Germaine Paquette reçoit le Prix de la francophonie de l’ACFO du grand Sudbury
SUDBURY – Le Prix de la francophonie de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury revient cette année à la militante Germaine Paquette, qui se voit remettre cette distinction au courant du fameux Banquet de la francophonie, tradition sudburoise de retour après plusieurs années de pandémie.
« Pourquoi moi? » réagit celle qui est devenue la 41e récipiendaire du Prix avant d’ajouter avec un trémolo dans la voix : « Ça m’a vraiment touchée que ma communauté, ma famille francophone, me reconnaisse. » Elle succède ainsi à Amélie Hien, première femme noire à avoir remporté le trophée.
Originaire de Hallébourg, au nord de Cochrane, et installée à Azilda, celle qui est la maman du populaire chanteur et comédien sudburois Stéphane Paquette, a enseigné durant 35 ans en plus de ses implications bénévoles au sein de plusieurs organismes.
Parmi les expériences qui l’ont le plus marquée, son passage de deux ans à Wawa où elle venait de débuter sa carrière d’enseignante. C’est là, dit-elle, qu’elle a réalisé le fossé existant entre les anglophones, très majoritaires, de la région et les francophones, qui à l’époque ne maîtrisaient pas la langue de Shakespeare.
Elle a décidé d’offrir gratuitement en soirée, sans grande attente, des cours de français pour adultes. « J’ai été agréablement surprise, ça a été un grand succès », se souvient-elle.
Une résistante des premiers temps
Retraitée depuis 23 ans, elle a fait longtemps partie du conseil d’administration (CA) du Centre de santé communautaire du Grand Sudbury.
Un autre incident, comme elle l’appelle, l’a amenée sur le premier plan de la résistance franco-ontarienne : Une lettre du ministre de la Santé et des Soins de longue durée, ministre de l’Énergie et de l’Infrastructure et vice-premier ministre de l’Ontario, George Smitherman, envoyée au CA du centre, au sein duquel elle siégeait, et qui obligeait ce dernier à devenir bilingue sous peine de voir son financement coupé.
Elle s’est alors rendue accompagnée des membres du CA et de la députée néo-démocrate France Gélinas à Toronto, afin de rencontrer l’ex-ministre, mais celui-ci ne semblait pas réceptif, raconte-t-elle.
« J’étais tellement frustrée que, quand ça a été mon tour, j’ai tapé du poing sur la table et je lui ai dit qu’il ne comprenait pas la réalité des francophones du Nord », lance-t-elle. Elle a alors exprimé que le risque d’assimilation aurait été trop important si le centre devenait bilingue. Ce que le ministre a semblé avoir compris, car la demande avait été abandonnée.
C’est en raison de cet événement, entre autres, que Mme Paquette avait alors été décorée du prestigieux Ordre de la Pléiade en 2014 pour lequel l’avait nominée France Gélinas.
Celle qui est deux fois arrière-grand-mère est aussi connue pour aider des internautes sur le groupe Facebook Franco-Ontariens du Nord de l’Ontario dont elle est administratrice depuis 2015.
Depuis, c’est à au Club d’Âge d’Or d’Azilda ou encore à la Place des Arts qu’elle consacre son temps libre, où il est très possible de la voir assez souvent en train d’aider le personnel.
Le retour du banquet de la francophonie
Cette édition du banquet était très attendue, car pour la première fois depuis 2019, c’est en présentiel que s’est enfin rassemblée la communauté de la région au courant de ce qui est connu pour être le repas francophone le plus important de l’année dans le Nord.
Et, tradition oblige, cette année encore c’est au restaurant Au Pied du rocher du Collège Boréal que se sont retrouvés les membres de la société civiles et dignitaires. Parmi eux, d’anciens gagnants du Prix, le maire Paul Lefebvre, le chroniqueur Réjean Grenier, ou encore le président du conseil d’administration de l’Université de Sudbury, Pierre Riopel.
Après un coquetel et du réseautage en tout début de soirée, ce fut le moment de dévoiler officiellement le rapport sur le bilinguisme de la ville qui revient sur les 50 dernières années de politiques municipales en français dans la ville, et le constat est sévère : il y a un véritable recul pour la langue de Molière au sein de la municipalité.
Le chercheur Serge Dupuis, de l’Université Laval à Québec, a fait le déplacement pour présenter les conclusions de son rapport, lequel suggère sept pistes d’amélioration à la ville et sera présenté au conseil municipal le lendemain matin à la Place Davies.
Le recteur et vice-chancelier Serge Miville a fait une allocution dans laquelle il a tenu à rappeler la résilience dont on toujours fait preuve, selon lui, les Franco-Ontariens de Sudbury en citant notamment le dossier de l’Université de Sudbury qui a essuyé un revers en juin dernier.