
À quelques mois d’élections, Blaine Higgs peine à trouver des candidats dans les régions francophones

Alors que les Néo-Brunswickois sont attendus aux urnes dans quelques mois, le Parti progressiste-conservateur de Blaine Higgs n’a pour le moment qu’une poignée de candidats confirmés publiquement dans près d’une dizaine de comtés du Nord, majoritairement francophones.
Blaine Higgs, qui pourrait déclencher des élections d’ici le 21 octobre, est au pouvoir depuis 2018. Il a souvent été critiqué par le passé par les groupes de défenses acadiens ou encore par les représentants des régions du Nord de la province, où réside une bonne part des francophones.
Au cours des dernières années, Blaine Higgs s’est souvent fait reprocher d’investir davantage dans les communautés du Sud, où sont la majorité des députés progressistes-conservateurs, plutôt que dans les régions du Nord, majoritairement libérales. En mai, les libéraux avaient accusé Fredericton de favoriser les régions du Sud après avoir révélé que seuls 7 % des dépenses d’un programme d’infrastructures avaient été réservées au Nord, alors que la région représente plus du quart de la population néo-brunswickoise.
À l’heure actuelle, quelques comtés du Nord-Est de la province ont déjà des candidats progressistes-conservateurs confirmés, dont un maire actuellement en poste. Il s’agit de Normand Pelletier dans Restigouche-Est, qui est maire de la municipalité de Baie-des-Hérons. La mairesse de Bathurst, Kim Chamberlain, serait aussi une candidate, selon Acadie Nouvelle. Ces deux candidatures pourraient aider, car il s’agit de personnalités locales connues, note Mario Lévesque, politologue de l’Université Mount Allison.
« Je pense qu’ils ont un peu de la misère à se trouver des candidats et ceux qu’ils trouvent, ils attendent à la dernière minute pour se déclarer comme candidat », fait-il comme analyse.
« C’est une indication que le monde a peur d’être attaché avec les politiques publiques du gouvernement du Blaine Higgs. Plus ils attendent, mieux c’est pour les candidats, car il y a moins de personnes qui peuvent essayer de les attaquer pour leurs politiques », souligne le professeur.
Mais plusieurs circonscriptions francophones, près d’une dizaine, n’ont toujours pas de candidats bleus. C’est le cas entre autres à Shédiac, Tracadie et Caraquet.
« Ça arrive de temps en temps, mais jamais à ce niveau-là, analyse Mario Levesque. C’est quelque chose qui est différent. »
Celui-ci n’est pas surpris du peu d’attention portée par Blaine Higgs au Nord de la province, car les sièges progressistes-conservateurs au Sud dans des régions comme Fredericton et Saint-Jean lui sont suffisants pour obtenir une majorité à l’Assemblée législative.

Il y a présentement 49 sièges dans la province et les troupes de Blaine Higgs en détiennent 25. Deux d’entre eux se sont ajoutés en 2022. Deux députés du People’s Alliance, un parti souvent hostile au bilinguisme officiel dans la province, ont quitté les rangs pour se joindre au gouvernement. Cette nouvelle et la nomination de l’ancien leader du People’s Alliance, Kris Austin, au cabinet quelques mois plus tard, avait choqué la communauté acadienne.
« Le parti conservateur ne s’occupe pas des francophones et du Nord de la province, ils ne sont pas intéressés », observe le politologue.
« M. Higgs ne s’emballe pas non plus, car il se dit qu’il peut avoir un gouvernement majoritaire sans prendre des circonscriptions dans le Nord et Nord-Est. Mais pour ça, il doit gagner les circonscriptions dans les grosses villes », dit-il, citant Fredericton et Saint-Jean comme des villes clés lors du prochain scrutin.
Le Parti libéral, opposition officielle à Fredericton avec 16 sièges, a à l’heure actuelle 42 candidats sélectionnés sur les 49 possibles.