Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Archives ONFR
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Archives ONFR

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge estime que la multiplication des divers programmes chez Immigration Canada en vient à nuire à la rétention des immigrants francophones au pays.

Ce dernier commentait un récent rapport du Conference Board du Canada qui conclut que le Canada perd 35 % de ses immigrants francophones à long terme, particulièrement en Ontario et au Québec.

S’il convient que la rétention des immigrants soit multifactorielle, notamment l’emploi, le logement et la langue, Raymond Théberge estime qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) « doit faire un meilleur travail lorsqu’on parle de lentille francophone au niveau de leurs politiques. ».

« Quand on parle d’immigration, il y a tout le continuum, de la sélection à l’établissement jusqu’à l’intégration dans les communautés (francophones) et je ne suis pas convaincu qu’on a mis en place tous les moyens nécessaires pour retenir les nouveaux arrivants », a-t-il affirmé aux sénateurs du Comité des langues officielles lundi soir dans le cadre d’une comparution.

Raymond Théberge considère toutefois que le ministère fédéral se complique la tâche à force d’ajouter une composante francophone à chacune de ses catégories d’immigration.

« Il y a tellement de choses qui se passent en même temps dans le monde de l’immigration : les étudiants internationaux, les cibles, les travailleurs temporaires, etc. On ne sait pas sur quel pied danser », observe le commissaire aux langues officielles.

Actuellement, soutient-il, « il y a tellement de choses qui se passent à IRCC que ça mène à un peu d’ambiguïté et d’incertitude ». 

« On ajoute un critère francophone au programme des étudiants internationaux, des travailleurs temporaires, des résidents permanents, des immigrants économiques, énumère-t-il. Mais à mon avis, ça serait beaucoup plus utile si on avait une voie francophone, car ils (francophones) ne viennent même pas des mêmes pays (que les anglophones). »

Raymond Théberge soutient qu’il y a déjà une « expertise francophone » qui existe chez le ministère fédéral et qu’une telle façon de faire pourrait améliorer l’intégration des nouveaux arrivants francophones.

« Ça permettrait de mettre en place toutes les structures nécessaires pour accompagner ces gens-là », plaide-t-il.

Cette idée d’avoir un seul programme dédié entièrement à l’immigration francophone est une suggestion de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

« Ce sont des mesures qui sont faites par et pour les francophones. Ça prend vraiment une lentille francophone à l’ensemble des initiatives pour y arriver » plaidait en entrevue avec ONFR, sa présidente Liane Roy.

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé une augmentation de sa cible en immigration francophone pour les trois prochaines années. Dans les derniers mois, le fédéral avait annoncé un nouveau projet pilote pour les étudiants dans les établissements francophones hors du Québec, notamment en les exemptant de son plafond des étudiants étrangers. 

Ottawa avait aussi annoncé l’ajout de nouvelles communautés francophones accueillantes sélectionnées au pays pour accueillir de nouveaux arrivants francophones. Quelques mois auparavant, le fédéral avait dévoilé un nouveau projet pilote visant à offrir une voie d’accès à la résidence permanente pour des travailleurs francophones qui s’établissent dans des communautés francophones hors Québec.