Le ministre de l'Immigration Marc Miller estime qu'il revient aux provinces de prendre des mesures pour favoriser la venue d'étudiants étrangers francophones malgré le plafond imposé. Crédit image: La Presse Canadienne/Adrian Wyld

OTTAWA — Les établissements postsecondaires francophones qui s’attendent à ce que le gouvernement fédéral exempte les francophones du plafonnement des étudiants étrangers doivent d’abord se tourner vers leurs gouvernements provinciaux, prévient Ottawa.

Le ministre de l’Immigration Marc Miller invite les établissements francophones au pays, surtout en Ontario et au Nouveau-Brunswick, à « aller voir leurs premiers ministres ».

« Le premier instinct ne devrait pas être de venir voir le gouvernement fédéral », a-t-il lancé avant une réunion du caucus libéral, mercredi matin.

Mais le domaine du recrutement d’étudiants étrangers est « un train sans conducteur depuis fort longtemps et il est vraiment temps de ralentir la locomotive », soutient le politicien libéral. Cette mesure ne vise toutefois pas à ce que « les francophones à l’extérieur du Québec et au Québec soient préjudiciés », convient-il.

« C’est clair que j’ai le souci des étudiants francophones qui viennent pour étudier ici. J’ai une responsabilité particulière envers les francophones en dehors du Québec, selon mon mandat que je compte respecter », assure M. Miller.

La semaine dernière, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il plafonnait le nombre de nouveaux étudiants étrangers au pays à 360 000 en 2024, ce qui signifie une baisse de 50 % en Ontario par rapport à 2023.

L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) qui représente la vingtaine d’établissements francophones hors Québec réclame d’Ottawa la mise en place de « balises garantissant un seuil minimal de permis d’études aux établissements postsecondaires en contexte francophone minoritaire ».

Les collèges et universités francophones s’expliquent mal comment Ottawa indique dans sa nouvelle politique en immigration francophone vouloir « maximiser la sélection des travailleurs temporaires et des étudiants internationaux d’expression française », mais qu’il impose un tel plafond du même coup.

« Si cette politique est aussi robuste que le prétend le ministre, elle devrait constituer l’horizon à partir duquel toute mesure visant la clientèle internationale des établissements postsecondaires est développée », déplore l’ACUFC dans un communiqué.

Les établissements de la francophonie canadienne suggèrent que les étudiants francophones soient étiquetés comme une cohorte prioritaire, comme pour ceux à la maîtrise et au doctorat, qui sont exemptés du plafond annoncé par Ottawa.

« Y aura-t-il lieu de s’asseoir avec ces gens-là (les établissements francophones) et parler de mesures qu’on pourrait prendre dans le cas où la province en question ne veillerait pas à sa propre obligation de respecter les francophones? … On va regarder ça », répond Marc Miller.