Étudiants internationaux : l’Ontario serre la vis aux collèges et universités
Le gouvernement Ford a annoncé vendredi des mesures touchant le recrutement d’étudiants internationaux par les collèges et universités, et ayant pour but de « rehausser l’intégrité de l’éducation postsecondaire en Ontario ».
Plus tôt cette semaine, le fédéral a annoncé qu’il imposerait un plafond à la venue de nouveaux étudiants étrangers, pour une durée de deux ans, s’établissant à 360 000 personnes pour 2024. Le ministre de l’Immigration Marc Miller a indiqué que cette nouvelle mesure signifierait une baisse de 50 % pour l’Ontario.
En guise de réponse, le gouvernement Ford a annoncé aujourd’hui qu’il entend procéder à une évaluation approfondie des programmes offerts par les établissements postsecondaires qui accueillent un grand nombre d’étudiants internationaux. De plus, il imposera aux établissements qu’ils assurent une offre de logement pour les nouveaux étudiants étrangers qui arrivent.
La ministre des Collèges et Universités Jill Dunlop affirme par communiqué que la situation « exige que nous prêtions une attention immédiate et que nous agissions de manière concertée ».
Parmi les autres actions qui entreront en vigueur pour les établissements postsecondaires, mentionnons la mise en place de mesures pour améliorer le taux de réponse aux enquêtes sur les résultats des étudiants et le renforcement des liens entre les besoins du marché du travail de l’Ontario et les programmes offerts aux étudiants.
Autre nouveauté, la province imposera un moratoire sur les nouveaux partenariats entre les collèges publics et le secteur privé. Ces derniers, qui sont beaucoup plus populaires du côté anglophone, ont été critiqués par le ministre Miller, comme étant des institutions qui en profitent pour « abuser » des frais de scolarité plus élevés pour les étudiants étrangers.
« Ils (les établissements) ont agi en conséquence, ils se sont renfloué les coffres », critiquait-il.
L’Ontario ne s’est toutefois pas encore avancé sur la hausse du financement destiné aux établissements postsecondaires. La province a été pointée du doigt par Ottawa sur le sous-financement de ses institutions postsecondaires, forçant celles-ci à aller recruter massivement à l’étranger pour compenser.
« C’est clair que depuis au-delà d’une décennie, les provinces sous-financent l’éducation postsecondaire à travers le Canada — certaines provinces plus que d’autres — et ces institutions ont agi en conséquence », soulignait Marc Miller, plus tôt cette semaine.
En entrevue avec ONFR la semaine dernière, Marc Miller avait aussi soulevé la possibilité d’éviter que le plafond des étudiants étrangers ne vienne affecter les francophones.
« Je suis prêt à regarder des voies où les institutions d’expression française puissent avoir accès à ces gens-là. Je n’ai pas d’annonce à faire là, mais c’est une piste de solution », avait-il témoigné.
D’autres annonces à venir en février
Le ministère des Collèges et Universités entend aussi rehausser ses efforts « pour déterminer comment sévir davantage contre les recruteurs douteux qui profitent des étudiants étrangers et qui font des déclarations mensongères en matière d’emploi et de citoyenneté ».
« Nous devons trouver d’autres modes de collaboration pour lutter contre les pratiques de recrutement grossières, tout en protégeant notre capacité d’attirer les meilleurs et les plus brillants étudiants du monde pour qu’ils viennent étudier ici, en Ontario », a déclaré Jill Dunlop.
Cette dernière soutient que son ministère est toujours en train d’évaluer le rapport du blue–ribbon panel qu’elle a commandé. Ce comité de spécialistes en enseignement y émet des recommandations au gouvernement sur l’avenir financier du postsecondaire en Ontario, notamment celui des établissements de langue française.
C’est ce document qui avait remis en question la viabilité des petites universités franco-ontariennes, comme l’Université de Hearst et l’Université de l’Ontario français.
« Le gouvernement collaborera étroitement avec le secteur pour en arriver à une solution qui accorde une stabilité et une certitude tant aux établissements postsecondaires qu’aux étudiantes et étudiants. D’autres détails seront annoncés avant la fin de février », prévient un communiqué du ministère.