Immersion en français : le Nouveau-Brunswick recule sur l’abolition du programme

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs. Crédit image: Stéphane Bédard

Le gouvernement Higgs n’ira pas de l’avant avec sa controversée réforme qui visait à abolir le programme d’immersion en français au Nouveau-Brunswick. Dans les derniers mois, le projet a été décrié par la communauté acadienne, mais aussi anglophone du Nouveau-Brunswick.

Le ministre de l’Éducation Bill Hogan avait proposé en décembre d’abolir le programme pour le remplacer par un système d’enseignement 50 % en français, 50 % en anglais. Certaines matières auraient été enseignées en français et d’autres en anglais. Ce changement aurait affecté tous les jeunes anglophones en maternelle et en première année dès l’automne et non ceux actuellement dans le système.

Des consultations tenues au cours des deux derniers mois ont fait grands échos dans la province. Lors de ces consultations tenues dans plusieurs villes, des centaines de personnes – des parents et des enseignants – ont défilé pour s’opposer au nouveau système proposé.

L’organisme Canadiens Parents For French avait critiqué l’abolition. Idem pour des associations de professeurs qui déploraient qu’un manque de personnel rende impossible ce nouveau modèle, en plus de vider les écoles francophones de ses enseignants au profit du système anglophone. Les consultations ont démontré que ce changement n’était pas à l’avantage des élèves, a-t-il plaidé.

« On a suivi la logique. On est arrivé au point que ça ne marchait pas pour tous nos élèves », a affirmé en conférence de presse le ministre Bill Hogan, ajoutant être « tellement content » de l’annonce qu’il fait.

Le système doit toujours être changé, prévient le ministre qui ajoute que le gouvernement profitera des prochains mois pour consulter ses partenaires. Des modifications pourront survenir à court, moyen et long terme, indique-t-il.

« On va continuer dès la semaine prochaine et on va continuer jusqu’au point où on est confiant qu’on peut livrer la meilleure éducation possible à tous nos élèves. »

Par le passé, le premier ministre Blaine Higgs avait affirmé que le programme d’immersion en français était un échec, mais Bill Hogan n’a cessé de marteler durant sa disponibilité média que les consultations ont fait réaliser au gouvernement que son nouveau modèle proposé était une erreur.

Canadians Parents For French a « salué un pas dans la bonne direction dans la seule province officiellement bilingue du Canada. »

« Nous félicitons les Néo-Brunswickois pour leur engagement à faire en sorte que les jeunes continuent d’avoir accès à l’immersion en français afin qu’ils puissent pleinement contribuer au bilinguisme dans la province », a déclaré Derrek Bentley le président de l’organisme national.

Le gouvernement fédéral avait aussi dénoncé l’action du gouvernement Higgs à l’époque, la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor menaçait de couper le financement qu’envoyait Ottawa à la province pour l’immersion française.

« Je tiens à souligner la mobilisation record des Néo-Brunswickois lors des consultations ces dernières semaines et je salue la décision du gouvernement provincial suite à l’écoute de leurs revendications », a déclaré par écrit celle qui est aussi députée de Moncton-Riverview-Dieppe.