Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs. Crédit image: Stéphane Bédard

Après plusieurs mois d’incertitude, le chef progressiste-conservateur Blaine Higgs a fait savoir son intention de se représenter à la tête de la province officiellement bilingue.

Dans un message publié sur Twitter vendredi matin, l’actuel premier ministre du Nouveau-Brunswick a confirmé le tout, car « cette question a gagné en pertinence au vu des dissensions internes que notre gouvernement a connues au cours des six derniers mois ».

« Encouragé par de nombreux collègues et personnes de l’ensemble de la province, je confirme mon intention de rester à la tête du parti et de me porter candidat aux prochaines élections provinciales », a-t-il écrit.

Dans les derniers mois, un processus de révision de son leadership par des membres de son parti avait été amorcé, mais avait échoué en raison d’un nombre insuffisant de contestataires.

« Je suis conscient que toute la population du Nouveau-Brunswick attend, à juste titre, du gouvernement qu’il parle à l’unisson et canalise ses efforts en vue obtenir de meilleurs résultats pour la province », écrit-il.

À l’heure actuelle, le taux d’approbation de Blaine Higgs est de 30 % selon un récent sondage d’Angus Reid. La prochaine élection est prévue pour octobre 2024.

Une relation difficile avec les Acadiens

Les deux dernières années ont aussi donné lieu à des relations difficiles entre Blaine Higgs et les Acadiens, qui n’ont notamment pas accepté la tentative échouée d’abolir le programme d’immersion en français. La communauté francophone n’a pas non plus apprécié le processus de révision de la Loi sur les langues officielles, qui n’a abouti qu’à une seule modification, malgré que deux commissaires indépendants aient recommandé plus d’une dizaine de changements.

« Il a eu un impact néfaste », n’hésite pas à commenter le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Alexandre Cédric Doucet. « Il a ouvert des débats entre les deux communautés linguistiques qu’on n’avait pas vus depuis nombre d’années. Il y a des tensions inutiles et il essaie de diviser pour mieux régner dans la province. »

Il y a aussi eu la venue de Kris Austin au sein du parti, puis sa nomination comme ministre de la Sécurité publique et sur un comité interministériel des Langues officielles. Kris Austin est l’ancien chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick. Lorsqu’il était son dirigeant, son parti a adopté plusieurs positions hostiles au bilinguisme dans la seule province officiellement bilingue du pays. Par exemple : la fin de la séparation du réseau de santé anglophone et francophone, éliminer le Commissariat aux langues officielles, réduire les exigences linguistiques dans la fonction publique, en plus de qualifier le bilinguisme officiel de « gaspillage de fonds publics ».

À l’heure actuelle, il y a deux Acadiens au sein du conseil des ministres et trois comme députés, le représentant de la circonscription de Moncton-Est Daniel Allain ayant été exclu du conseil exécutif en juin dernier. Aucune circonscription dite acadienne ou avec une majorité francophone n’est détenue par les troupes de Blaine Higgs. Elles sont toutes entre les mains des libéraux ou du Parti vert.

Durant la révision au leadership de M. Higgs, la SANB et plus d’une cinquantaine d’organismes francophones avaient ouvertement demandé aux membres du parti de se séparer de ce dernier.

« Je lui souhaite bonne chance d’avoir de l’appui au niveau de la communauté francophone et acadienne, car ce que je ressens sur le terrain, c’est que le monde en a ras le bol de son arrogance », rapporte en entrevue le président de l’organisme acadien.

Le président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet. Gracieuseté : SANB

Une politique controversée

Blaine Higgs s’est aussi retrouvé sous les feux de la rampe dans les derniers mois avec notamment les modifications apportées à la politique 713. La province l’a modifiée pour obliger les élèves non-binaires et transgenres en bas de 16 ans, qui veulent utiliser leur pronom ou leur prénom de choix à l’école, plutôt que celui attribué à la naissance, d’obtenir le consentement de leurs parents en toute situation. La politique 713 est actuellement contestée devant les tribunaux, notamment par l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC).

Plusieurs ministres et députés de son parti avaient ouvertement dénoncé les changements apportés à cette politique. C’est suite à cette contestation publique que l’un des seuls ministres acadiens, Daniel Allain, avait perdu son poste au conseil exécutif.