs lui reprochent de manquer d’une vision de long terme.

En comparaison, Mme Keesmaat, plus flamboyante, incarne une société plus égalitaire, avec des routes sécuritaires et un programme plus ambitieux sur l’environnement.

Windsor : des chiffres et de la sécurité pour Drew Dilkens

La « capitale canadienne du chômage » se porte beaucoup mieux qu’avant. Depuis la première élection du maire de Drew Dilkens, le taux de chômage a dégringolé, pour s’établir à 7,6 % contre plus de 10 % en 2014. Des astres donc alignés pour une réélection du maire sortant? Les choses ne sont pas aussi simples.

La ville continue de panser ses plaies, et beaucoup peinent à joindre les deux bouts, tout en se plaignant de l’insécurité. Ce dernier thème est d’ailleurs devenu un enjeu décisif de la campagne, M. Dilkens promettant une augmentation du nombre de policiers et l’implantation d’un système de surveillance de quartier numérique.

Principal opposant à M. Dilkens, Matt Marchand a jeté un pavé dans la mare en demandant l’embauche d’un vérificateur général pour contrôler les finances. Un souhait toujours refusé par le maire sortant.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Un éventail de choix à Orléans pour remplacer Bob Monette

Campagne municipale décevante pour les francophones de Timmins

La francophonie absente des élections municipales à Sudbury

Intense lutte à quatre pour la mairie de Kapuskasing

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