La ministre de la Famille Jenna Sudds en compagnie du premier ministre Justin Trudeau lors d'une annonce sur les services de garde. Crédit image: Photo par Adam Scotti (CPM)

OTTAWA – Des organismes de la francophonie canadienne s’inquiètent du silence du gouvernement Trudeau sur un projet de loi visant à assurer le financement à long terme des garderies francophones au pays.

Le projet de loi C-35, qui vise à entériner dans la Loi, les ententes avec les provinces et territoires sur le système des garderies à 10 $ par jour, a été amendé au Sénat. Le sénateur acadien René Cormier avait fait adopter un amendement visant à ajouter une mention sur les minorités linguistiques à l’article 8 du projet de loi, portant sur l’engagement financier à long terme du fédéral. Le projet de loi sera de retour à la Chambre des communes prochainement et le gouvernement Trudeau doit décider s’il accepte ou refuse cet amendement.

« Le problème est que le gouvernement demeure silencieux sur ses intentions (…). Le silence du gouvernement nous inquiète beaucoup. On a beaucoup de mal à comprendre pourquoi un gouvernement qui se targue de vouloir protéger le français au pays hésiterait même un instant à appuyer cet amendement », soulignait la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, en conférence de presse, ce mercredi.

La FCFA a tenté de rencontrer la ministre de la Famille et responsable du projet de loi, Jenna Sudds, et n’a pas eu de retour, même si des rencontres ont eu lieu entre le bureau de cette dernière et l’organisme porte-parole des francophones hors Québec. Le portrait n’est pas plus clair du côté des députés libéraux.

« On a eu plusieurs discussions avec plusieurs députés, mais c’est difficile de savoir exactement où les gens se situent par rapport à l’amendement… Je pense qu’ils sont très ouverts, mais on n’a pas eu de réponse officielle, comme telle, de leur part et c’est ça qui nous inquiète », soutient Mme Roy.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy. Gracieuseté

Lors des débats portant sur cet amendement, les sénateurs libéraux dans la Chambre haute et le représentant du gouvernement au Sénat avaient encouragé leurs collègues à voter contre la modification apportée par René Cormier.

De leur côté, les partis de l’opposition, qui doivent aussi se prononcer en faveur de la modification au Sénat, « reçoivent assez favorablement l’amendement », assure la présidente de la FCFA.

Selon les organisations francophones, les ententes entre les provinces et le fédéral signées au cours des dernières années n’ont pas mené à la création de places supplémentaires dans les services de garde en français. C’est donc pour cela que cet amendement est crucial, seconde de son côté la Commission nationale des parents francophones (CNPF), qui croit qu’il pourra faire une différence.

« Souvent, on pense beaucoup au financement pour que ça convienne à la majorité; alors on établit des règles de financement, mais là les francophones ont beaucoup de difficultés à faire en sorte qu’ils puissent avoir accès à ce financement-là. En Ontario, il y a des enjeux », explique Jean-Luc Racine, le directeur général de la CNPF.

Les organisations francophones ont eu l’appui de l’ancien juge de la Cour suprême Michel Bastarache dans ce dossier qui suggérait au gouvernement d’y aller de l’avant avec cet amendement. Un soutien similaire a aussi été obtenu du commissaire aux langues officielles Raymond Théberge.